Une (nouvelle) élue d’extrême droite au conseil communal de Saint-Gilles

RésistanceS |Observatoire belge de l’extrême droite  | Lundi 5 juillet 2021  | 18 : 15

À l’extrême droite, la conseillère communale de Saint-Gilles et dirigeante du cercle Pol Vandromme, avec des dirigeants-fondateurs du Parti national européen (PNE), une micro-formation d’extrême droite © Archives RésistanceS-RIDAF.



 

CORDON SANITAIRE | De 1994 à 2000, dans la commune bruxelloise de Saint-Gilles, le Front national belge avait deux conseillers communaux. Élue du MR en octobre 2018, Victoria de Vigneral est candidate des Listes Destexhe quelques mois plus tard. À la fin juin dernier, elle figure sur une liste du Rassemblement National, le parti d’extrême droite de Marine Le Pen. Les conseillers des partis démocratiques vont-ils désormais devoir appliquer le cordon sanitaire comme de 1994 à 2000 dans la commune de Charles Picqué ?| RÉSISTANCES Y SERA COMME OBSERVATEUR

 

L’extrême droite belge francophone officielle n’est plus que représentée par un seul élu, le conseiller communal Salvatore Nicotra, à Fleurus, une commune wallonne près de Charleroi. Nicotra est aussi le président-fondateur du parti politique AGIR, le nouveau nom depuis 2017 du Front national belge (FN belge). D’origine italo-bruxelloise, le même Nicotra, alors tête de liste frontiste dans la commune bruxelloise de Saint-Gilles, avait été élu pour la première fois en octobre 1994 aux élections communales. Lors des communales suivantes, en octobre 2000, le parti d’extrême droite ramasse une terrible déroute, comme partout à Bruxelles et en Wallonie. Salvatore Nicotra s’installe à Fleurus. 

 

L’EXTRÊME DROITE REVIENT CHEZ PICQUÉ

Depuis 2000 à Saint-Gilles, l’extrême droite n’est plus présente au conseil de cette commune bruxelloise dirigée, depuis près de quarante ans, par Charles Picqué, le socialiste le plus populaire de la capitale.

 

Tout va se changer au mois de juin dernier. Une des conseillères communales saint-gilloises est officiellement passée dans les rangs de l’extrême droite, comme candidate du Rassemblement national (RN), le nouveau nom du Front National (FN), le parti présidé par Marine Le Pen. Le nom de cette transfuge est Victoria de Vigneral, une travailleuse immigrée de nationalité française installé en Belgique, par regroupement familial.

 


Affiche pour les élections de 2019 © Archives RésistanceS
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DU MR LIBÉRAL AUX LIDÉM NATIONAUX-CONSERVATEURS

C’est comme candidate élue du Mouvement réformateur (MR), la formation libérale, qu’elle débarque en octobre 2018 au Conseil communal de Saint-Gilles. Mais de Vigneral n’est pas qu’une nomade géographique. Elle est aussi une nomade électorale. Quelques mois plus tard, elle rejoint la dissidence national-conservatrice conduite par le docteur en médecine Alain Destexhe, vieux parlementaire libéral (PRL, puis MR) depuis les années 1990. Candidate des Listes Destexhe (LD), comme tous les autres, elle subit un cuisant échec. Mais rien n’arrête de Vigneral dans sa quête politique. Elle fait partie des dirigeant-fondateur des Libéraux démocrates (LiDém) qui reprennent la suite des LD. 

Membre du bureau politique des LiDém, elle fait partie en interne de son courant radical. Avec un certain Jérôme Munier, l’ex-chef des jeunes du Parti populaire (PP) de l’avocat d’affaires carolo-bruxellois Mischaël Modrikamen. Depuis juin dernier, ce Munier, avec d’autres ex-PP, a lancé un nouveau parti d’extrême droite, « Chez Nous ». Il a notamment des liens avec Gerolf Annemans, vieux parlementaire et chef historique du Vlaams Belang, rien de moins. À Saint-Gilles, de Vigneral siège sur les bancs de l'opposition à la majorité PS-Écolo.


La conseillère communale saint-gilloise a été membre du parti
des Libéraux Démocrates, avec un certains Jérôme Munier
© Archives RésistanceS-RIDAF.
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DES LIDÉM AU PARTI DE MARINE LE PEN

Sur son mur Facebook, elle informe régulièrement de ses activités politiques dans la commune de Charles Picqué. Toujours quasi sur les mêmes thèmes : l’immigration, l’insécurité, la police, les gauchistes… Rien de plus normal, elle fait aussi de la propagande pour le compte du Cercle Pol Vandromme, un club sélect rassemblant à Bruxelles S avait révélé les liens de ce cercle avec l’extrême droite française.

La conseillère communale saint-gildes immigrés français, souvent liés aux mondes de la grosse finance. Dans une enquête sur celui-ci, le web-journal Résistanceloise de Vigneral est même une des piliers du Club Vandromme, dont les orateurs des conférences-débats proviennent tous de l’extrême droite française, d’Alain de Benoist, le « gourou de la Nouvelle Droite » conduite par le Groupement de recherche et d’études pour la Civilisation européenne (GRECE) à Robert Ménard, le maire Béziers  et « compagnon de route » du Front national. En septembre 2020, àl’occasion de celle de Jean-Yves Le Gallou, le président de l'Institut Iliade et ancien dirigeant du GRECE, Victoria de Vigneral y avait personnellement accueilli « chaleureusement » une délégation du Parti national européen (PNE), fondé par le courant thiriartiste (national-européen) du Mouvement Nation.

En dépouillant la liste fournie par le Ministère de l’Intérieur français, en Vendée, des candidats du Rassemblement (Front) national de Marine Le Pen aux élections régionales et départementales des 20 et 27 juin, le journal RésistanceS y a découvert son nom.


Cette conseillère communale est aussi la dirigeante du Cercle Pol Vandromme, depuis plusieurs années. Ce qui ne semble pas poser un souci à ses collègues du Conseil communal de Saint-Gilles. Qui en général, la trouve « sympa » © Archives RésistanceS-RIDAF


CORDON SANITAIRE ET OBSERVATION DE RÉSISTANCES

Elle n’a pas été la seule de Belgique a figurer sur une liste « rassembliste » (frontiste). Comme l’a déjà révélé, il y a quelques jours, RésistanceS sur son réseau social, Francis Dossogne, l’ex-chef du Front de la jeunesse (FJ), puis du Parti des forces nouvelles (PFN), deux groupuscules néofascistes des années 1970-1990 actifs à Bruxelles et en Wallonie, figurait lui aussi sur une liste électorale du RN mariniste.

Ce dimanche par téléphone et sms, le journal RésistanceS a pris contact avec Victoria de Vigneral. Ne répondant pas à nos appels, nous lui avons laissé un message. À l’heure de la finition de cet article, elle nous a toujours pas rappelé. Comme Charles Picqué, le bourgmestre de Saint-Gilles, contacté également pour qu’il nous donne son point de vue sur l’officialisation de l’appartenance - d’une manière ou d’une autre - de la conseillère communale saint-gilloise au parti de Marine Le Pen. Parce que ce transfuge du MR au RN change désormais la donne au conseil communal de Saint-Gilles. Dans cette commune bruxelloise, comme à Fleurus, l’extrême droite y est maintenant également représentée.

À chaque séance mensuelle de son conseil communal, un observateur de RésistanceS y sera aussi. Pour constater si les élus des partis démocratiques y appliqueront un strict cordon sanitaire à l’égard de la nouvelle représente de Marine Le Pen. Jusqu’alors, des conseillers socialistes, écologistes ou libéraux la trouvaient, « même si elle est droite, sympa et rigolote ». Comme nous l’a relaté l’un de ceux-ci. Pourtant certains d’entre eux savaient déjà qu’elle était une des dirigeantes du Cercle Pol Vandromme, suite aux révélations du journal RésistanceS sur lui. En toute logiquement démocratique, il faudra cesser de rigoler et d’échanger des formules de politesse avec elle, à nouvel ordre (nouveau !)

 

ALEXANDRE VICK

RésistanceS |Observatoire belge de l’extrême droite  




Du MR libéral, en passant par les Listes Destexhe et le parti des Libéraux démocrates (LiDém), de VIgneral s’affiche aussi chez Marine Le Pen © Archives RésistanceS-RIDAF


+ D’INFOS
Vous souhaitez encore d’autres informations sur cette conseillère communale passée des rangs du MR au parti de Marine Le Pen, le Rassemblement  National (RN). Lisez alors les articles suivants du journal RésistanceS : 

 

 

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