Trois dirigeants des Libéraux démocrates rejoignent l'extrême droite

RésistanceS | Observatoire belge de l'extrême droite| Mardi 25 février 2020| 16 : 07


Photo diffusée dans le communiqué officiel du Parti national européen (PNE) pour 
annoncer le ralliement de l'Alliance pour la Wallonie (APW), un groupuscule fantomatique
provenant des LiDém © DR – Réseau social

NOUVELLES DU FRONT | Leur méga-échec respectif aux élections du 26 mai dernier (zéro élu) a obligé l'extrême droite et la droite national-libérale belges francophones de se recomposer. Avec de nombreux abandons, des scissions diverses et des ralliements éphémères. Sur ce terrain-là, le PNE tente de former un « cartel patriotique » avec quelques groupuscules survivants. Dernière arrivée dans ses rangs, la secrétaire générale pour la Wallonie des Libéraux Démocrates. Pour combien de temps ?Les aller/retour y sont en effet nombreux au Parti national | RADIOSCOPIE 

Le Parti national européen (PNE) vient d'annonce ce lundi soir le ralliement de l'Alliance pour la Wallonie (APW). Le PNE précise : « C’est jeudi 20 février que s’est déroulée, sur les hauteurs liégeoises, une réunion entre l’Alliance Pour la Wallonie et le Parti National Européen. Un accord de coopération sur les provinces du Hainaut et de Liège a été pris ». Les deux formations, dont les convergences seraient nombreuses, « souhaitent travailler ensemble pour un projet politique sérieux et complet », conclut le communiqué du PNE.

Une « alliance » inconnue
Le PNE a été fondé en décembre dernier par des dirigeants du Mouvement Nation (extrême droite de tendance « national-solidariste ») qui venaient de faire scission. Voulant sortir du « folklore » dans lequel s'était ancré Nation, ce nouveau petit parti implanté dans la région de Charleroi se revendique du belge Jean Thiriart, le père-fondateur du communautarisme national-européen et de l'organisation Jeune Europe.

Pour sa part, l'APW, jusqu'alors inconnue de la scène politique, rassemble aux moins trois membres qui viennent de quitter la direction des Libéraux Démocrates (LiDém), lui-même issu après les élections du 26 mai dernier des Listes Destexhe. L'APW aurait été mis en place, tout récemment, dans le seul but de « rejoindre en groupe » le PNE et de gonfler les ralliements à son projet d'« union de la droite ». Force est en effet de constater qu'avant la diffusion du communiqué du Parti national, cette alliance était fantomatique. Officiellement elle est conduite par Audrey Soumagne, Georges Cambron et Philippe Lambert. Anciens candidats malheureux des Listes Destexhe au méga-scrutin du 26 mai 2019, ils figuraient toujours ce mardi matin au tableau des membres de l'équipe de direction des LiDem, respectivement comme secrétaire générale pour la Wallonie, responsable pour le Hainaut et dirigeant de la section liégeoise du micro-parti libéral populiste présidé par l'ancien journaliste-espion et expert en contre-terrorisme Claude Moniquet.

Depuis ce lundi, trois des huit membres de l'équipe dirigeante des Libéraux démocrates ont fait officiellement défection pour rejoindre les maigres rangs du Parti national européen (PNE).


Cartel patriotique au congrès du PNE
Cette nouvelle adhésion à son projet d'unité, annoncé avec fierté par le PNE, pourrait cacher une autre réalité : la désertion de ses rangs de ceux qui l'avaient déjà rejoint lors de son congrès de fondation officielle qui s'était déroulé, le samedi 25 janvier, dans les locaux de son siège national à Gilly, par ailleurs ex-quartier général du Mouvement Nation et encore avant de l'un des FN belges. Le congrès du PNE fut émaillé de violences entre ses gros-bras (notamment Lucas H. et Pascal C., deux ex-membres de Nation condamnés pour la ratonnade d'un SDF polonais en 2014) et des syndicalistes antifascistes venus sur place pour tenter d'empêcher la tenue de ce rassemblement d'extrême droite. Les militants syndicaux seront pour finir repoussés, à coups de matraques et de jets de gaz lacrymogène, par la police, sous les ordres du bourgmestre socialiste de Charleroi. 

Protégée par la police, la petite quarantaine de congressistes a pu alors entendre les discours des dirigeants du Parti national, puis ensuite ceux de ses partenaires réunis dans un « cartel patriotique » en vue des prochaines élections. S'y sont exprimés tour à tour à sa tribune : les porte-paroles du parti Identitaire Démocrate (ID) et de la Droite conservatrice (DC), deux groupuscules formés par des ex-cadres du Parti populaire (PP), après son auto-dissolution après le naufrage du 26 mai, du Collectif identitaire liégeois, un autre micro-groupe rassemblant la quasi totalité de la section de la Cité ardente du Mouvement Nation.

Le PNE une coquille vide ?
Quelques jours après son congrès, le vendredi 31 janvier, le PNE a encore annoncé un nouveau ralliement à son cartel, après une « réunion de franche camaraderie ». Il s'agit de l'adhésion du Rassemblement wanzois (RW). Le président de celui-ci est Andrien Bajoux, un jeune militant de 20 ans aux allures sarkozystes qui dirigeait jusqu'alors les jeunes libéraux du MR de la Vallée mosane (Province de Liège), avant de passer au Parti populaire pour en prendre la tête de sa liste de Huy-Waremme aux élections régionales du 26 mai. Sans succès (879 voix). Comme tous les autres candidats du PP, mais également des Listes Destexhe, de Nation, d'AGIR...

Avec l'adhésion du parti ID, de la DC, du Collectif identitaire, du RW et maintenant de l'Alliance pour la Wallonie conduite par l'ex-secrétaire générale wallonne des LiDém, le PNE arrive-t-il a rassembler la « droite de la droite » autour de lui ? Est-il à deux doigts de pouvoir unifier les derniers militants de l'extrême droite et de la droite radicale national-libérale populiste belges francophones ? La réalité du terrain serait tout autre. Depuis l'annonce de ces ralliements au « cartel patriotique » autour du Parti national, les groupes qui le composent n'en font plus aujourd'hui mention. Le château bâtit par le PNE s'arc-boute apparemment sur des cartes bien fragiles. Ce qui reste une des premières caractéristiques endogènes de la droite extrême de chez nous.Si la demande électorale existe toujours, l'offre de l'extrême droite reste cependant une coquille vide.


SIMON HARYS
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