Le bric-à-brac très à droite des Listes Destexhe

RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite  Samedi 13 avril 2019  | 18:16


EXCLUSIF (VOLET 3)   Il y a quinze jours, « RésistanceS » diffusait le premier volet de son enquête d'investigation sur le nouveau parti en devenir conduit par l'ex-parlementaire libéral Alain Destexhe. Parmi les ralliés : un ancien candidat haut placé du Front national. Mais il n'était pas le seul, malgré le nettoyage interne effectué et les négations émises par des responsables des Listes Destexhe. Des « migrants » venant de la droite pure et dure y figurent toujours. Chez l'ex-bleu MR, il y a maintenant des pro-sionistes, mais également un catholique traditionaliste, toujours en croisade contre la franc-maçonnerie et l'« Internationale juive ». Ambiance électrique en interne ?  | VOICI LA SUITE DE L'ENQUÊTE DE « RÉSISTANCES ». 

Manifestation à Liège, en novembre 2011, de l'extrême droite radicale.
Parmi les manifestants se trouve un futur candidat des Listes Destexhe © Photo Bruno Devoghel.
























« Je me demande bien où il va bien pouvoir recruter…..Ce crabe »,« Il recycle les idées [de l'extrême droite], c'est voyant », « Je ne supporte pas l'extrême gauche, mais PP, La Droite et Listes Destexhe, c'est chou vert et vert chou », « Il ne suffit pas de virer un frontiste pour se dédouaner : la ligne du parti Destexhe est on ne peut plus claire (bientôt rejointe par Lucas Ducarme?), ou d'autres au MR qui s'organisent pour maintenir une ligne politique bien à droite de la droite » ou encore « Je suis aussi allergique à l'extrême gauche qu'à l'extrême droite. Les Listes Desthexe le sont car elle attire sans aucun doute des gens qui portent cette idéologie. Le nier c'est juste drôle », sont les quelques extraits de commentaires postés par des membres du journal et du groupe de « RésistanceS » sur le réseau social Facebook. Ils font suite à la publication, le 29 mars dernier, du premier volet de l'enquête d'investigation journalistique du web-journal « RésistanceS » sur les « Listes Destexhe ».

Le lendemain, dans les colonnes du grand quotidien « La Libre Belgique », l'ex-comparse MR de près de 25 ans d'Alain Destexhe, le ministre fédéral des Affaires étrangères, Didier Reynders, affirme à propos de son initiative de lancer un nouveau parti libéral : « Que les groupuscules s'orientent de plus en plus vers la droite ou vers l'extrême droite, c'est leur problème. Moi, je n'ai jamais gouverné avec les extrêmes ». Et flan. 

La motivation : être clean (en apparence)
Les révélations faites par « RésistanceS » sur la formation politique en construction autour d'Alain Destexhe n'ont pas plu à ses responsables. Fallait-il s'en douter ? Officiellement, la présence sur celles-ci est interdite aux anciens affiliés des « 
chapelles d'extrême droite », comme cela était précisé dans le premier volet de notre enquête. Seulement voilà, malgré que les ex-frontistes et autres de l'ultra droite francophone y étaient « no way », selon les mots exacts du secrétaire général du parti de Destexhe, « RésistanceS » avait repéré la présence d'un dénommé Daniel Simon, un ancien responsable du Front national belge dans la région liégeoise. Quelques jours après leurs publications, les infos exclusives seront reprises dans un article du quotidien « Le Soir ». Le ménage fut vite fait chez Destexhe. L'ex-candidat frontiste sera exclu manu militari.

Une obsession taraude Destexhe : présenter des listes les plus
cleanpossibles. Sans tâches noires. L'élu libéral de 1995 à 2014 veut bénéficier d'une belle façade de « centre-droit ». Dans le but de recruter des déçus de partis traditionnels. Qui pour l'instant n'arrivent que du MR (beaucoup) et de DéFI (peu). Le calcul est simple : si son rassemblement politique devient aussi un refuge d'ex-frontistes et d'autres fanas belges de Marine Le Pen, les modérés n'y viendront pas. Et le dissident du Mouvement réformateur se retrouvera en possession non pas d'un parti digne de ce nom mais d'un groupuscule, comme le prédit Reynders, son ex-compagnon de route chez les bleus.

C'est pour cette raison que la direction des Listes Destexhe est claire : « 
No comment » suite aux révélations faites sur les brebis galeuses localisées sur ses listes. « Que l'info sur nos coulisses soit diffusée ou non, la caravane passe », pourrait-on entendre dans la bouche des plus fanatiques partisans de l'ex-parlementaire MR. Où le culte de la personnalité rend certains incontestablement sourds, muets et malvoyants.


« Ils savaient qu'il venait du Front »
Pourtant l'appartenance idéologique de ces candidats sulfureux aimantés à Destexhe, pour beaucoup, est un secret de polichinelle dans la mouvance politique dans laquelle se situe désormais ce nouveau chef d'un parti. Par exemple, concernant l'ancien frontiste devenu responsable du Parti populaire (PP) à Esneux, il est évident que l'homme de confiance en charge de la province de Liège, André-Pierre Puget, devait être au courant de son pedigree. Pour rappel, ce Puget vient lui aussi du PP, comme Daniel Simon. L'homme de « confiance » du bruxellois Destexhe dans la région liégeoise
avait été élu aux précédentes régionales au Parlement wallon pour cette formation populiste, dont le nombre de sympathisants pour les idées lepénistes comportait déjà au moins trois chiffres.

Un membre actif de cette mouvance politique, souhaitant garder l'anonymat, a déclaré à « RésistanceS » : « 
Puget sait très bien qui est Daniel Simon et qu'il est un ancien du FN, d'abord parce que tous les responsables liégeois du PP le savent depuis toujours. Enfin parce que le bras droit de Puget chez Destexhe est Patrick Rousseau, également un ancien du PP qui m'avait personnellement dit il y a deux ans que Simon venait du Front ». Dont acte.

Pour faire bonne figure, après la révélation de nos infos, la direction des Listes Destexhe a mis dehors son candidat d'origine frontiste. Le nettoyage a-t-il néanmoins été fait de fond en comble ? Que nenni, comme l'on dit en Wallonie.



Le 29 mars dernier, un autre nom était également sorti du chapeau de Destexhe, que nous avions fouillé : Jérôme Munier. Encore un autre transfuge de la formation populiste de l'avocat d'affaires carolo-bruxellois Mischaël Modrikamen. Auparavant, ce Munier avait été encarté à la section du Mouvement réformateur de Woluwe-Saint-Lambert, une commune chic bruxelloise. Avant de rejoindre le MR, le jeune homme était également passé dans les maigres rangs des Libéraux démocrates (LiDé). Un beau nom de parti sur papier conduit, il y a plus de dix ans, par l'économiste flamand Rudy Aernoudt, dont la trace sera observée juste après, parmi les fondateurs du PP. Une enquête du journal RésistanceS (encore une) démontra néanmoins bien vite que là aussi d'anciennes petites gloires locales de la droite conservatrice proche de la mouvance lepéniste belge s'y recyclaient en toute impunité, comme si de rien n'était. 

Au Parti populaire, le bruxellois Jérôme Munier, aux allures de gendre idéal, va vite grimper les échelons, un à un, pour arriver à son sommet. Folie des grandeurs ou pas, il ambitionne de fonder un centre d'études – et évidemment d'en devenir le directeur - pour la formation de Modrikamen. Pour l'heure, il s'occupe pour ce dernier de ses relations internationales. 

Dans la mouvance anti-européenne
Pigeon voyage du Parti populaire, en novembre 2016, Jérôme Munier passe un week-end outre-Manche pour une réunion de l'ADDE. Ce sigle ne doit pas être confondu avec l'Association pour le droit des étrangers, une asbl belge qui existe depuis des décennies, mais est l'acronyme de l’Alliance pour la démocratie directe en Europe. Apparu en 2014, cette ADDE est un parti politique européen ... dont la mission est de lutter contre l'Union européenne. Ses partis-fondateurs sont membres du groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe au Parlement européen. N'ayant pas d'élu dans celui-ci, le PP joue néanmoins un rôle central dans le développement de l'ADDE, grâce notamment aux compétences de Modrikamen en droit financier. Outre son implication profonde dans la gestion de l'ADDE, comme chef de la branche jeunesse du PP, Jérôme Munier se rend également outre-Quiévrain. Comme « RésistanceS » le signalait déjà il y a quinze jours. L'émissaire international de la formation populiste belge se rend à Paris le 18 janvier 2017 pour y donner une conférence sur le thème « Un Bruxellois peut-il être eurosceptique ». Un exposé donné à l'occasion du « Forum FNJ ». Le FNJ ? Le Front national de la jeunesse, la branche jeune du FN français de Marine Le Pen.

Dans le cadre de ses relations européennes, Jérôme Munier a encore eu des contacts dans le nord de l'Europe. En août dernier, il exprimait ainsi « tout[son]soutien à[son] ami Jimmie Akesson, président des Suédois Démocrates et futur premier ministre[ce qui ne sera pas le cas] » et précisera, « Le mouvement est en marche ! ». Le populaire Munier ne donnera aucune indication sur la nature idéologique des Suédois démocrates. Àla lecture d'un nouvel ouvrage sur l'extrême droite européenne, on comprend pourquoi.

Les Sverigedemokraterna (SD) « ont longtemps fait figure de pestiférés, y compris parmi les partis populistes de droite ayant grandi plus vite qu’eux dans les pays scandinaves voisins. [...].Les SD, nés en 1988, plongent leurs racines dans l’extrême droite la plus dure. Lors de leur création sur les décombres du groupuscule ''Garder la Suède suédoise'' (BSS), ils ne comptent que quelques centaines de membres, nostalgiques de l’Allemagne nazie, adeptes de l’apartheid sud-africain et ennemis déclarés du communisme », rappelle Antoine Jacob, un journaliste indépendant couvrant les pays nordiques et auteur de l'ouvrage « Histoire du Prix Nobel », dans le chapitre consacré à la Suède du livre collectif « Les Nationalistes à l'assaut de l'Europe », édité à la fin du mois passé à Paris chez Démopolis, sous la direction du journaliste Dominique Vidal. Les origines doctrinales des SD n'ont jamais été remises en cause par ses dirigeants actuels. Dont le président est un des amis suédois revendiqué, il y a juste huit mois, par Jérôme Munier. Pour les élections du 26 mai prochain, il figure en septième position sur la liste de Destexhe déposée pour les élections régionales bruxelloises. Dès la mise sur orbite de la nouvelle formation par l'ex-député régional et sénateur MR, le même Munier avait été propulsé au poste de coordinateur de ses listes dans le Hainaut.


Document RIDAF-RésistanceS

Après les premiers informations de « RésistanceS » sur sa présence chez Destexhe, notamment de sa participation à une tentative de renversement de la présidence du Parti populaire, fomentée avec l'avocat belge de Marine Le Pen, il est resté en place. Pas de soucis pour Claude Moniquet, la tête de la liste pour le Parlement de la Région de Bruxelles-capitale et expert en contre-terrorisme ? Pas d'inquiétude non plus pour Betty Dan, l'ancienne directrice de radio Judaïca ? La caravane destexhienne passe. Sans encombres. Avec tous ses passagers.



D'autres purs et durs chez l'ex-MR
Il y a quinze jours, toutes les informations recueillies par « RésistanceS » n'ont pas été diffusées. D'autres transfuges ont encore été repérés sur ou dans la mouvance des listes électorales lancées par le libéral Alain Destexhe pour le méga-scrutin du 26 mai prochain. Des ralliés dont le curriculum vitae les situe dans la nébuleuse de la droite radicale de notre pays.

Ainsi dans l
a liste des candidats suppléants déposée dans le Brabant wallon pour les élections fédérales, en cinquième position, ont lit le nom d'un dénommé Sylvain Van Keirsbilck. Il s'agit officiellement d'un petit entrepreneur actif dans le Brabant wallon. Cela présente bien. Oui, mais, il s'agit d'un de ces autres personnages interlopes ayant rejoint Destexhe, Moniquet et autres Legros. En 2010, le Van Keirsbilck en question est un des premiers actifs du Parti populaire. Responsable de sa section du Brabant wallon, c'est lui qui commande Laurent Louis, son futur premier député fédéral qui se lancera ensuite dans une dérive antisémite, après avoir été exclu des rangs populistes. Van Keirsbilck fait lui aussi par la suite dissidence, comme beaucoup de premiers adhérents de la formation de l'avocat carolo-bruxellois Mischaël Modrikamen. Après son départ du PP, Sylvain Van Keirsbilck cofonde une Union pour le Progrès et la Liberté (UPL). Quel était l'objectif exact de cette formation au nom si ronflant ? Aldo-Michel Mungo, un ancien de la direction du PP et autre membre-fondateur de l'UPL, aujourd'hui président du parti La Droite, à sa réponse. Ecoutons-le :


« En février 2011, Sylvain Van Keirsbilck, mandaté par une dizaine de responsables locaux du Parti populaire, me contacte. A la suite de l’exclusion de l'économiste flamand Rudy Arnoult par le président du PP, Mischaël Modrikamen, ils souhaitent le quitter à leur tour, mais sans adhérer au groupe de réflexion que nous avons fondé quelques mois auparavant sous le nom de La Droite. Nous convenons de créer une structure provisoirement appelée ''Union pour le Progrès et la Liberté'' (UPL). Van Keirsbilck en prend la direction exécutive. Parmi les dissidents du PP se trouve avec lui, un certain Claude Houtevelt, un ancien du Mouvement des citoyens pour le changement (MCC) de Gérard Deprez, premier suppléant MR à Molenbeek, qu’on va retrouver en 2014 à la deuxième place de la liste régionale bruxelloise du PP. Aujourd’hui il est le troisième candidat effectif sur la liste Vlaams Belang à l’élection de la Chambre à Bruxelles.

Après quelques mois de palabres et discussions stériles sans suites concrètes, mes amis et moi nous nous distançons de l’UPL. Van Keirsbilck nous annonce qu’il va procéder à l’élection d’un président et qu’il va proposer un certain Daniel Huygens que personne n’avait encore vu à aucune réunion. Renseignements pris, nous découvrons qu’il s’agit d’un ancien député wallon du Front national de Daniel Féret. Immédiatement nous dénonçons publiquement les faits par communiqué de presse et quittons l’UPL. L’élection se fera donc sans nous. Depuis lors je n’ai plus jamais rencontré Sylvain Van Keirsbilck jusqu’à cette fameuse conférence de Theo Francken le 8 décembre dernier, tenue dans un hôtel chic de l'avenue Louise, et organisé par le Cercle Pol Vandromme. C'est à l'issue de cette causerie que s’enclenche une discussion avec Alain Destexhe pour une ''union des droites''. Projet avorté depuis, comme on le sait ».

Après le naufrage de l'UPL, Sylvain Van Keirsbilck, pas fatigué pour un sou, jette les bases d'une association de fait en janvier 2012, Vox Populi Belgica(VPB). Protégée par la création d'une asbl (VPB Financial management association, en abrégé : VPB-FIMA), le but de VPB est de fonder à nouveau un parti. Et qui retrouve-t-on dans son sillage ? Un certain Jean de Marcken de Mercken (qui est décédé voici quelques semaines). Jeudi soir, contacté par « RésistanceS », Van Keirsbilck a confirmé cette information en mentionnant que ce personnage a été pour lui, nous le citons, « une bonne source de réflexion et d'inspiration. Respect ! ».

Mais qui était donc ce vieil aristocrate ? Jean de Marcken de Mercken fut une des vieilles gloires locales bruxelloises du CEPIC. Cette aile conservatrice de l'ex-Parti social chrétien (PSC) était alors alliée, dans les années septante, au mouvement Forces Nouvelles et au Front de la jeunesse, deux émanations directes de l'extrême droite radicale de cette époque. Tout au long de ses activités politiques, ce noble belge a toujours manifesté, le plus souvent de manière discrète, sans pour autant être secrète, sa sympathie pour les tendances musclées de la « droite nationale ». Comme le journal papier « RésistanceS » le rappelait en 1999, de Marcken était « 
un partisan d'un État fort » (par exemple celui mis en place au Chili en 1973, après un coup d'É
tat militaire contre le gouvernement démocratique de Salvador Allende). Quasi chaque année, il se rendait à Paris pour participer à la fête des « BBR » (Bleu Blanc Rouge), organisée par le Front national français. En 1996, Jean de Marcken de Mercken soutiendra en coulisse la création, par son « amie personnelle » Marguerite Bastien, du Front nouveau de Belgique (FNB), un FN bis. On observera encore, plus loin dans notre enquête, la trace de de Marcken auprès d'autres ralliés des Listes Destexhe.


Pro-sionistes radicaux

Les références internationales du candidat Sylvain Van Keirsbilck semblent pour leur part forts limitées. Il y a quelques jours sous les couleurs des Listes Destexhe, il se revendique sur son mur Facebook de Benjamin Netanyahu. Il y qualifie le premier ministre sortant israélien comme étant de « 
centre-droit libéral » (voir la capture d'écran de son mur Facebook).

Une véritable approche « révisionniste » en soi : peut-on encore considérer « Bibi » comme un centriste libéral après son alliance avec la pire extrême droite hébreu et les partis religieux les plus fondamentalistes d'Israël, comme cela est déterminé dans une interview exclusive du politologue israélien Denis Charbit qui sera publiée dans le n°1 du périodique « Le Journal – de résistance(s) », le hors-série papier du web-journal « RésistanceS » qui sortira en mai.


Une OPA d'un micro-parti anti-musulman ?
Last but not least, citons pour clore notre tour en revue des candidats sulfureux des Listes Destexhe ceux provenant du parti VLC. V pour valeurs, L pour libérales et C pour citoyennes. Cette minuscule formation politique wallonne d'ultra droite est fondée en 2013 par quelques dissidents du Parti populaire. Ils sont menés par un avocat hutois, Philippe Chansay Wilmotte. VLC a une obsession en particulier : ladite « islamisation » de l'Occident chrétien. C'est la raison qui le pousse à lier des liens solides avec une formation suisse d'ultra droite xénophobe et avec le Vlaams Belang. Il y a quatre ans, les restes du Parti pour la liberté, l’union et la solidarité (P+) fusionnent dans les Valeurs libérales citoyennes de Chansay Wilmotte. P+ était alors dirigé par un ancien cadre du FN belge devenu l'un des piliers centraux de campagnes politiques anti-musulmanes en Wallonie, comme l'avait détaillé l'hebdomadaire « Le Vif/L'Express ». Le micro-parti VLC a reçu également le soutien du bruxellois Jean de Marcken, déjà cité dans notre enquête pour son rôle antérieur de mentor pour Sylvain Van Keirsbilck, un des candidats brabançons d'Alain Destexhe pour rappel. Avec l'aristocrate bruxellois, il y a à VLC également un ancien du Front de la Jeunesse (FJ) 
, comme « RésistanceS » l'avait révélé en octobre dernier dans son dossier sur les élections communales. Cet ex-gros bras du FJ s'est retrouvé à la direction de VLC qui, depuis quelques semaines, chemine sur le même sentier tortueux qu'Alain Destexhe.

A la lecture des partis d'origines des candidats de Destexhe, dans la région liégeoise et verviétoise, ils sont nombreux à provenir de ce micro-parti anti-musulmans. Il semble donc évidemment qu'une OPA a été lancée par VLC sur les Listes Destexhe. Par exemple, la liste déposée à Verviers pour le Parlement wallon est conduite par Jean-Pierre Larose. En 2012, celui-ci est élu conseiller communal à Trooz pour le Parti populaire, puis le quitte dans la scission conduite par Philippe Chansay Wilmotte qui va donner naissance à VLC. 




C'est aussi le cas d'un certain Arnaud Palmaers. Ce jeune candidat suppléant figure en cinquième position sur la liste Destexhe à Verviers déposée pour le Parlement wallon. Au demeurant, pour les dirigeants du nouveau parti de Destexhe, il a un profil conforme à beaucoup d'autres transfuges. Palmaers est lui aussi passé par la « casse Parti populaire », comme sa tête de la liste vervétoise. Sa trace apparait ensuite tout naturellement aux VLC. Pourtant le « libéralisme » est un mal combattu par le courant religieux auquel Palmaers appartient depuis son plus jeunes âges.


Pour Dieu, contre les maçons et les juifs
Disciple du courant traditionaliste contre-révolutionnaire catholique, le jeune Arnaud Palmaers est une véritable grenouille de bénitier. Il y a cinq ans, après un chapelet à la Cathédrale Saint-Paul à Liège, il organise un « apéro patriote et chrétien ». En août 2015, ce jeune nouveau croisé de l'Occident chrétien annonce sur Facebook qu'il a « décidé de créer, à la rentrée de septembre, une association chrétienne et patriotique qui pourra devenir un mouvement politique selon son succès et la volonté de ses adhérents. Ses préoccupations principales seront la défense des principes naturels et chrétiens dans la société, la valorisation du patrimoine chrétien, la promotion d'une culture authentiquement chrétienne, la protection de la famille traditionnelle et de la liberté de donner à ses enfants une éducation saine ». ArnaudPalmaers affirme qu'il « garde des rapports cordiaux avec des personnes de bonne volonté (membres et responsables) dans certains partis et[...] reste partisan d'un rassemblement des citoyens patriotes pour contrer le délitement de notre société et l'immigration massive qui lui est imposée par ceux qui président à ses destinées ».

Arnaud Palmaers est un garçon hyperactif. Pour sauvegarder les valeurs occidentales, il agit sur tous les fronts (nationaux) du combat. Il est à Bruxelles pour manifester contre l'interruption volontaire de grossesse, à Liège pour s'opposer à des gauchistes... A cette dernière occasion, il se fait photographier avec des supporters de foot radicaux qui font le salut nazi (il s'agit de la photo publiée en ouverture de ce volet 3). Ce n'est pas un soucis pour Palmaers qui exprime un regard rigolard au moment des faits. 

Pour 
le courant politico-religieux auquel il appartient, la donne est simple : pour le salut de l'Humanité, il faut instaurer une Cité catholique qui permettra l'édification du Royaume de Dieu sur terre. Une théocratie pour remplacer la démocratie des hommes considérée comme infiltrée par les loges maçonniques. « Travail Famille Patrie », la devise pétainiste, reprise de nos jours par le parti catholique français d'extrême droite Civitas, pourrait être le slogan électoral du candidat Palmaers.

Photographie Réseau social.


Adeptes de Soral et de Dieudonné ?
Mais Arnaud Palmaers a fréquenté une nébuleuse plus radicale encore, comme le prouvent des photos de lui le montrant, il y a quelques années, lors d'une fête du Mouvement Nation, un autre micro-parti, dont la tendance est ici « national-solidariste ». Sur certaines de ces photos, on y voit l'actuel candidat d'Alain Destexhe en compagnie de « NS », c'est-à-dire de « nazi-skins » (un de celles-ci ci-dessus). 
En mai 2014, le même catho intégriste est présent à Bruxelles au dit « Premier congrès de la dissidence », organisé avec Laurent Louis, l'ex-parlementaire du Parti populaire devenu, après son exclusion, antisémite. Arnaud Palmaers circule dans cette faune pseudo dissidente en compagnie de militants belges du mouvementÉgalité & Réconciliation du « national-socialiste » revendiqué Alain Soral et de disciples du délinquant raciste Dieudonné en Belgique. Dont plusieurs tiennent des propos antisémites pour cibler une « Internationale juive qui complote contre l'Europe blanche » et portent pour d'autres sur leur t-shirt le slogan antisioniste « Boycott Israël ».

Sur Facebook, le candidat actuel de Destexhe cite sans aucune préoccupation particulière des extraits des écrits de José Antonio Primo de Rivera, le chef du fascisme espagnol avant et pendant la Guerre civile. Le même Palmaers avait également signé son soutien à un groupe sur le réseau social en l'honneur de Robert Brasillach, l'un des plus illustres collaborateurs français lors de l'Occupation allemande. Il a aussi pris position pour soutenir indirectement Robert Faurisson, la star incontesté des négateurs des crimes nazis. En 2010, le nom d'Arnaud Palmaers figure dans la liste des signataires d'une pétition pour l'abrogation de la loi antiraciste française et la libération de Vincent Reynouard, un des autres négationnistes célèbres. Certes, en bonne compagnie puisqu'on y lit les noms du belge Jean Bricmont, de Dieudonné M'bala M'bala, du futur maire de Béziers pro-frontiste Robert Ménard ou du négateur étatsuniens vivant en Belgique Carlos W. Porter.

En mai 2014, Arnaud Palmaers lors d'un congrès où
déambulaient les pires antisémites belges avec quelques
« indigènes du Royaume » de Belgique – Image Youtube.






















Le bric et le broc des chapelles de la droite radicale
A la lecture des trois volets de notre enquête sur le parti en constitution de l'ex-parlementaire libéral, le lecteur aura compris que dans ses premières troupes, ils circulent d'étranges gaillards. Dont les parcours politiques précédents sont contraires aux valeurs affichées officiellement maintenant par les Listes Destexhe. Ces dernières se proclament comme se situant au « centre-droit » de l'échiquier politique, pro-européennes, refusant les discours racistes et prônant un renforcement des libertés individuelles. Or, les candidats que nous avons épinglé proviennent pour un premier du Front national belge, pour un deuxième d'une mouvance anti-européenne où se croise entre autres le chef d'un parti suédois issu du nazisme, un troisième a été conseillé par un ancien cadre chrétien de l'ultra droite admirateur des régimes forts, plusieurs autres proviennent d'un micro-parti anti-musulmans radical, dont un est un activiste du courant national-catholique où les discours anti-maçonniques et ciblant les juifs sont légions, etc. Les positions de ces « destexhïens » sont parfois même antagonistes : l'un est un admirateur du chef de la droite israélienne ultra sioniste, un autre fréquentait une mouvance antisémite appelant au « boycott d'Israël ». Les incohérences internes inhérentes à la droite radicale.

Bien entendu, ces transfuges ne représentent pas l'ensemble des candidats des Listes Destexhe. En tous les cas, ce sont ceux qui ont un passé politique ... pour l'instant connu. En interne, nous en sommes convaincus, ces individus doivent dire tout haut ce que pensent tout bas beaucoup d'autres figurants des listes électorales d'Alain Destexhe. Comme pourrait le dévoiler un volet quatre de notre enquête.


MANUEL ABRAMOWICZ

RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite










© RésistanceS| Bruxelles | Samedi 13 avril 2019