Ces trolls d’extrême droite, nos « amis » peu dangereux

RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite  Bruxelles | Mercredi 22juillet 2020 | 16 : 23


GUIDE DE RÉSISTANCE À L'EXTRÊME DROITE – En tant que militant.e contre l’extrême droite, nous sommes tous, un jour ou l’autre sur Internet, confrontés aux interventions de ces fameux « trolls ». Si notre premier réflexe est peut-être de nous jeter tête baissée dans la bagarre, c’est une très mauvaise idée. Nous risquons de nous emballer, dans le feu de nos convictions, d’être repérés, victimes de notre candeur, de notre naïveté, de notre soif de justice. Voyons comment nous pouvons nous protéger, tout en exprimant nos convictions.


Celui qui lutte contre les monstres, doit veiller à ne pas le devenir lui-même.
(Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, 1886).

Une étude a évalué que les trolls ne représentent finalement que 6 % des internautes. Une infime minorité en somme. Faut-il pour autant les laisser agir en toute impunité ? 

Il existe plusieurs techniques pour réagir aux trolls. Dans cette notice, nous en citerons les principales, tout en sachant qu’à l’usage, l’utilisateur averti perdra de moins en moins de temps à leur répondre, ou à minima, pourra leur rabattre le caquet de manière efficace.


Que faire ?
La première est de se fixer des limites. Résister aux trolls est chronophage, c’est donc un élément d’importance. Passer la journée à s'y opposer est stérile et épuisant. Et surtout, inutile. En alimentant la conversation, vous ne ferez que nourrir la combattivité haineuse du troll.

Deuxième conseil : faites des phrases courtes, et restez calme.Quoi de plus frustrant pour un troll que de voir que sa provocation ne suscite que peu d’animosité ?

Faire mine de ne pas comprendreest aussi une tactique intéressante. Soit nous passerons pour un naïf imbécile, soit cela l’agacera.Rappeler le troll à l’ordre est un must absolu, lorsque vous lisez des commentaires racistes ou haineux. Lui rappeler calmement que ses propos sont passibles de poursuites, et qu’on est responsable devant la Justice de ce qu’on écrit sur les réseaux sociaux suffit bien souvent à modérer ses ardeurs. Du moins momentanément, ne soyons pas naïfs. 


À ne pas faire !
Passons aussi en revue les choses à ne pas faire. Tout d’abord : ne vous justifiez jamais. Vous défendre fait croire que vous seriez en faute. C’est faire de ce troll un interlocuteur valable, ce qu’il ne mérite aucunement. N’oubliez pas que le troll cherche avant tout à trouver la faille qui vous fera réagir. C’est même ce qui l’alimente. Ne lui offrez pas cette perche.

Ah oui, sachez aussi que les trolls (surtout ceux d’extrême droite) ne travaillent jamais seuls. Vous verrez ainsi que suite à une diffusion de message haineux, d’autres trolls surgissent par magie, relayant les propos du premier, et s’attaquant aux vôtres. Regardez leur profil : ils sont souvent cadenassés : pas de photo, des symboles comme la croix celtique, un chevalier, un blason. Vous pouvez ainsi être victime de ce qu’on appelle un « shitstorm » (un raid en ligne). Vous en avez certainement entendu parler dans les médias. Si ça peut paraître déstabilisant, ce n’est en fait qu’en effet tempête, qu’un internaute averti peut facilement désamorcer. En attendant, tout simplement, qu’elle se termine d’elle-même, l’absence de réaction étant tout ce qu’un troll déteste.

Sang-froid, détermination et humour : des outils imparables pour neutraliser ces pauvres 6%. Ne donnons pas à ces trolls plus d’importance qu’il le méritent. Et si rien ne fonctionne, un simple clic. Bloquez-les.




ANNE CREMER
RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite 


Vous souhaitez en savoir plus ?
Consultez l’ouvrage de Stéphanie de Vanssay « Manuel d’auto-défense contre le harcèlement en ligne #Dompterlestrolls ! aux éditions Dunod, 2019.

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