Les dissidents de Nation rejoints par l'ex-cheffe liégeoise de ce mouvement et d'anciens du PP

RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite Dimanche 22 décembre 2019
Réactualisation : 24 déc. 2019, 11h31


Photo de la réunion de ce samedi autour du Parti national européen. Photo DR.
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RECOMPOSITION – Depuis la mi-septembre, l'extrême droite belge francophone s'est lézardée à nouveau. Le Mouvement Nation est depuis déchiré en deux. Une nouvelle formation a été mise sur pied, le Parti national européen. Il vient de tenir une réunion avec des représentants du parti Identitaire & Démocrate, la Droite conservatrice et l'ancienne section liégeoise de Nation ÉTAT DES LIEUX 

Ce samedi soir, dans l'arrière salle d'un restaurant, une réunion s'est tenue entre le Parti national européen(PNE) et d'autres représentants de l'extrême droite belge francophone. L'objectif de cette rencontre était d'explorer les pistes possibles pour une future alliance politique. Fondé par la « Dissidents de Nation », le PNE y était représenté par son présidente et son secrétaire politique, Olivier Balfroid et Jean-Pierre Borbouse. De l'autre côté de la table, se trouvaient en premier lieu les représentants du parti Identitaire & Démocrate (ID), conduit notamment par Luc Lowie et Maxime Grégoire.


Logo du groupuscule
Identitaire & Démocrate,
désormais en négociation
avec le PNE.
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Identitaire & Démocrate

Le parti ID a été fondé en juin dernier, après l'auto-dissolution du Parti populaire (PP), par quelques ex-candidats et responsables de sections locales de cette formation fondée en 2009, par l'avocat d'affaires carolo-bruxellois Mischaël Modrikamen (aujourd'hui retiré de la politique). Accusant les échecs successifs du PP, ce groupuscule identitaire avait d'abord pris le nom de Rassemblement populaire (RP). Au début du mois d'août, il le changea pourIdentitaire & Démocrate.Il se décrit depuis, comme « unjeune parti identitaire francophone moderne, démocratique et tourné vers l’avenir ». Il affirme être implanté, avec cinq responsables-coordinateurs de section, à Bruxelles, Mons, Tournai-Ath-Mouscron, Namur et Luxembourg.


Récemment sa responsable bruxelloise, Noémie Quiddoes, était en contact sur Facebook avec Hervé Van Laethem, le président maintenu du Mouvement Nation. Avec qui, ID participa, le dimanche 20 octobre passé, à Bruxelles, à la « marche noire » contre la libération annoncée de Michel Lelièvre, l'un des complices de Marc Dutroux. Lors de celle-ci, la petite délégation d'ID rencontra également les dissidents de Nation, conduits lors de ce défilé par Balfroid et Borbouse. À la réunion avec ces deux dirigeants du Parti national, ce samedi 21 décembre, Luc Lowie et Maxime Grégoire d'ID y étaient accompagnés de Noémie Quiddoes.

Droite conservatrice
Outre, les représentants du PNE et ceux du micro-parti ID, il y avait d'autres participants encore à la réunion de ce samedi. C'est le cas de Jean-Claude Goblet qui y avait été amené par Jean-Pierre Borbouse. Depuis plusieurs années, ce petit chef d'entreprise wallon, et frère de l'ancien dirigeant de la FGTB, fréquente des groupuscules nationalistes actifs en Wallonie. En juin 2016, le web-journal de RésistanceS révélait la participation de Goblet à une réunion du FN belge« canal historique ». Il passa aussi par le PP et sa dissidence Valeurs libérales citoyennes (VLC), tout en fréquentant l'Alliance Identitaire Ardennaise (AIA). Il y a quelques jours, le même personnage loufoque a été nommé « consultant » de la Droite conservatrice. Cet autre parti fantomatique a été créé, il y a quelques semaines, par Valéria Appeltants, une ex-secrétaire parlementaire du PP. Fana de Theo Francken, elle tenta d'organiser une conférence avec l'ex-secrétaire d'État fédéral N-VA à Verviers en février de cette année. Depuis, elle affiche aussi son adoration pour le Vlaams Belang. Appeltants était, au début du mois, au meeting anversois de Matteo Salvini, organisé par le parti d'extrême droite flamand. Àla réunion de hier soir, entreJean-Claude Goblet et Olivier Malfroid, se trouvait également Leticia Knevels.

Affiche de la cheffe de Nation à Liège
pour les élections du 26 mai 2019.
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L'ex-cheffe liégeoise de Nation au PNE ?
La présence de Leticia Knevels relève d'une importance plus essentielle que celle de Goblet. Cheffe de la régionale liégeoise de Nation, dotée d'un charisme certain chez les militants nationalistes de base, elle avait réussi d'en faire, en quelques mois, la régionale la plus performante de ce mouvement. Voire même, la seule fonctionnant réellement. Mais le 6 décembre dernier, Leticia Knevels annonce sur Facebook qu'elle quitte Nation. Sans pour autant préciser si elle allait rejoindre une autre structure politique. Voilà qui semble avoir été fait ce samedi. Sur Liège, depuis son départ du Mouvement Nation, Leticia Knevels continue le combat politique sous le nom des « Identitaires de Liège ». Ce samedi soir, elle était à la réunion avec le Parti national européen et le parti Identité & Démocrate accompagnée ddeux autres anciennes « cadres » de Nation-Liège : Corinne Dupont et Sarah Dumalin. Jeune militante nationaliste identitaire très active dans la Cité ardente, cette dernière conduisait la liste de Nation aux élections fédérales en mai 2019.


La présence des ex-cheffes de la régionale de la Province de Liège de Nation à la réunion du PNE de ce samedi peut que représenter une mauvaise nouvelle de plus pour le mouvement d'extrême droite d'Hervé Van Laethem. Depuis la mi-septembre, il ne cesse d'enregistrer les défections. Cependant, connaissant les va-et-vient et les désunions, syndrome endogène de l'extrême droite, rien ne dit que la réunion entre le Parti national européen, Identité & Démocrate, Goblet (Droit conservatrice) et Knevels (ex-dirigeante de Nation) débouche sur la mise sur pied d'un cartel électoral à venir. Une évidence, chaque chef des « chapelles » réunies envisagerait déjà de devenir le calife à la place du calife. Le but du duo dirigeant du PNE reste en effet d'en faire le premier parti d'extrême droite en tête de peloton aux prochaines élections.

Alors, tous derrière le Parti national contre Nation ? À suivre, à la lecture des prochains articles et enquêtes du journal de RésistanceS.


MALIKA DE RYCK
RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite




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