Mauvais vendredi 13 pour Nation, ses dissidents lancent ce soir le Parti national européen

[RésistanceS – Vendredi 13 décembre 2019, 19 h 17]

À peine fondé, le nouveau parti vend déjà un t-shirt.
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RECOMPOSITION DE L'EXTRÊME DROITE FRANCOPHONE - Principal représentant de la droite radicale nationaliste depuis la disparition du FN belge, le Mouvement Nation est depuis trois mois coupé en deux. Après l'apparition d'une dissidence dans ses rangs. Ce vendredi soir, les dirigeants de la scission lancent officiellement une nouvelle formation politique, le PARTI NATIONAL EUROPÉEN (PNE). 

Le clan du Mouvement Nation qui a fait scission à la mi-septembre, suite à des crises internes à répétition, s'est d'abord regroupé sous le nom provisoire de La Dissidence de Nation (lire l'article de RésistanceS « Le Mouvement Nation touché par un schisme avant son congrès » : lien après cet article). Le clash inédit va couper, en deux parts égales, ce mouvement d'extrême droite qui tente de remplacer, sans succès, le Front national belge depuis sa disparition définitive il y a plus de deux ans. Le samedi 28 septembre, au même moment que se déroule son douzième congrès, ses dissidents tiennent une assemblée générale pour s'organiser définitivement en dehors de ses rangs. Un véritable pied de nez, l'AG dissidente se déroule dans les locaux officiels de Nation, situés dans la commune de Gilly, dans les environs de Charleroi, le fief électoral historique du frontisme. Le bâtiment qui abritait jusqu'alors le QG du Mouvement appartient à Jean-Claude Borbouse, un des frondeurs. Le 15 octobre, avec deux autres anciens dirigeants de Nation, Olivier Balfroid et Eddy De Smedt, il dépose au greffe de la division de Charleroi du Tribunal de l'entreprise du Hainaut, les statuts de création d'une nouvelle asbl, Nation Europe (NE). Les dissidents promettent de se présenter aux prochaines élections.

NOUVELLES DÉFECTIONS - Pendant ce temps, le Mouvement Nation fait tout pour empêcher que l’hémorragie se poursuit. Cet objectif est impossible à tenir. Le dimanche 20 octobre, La Dissidence de Nation participe, à Bruxelles, à la « marche noire » contre la libération annoncée de Michel Lelièvre, l'ancien complice de Marc Dutroux. Les scissionnistes prendront la tête de la manifestation, ce qui leur permettra d'être médiatisés, contrairement au groupe de Nation présent, mais bien moins nombreux et dynamique que leurs désormais pires ennemis.

Il y a tout juste une semaine, la dirigeante de la régionale de Liège, Leticia Knevels, annonce à son tour, en désaccord avec sa présidence, qu'elle quitte le Mouvement. Cette nouvelle défection est une perte sèche. Première porte-parole, désignée au congrès du 28 septembre, Knevels est alors toujours l'espoir de Nation pour présenter une image plus féminine et passe-partout. Voulant aussi faire d'elle, sa « Marine Le Pen belge ». Son départ est le dernier coup dur pour Hervé Van Laethem, le président contesté de toute part de Nation.

UN NOM DE DOMAINE POUR LE NOUVEAU PARTI - Le 9 novembre, le RIDAF (Réseau d'informations et de documentations antifascistes) avait constaté l'achat d'un nom de domaine Internet au nom d'un « Parti national européen ». La transaction a été effectuée le 13 octobre par une agence de communication située dans une commune bruxelloise. Sans plus de détails. Renseignement pris, ce nom a été réservé pour le compte des dissidents de Nation.

Ce vendredi 13 décembre, en début de soirée, sur Youtube, une vidéo de présentation du Parti National Européen (PNE) est mise en ligne. Présentant les qualités professionnelles d'un spot électoral, dans celle-ci apparait Olivier Balfroid. Il y est présenté comme le président de ce nouveau parti politique d'extrême droite. Pendant plus de cinq minutes, il va tenir un discours sous les allures d'un présentateur d'une émission de grand public, comme il avait l'habitude de le faire pour les vidéos de « Télé-Nation ».


Dans sa vidéo de propagande, le Parti national européen met ensuite en avant ses valeurs de combats pour l'écologie, la sécurité, l'Europe, la souveraineté nationale, le patriotisme, la royauté, l'unité belge, l'ordre... sans oublier, un immanquable de la droite radicale nationaliste, une revendication de « fermeté face à l'immigration ». Pour l'heure, à 19h17, la vidéo du PNE n'a été vu que par 53 personnes. Quant à son site Internet, il n'est toujours pas accessible, à l'exception, via un lien détourné, de sa page « boutique » qui permet déjà d'acheter un t-shirt, un badge et un drapeau au couleur du Parti national européen. Il n'empêche que l'annonce officielle de la création de cette « force nouvelle » devra accentuer les troubles internes au sein du Mouvement Nation. Le week-end qui débute sera certainement des plus mauvais pour ses derniers dirigeants, comme l'annonce souvent, selon les croyances populaires, les vendredi 13. Score actuel dans la guéguerre entre les dissidents fondateurs du PNE et Nation : 4/0. 


ALEXANDRE VICK
RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite





Avec l'étoile au cinq branches,
le logo du nouveau parti d'extrême
droite belge francophone.
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PROCHAINEMENT ...

Le Journal de RésistanceS reviendra dans les jours qui viennent avec une radioscopie complète du Parti national européen (PNE) où vous seront notamment présentés les parcours politiques de ses dirigeants et principaux cadres, ainsi que de son impact nocif sur les restes du Mouvement Nation. Il sera aussi proposé une infographie des structures de ce dernier, avant la scission de septembre et de ce qui en reste aujourd'hui.



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