L’Alternative Right, les fils à papa du nationalisme américain (USA Saison 2 Épisode 1)

RésistanceS Observatoire de l’extrême droite  | Mardi 11 mai 2021  |22 : 50

Militants de la Droite alternative américaine lors d’un de ses meetings dans un hôtel chic. Doc. Youtube






SÉRIE USA SAISON 2  ÉPISODE 1

Apparue au milieu des années 2000, l’« Alternative Right » (Alt-Right) n’adopte pas les structures d’un mouvement organisé. Il s’agit avant tout d’un concept s’intégrant dans une nouvelle mouvance politique qui souhaite devenir hégémonique au sein de l’extrême droite américaine. C’est la raison pour laquelle elle se présente comme étant la « Droite alternative » pour l’ensemble des composantes du nationalisme américain : des droites conservatrices en marge et dans le Parti républicain à la vieille extrême droite folklorique (qui sera le thème du premier épisode de la saison 3 de notre série USA).

 

RÉFÉRENCES NAZIES -La Droite alternative a été popularisée dans les médias juste après son soutien au candidat du Parti républicain pour l’élection présidentielle de 2016, l’homme d’affaires libéral Donald Trump. Au mois de novembre de cette année, dans la capitale des États-Unis, durant un meeting du National Policy Institute (NPI), la façade institutionnalisée de l’Alt-Right (voir prochainement l’épisode qui sera consacré à la NPI dans cette saison 2), son jeune dirigeant charismatique, Richard B. Spencer (39 ans), tient un discours musclé. Sa ligne politique est claire, sans détour. Pro-Trump, le mouvement est très ancré à droite. Dans la salle, il n’y a quasi que des hommes. Tous blancs, entre 20 et 50 ans, pas plus. Ils sont le renouveau du nationalisme américain. Sans tabou ni complexe, Spencer termine son intervention par un « Hail Trump ! Hail our people ! Hail victory !  ». Suivi de bras levés à la façon des nazis. Les images diffusées par les médias vont choquer une partie de l’opinion publique et marquer idéologiquement ensuite le début du mandat présidentiel de Donald Trump.

 

Sept mois après son arrivée à la Maison blanche, le spin doctord’extrême droite de Trump, Steve Bannon, rompt suite à des divergences stratégiques avec l’homme d’affaires new-yorkais devenu président. Richard B. Spencer, le NPI et la mouvance Alt-Right  suivront le mouvement de dissidence.

 

CAPITALISME RACISTE - Ce courant d’extrême droite se revendique du « nationalisme blanc ». Suprémaciste, il est aussi antiféministe, sexiste, homophobe, antisémite, rejette le multiculturalisme, l’immigration, l’intégration des étrangers… L’Alt-Right prône l’isolationnisme et le protectionnisme. En évoquant des thèses conspirationnistes et antisémites. 

 

Le logotype – avec ses couleurs jaune et noire - de l’Alternative Right fait référence à une alliance du libertarisme national, une doctrine politico-économique libérale qui prône la liberté absolue, avec le capitalisme national le plus injuste. Un système basé sur une structuration sociétaire composée d’une élite dominante et de masses exploitées. 

 

Pour diffuser son programme, la Droite alternative possède divers médias de niveau professionnel, dont son site plateforme qui porte le même nom.

 

INFLUENCE FRANÇAISE - L’Alternative Right s’inspire notamment des travaux de la « Nouvelle Droite » (ND). La ND apparaît en France à la fin des années 1960. Elle est incarnée par le Groupement de recherche et d’études pour la Civilisation européenne (GRECE). Ce think tank a été fondé par des anciens étudiants nationalistes de bonne famille ayant été formés par le théoricien français de la « guerre politique raciale » Dominique Venner (1935-2013). Le GRECE va penser et planifier une stratégie de prise du pouvoir. Son plan opérationnel d’ascension – tournant auteur du « combat culturel » et de la « métapolitique » - est mis en application à partir des rangs du Front national de Jean-Marie Le Pen et des courants conservateurs de partis de la droite classique, avec le soutien d’un grand quotidien, Le Figaro. Pour s’accaparer d’un « pouvoir hégémonique » qui permettra l’arrivée à la tête de l’État, il faut s’engager dans une « guerre culturelle ».


Comme Steve Bannon et d’autres fascistes américains, l’Alt-Rightadopte outre-Atlantique la stratégie de la ND française. Des articles et des interviews d’Alain de Benoist (âgé de 77 ans aujourd’hui), l’idéologue le plus connu du GRECE, sont traduits en anglais et diffusés sur le site internet de la Droite alternative. C’est également le cas d’un autre fondateur du think tank français, feu Guillaume Faye (1949-2019). 

 


Le leader emblématique de l’Alt-Right, Richard B. Spencer, lors de l’un de ses nombreux passages dans les médias américains.


DES SALONS HUPPÉS AUX MANIFS NÉONAZIES - Appliquant toujours sur le terrain le mode opératoire du GRECE, l’Alt-Right s’active dans ce cadre dans des salons huppés d’hôtels luxueux où elle fait du lobbying en direction des radicaux du Parti républicain, notamment durant le meeting annuel de la Conservative Political Action Conference (CPAC). La Droite alternative est encore dans cette optique en contact avec le Tea Partyet le groupe médiatique d’extrême droite Breibart News, dans lequel se trouvait alors Steve Bannon (des épisodes de cette saison leurs seront respectivement consacrés). 

 

Malgré son profil « bon chic bon genre », l’Alt-Right cultive toujours ses liens avec les plus illustres groupuscules néofascistes, néonazis ou néoklanistes, comme lors des étés 2017 et 2018, au rassemblant  « Unite the Right » qu’elle avait organisé à Charlottesville, une petite ville de moins de cinquante mille habitants de l'État de Virginie.

 

Cette nouvelle mouvance néodroitiste n’est pas une alternative. Il s’agit juste du remodelage, avec les mêmes composants, du vieux corpus raciste, nationaliste et violent de la vieille droite américaine la plus pure, la plus dure.

 



ANNE CREMER (avec M.AZ)

RésistanceS Observatoire belge de l’extrême droite 




LES ÉPISODES DE LA SAISON 2 DÉJÀ EN LIGNE

 

LA SAISON 1 DE NOTRE SÉRIE USA

Diffusée en mars 2021


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LA SAISON 3 DE NOTRE SÉRIE USA SERA DIFFUSÉE EN JUIN 2021 

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