Radioscopie du site Damoclès

RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite   | Bruxelles | Mardi 22 décembre 2020 | 14 : 49





MÉDIAS – Il proclame que « la droite de demain ne peut être constituée de tièdes qui ont peur de leur ombre. » Ce site est au service de la droite au sens large. Mais surtout de sa tendance pure et dure. Damoclès diffuse massivement les thèmes de prédilection de l’extrême droite.


Qu’est donc Damoclès, classé par Wikipédia dans la catégorie « association ou organisme politique d’extrême droite en France» ? Ce site a été cofondé par Samuel Lafont, en 2017, membre alors de l’équipe du candidat conservateur libéral François Fillon, le premier ministre sortant de Nicolas Sarkozy. Selon un article de
BuzzFeed.News qui lui est consacré, il s’agit d’un « catho tradi obsédé par les ''racailles’’ et les homos. ». Le site Damoclès revendique une audience de 620.000 membres. Son but est de « permettre aux Français de reprendre le pouvoir. En se faisant entendre des autres Français.» Quel pouvoir ? Et qui sont ces « autres Français » ?

 

CONTRE LES « JOURNALISTES PRO-IMMIGRATION » 

Le « pouvoir médiatique » est son grand ennemi. Décrit par Damoclès comme « abrutissant, et système totalement vicié», dans une interview publiée en janvier dernier dans « La Droite de demain ». Les médias, est-il précisé : « pour l’instant largement dominants, soutiennent les immigrationnistes, les lâches et le relativisme. » En 2020, Lafont lance une grande campagne nationale intitulée « STOP subvention médias »  parce que « les médias menteurs vous font la morale avec VOTRE argent. Ça suffit !». Elle exige la suppression des subventions aux médias. Cette campagne de Damoclès récolte en ligne 46 256 signatures. Pour soutenir cette initiative, une citation du polémiste d’ultra droite Éric Zemmour est mise en exergue : « les journalistes se prennent pour Dieu : ils estiment qu’en ne parlant pas d’un sujet, par pacifisme, la catastrophe n’arrivera pas. » 

 

Rien de particulier ici dans ce thème habituel d’une droite bien clivante, tentant d’occuper le pouvoir de la communication au moyen de médias dit de « réinformation», de monopolisation de la liberté d’expression, et de sa canalisation, pour empêcher tout débat démocratique. Voir outre-Atlantique : Fox News, Breitbart News… Plus récemment, en Belgique, de tels médias « alternatifs » sont également nés, certes à l’échelle nationale : BelgicaNewsB-Mag, Vlaams Belang TV ….

 

ENCORE AVEC ÉRIC ZEMMOUR 

En mai dernier, le site identitaire d’extrême droite Breizh-info consacre un article à Damoclès, dans lequel Samuel Lafont déclare qu’en octobre de cette année, « le buzz sur Twitter du hashtag #JeSoutiensZemmour, accompagné de la pétition pour la défense de la liberté d’expression, a été repris massivement par la presse, qui ne pouvait feindre d’ignorer la mobilisation (…) par rapport à la campagne de Damoclès. Les promoteurs de l’immigration et de la censure voulaient faire interdire Éric Zemmour d’antenne. Ils ont perdu. » On signalera au passage que si celui-ci n’est effectivement pas banni de certaines antennes, il a quand même fait l’objet de trois condamnations par la justice française pour propos racistes.

 

Un coup d’œil sur le site web de Damoclès, nous permet de retrouver les thématiques chères à l’extrême droite : dénonciation de la « racaille », « du journalisme pro-immigration », de la politique classique, climatoscepticisme, xénophobie… Sur Twitter, réseau social de microblogage des influenceurs, Damoclès se lâche encore et toujours sans aucun complexe. Racisme, hashtag #LaRacailleTue, encensement des figures emblématiques de l’extrême droite, et bien sûr, quelques moqueries sur la jeune militante écologiste Greta Thunberg.

 

À tel point qu’on est vraiment en droit de se demander comment les administrateurs des réseaux Facebook et Twitter ne les ont pas encore épinglés, quand on sait que d’autres « médias » d’extrême droite, comme celui de Schild & Vrienden, ont fait l’objet d’une interdiction pour infraction à la législation ou/et standards d’Internet. 

 

 

 

ANNE CREMER

RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite

 


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