Les « années noires » de la N-VA, le parti de l'historien Bart De Wever (7/9)

RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite | Mardi 20 août 2019



SÉRIE N-VA (épisode 7/9) - Avant et après sa création, des dirigeants de la N-VA ont fricoté avec l'extrême droite. Ils sont aussi liés au « milieu » des nostalgiques de l'« An 40 ». Comme l'ont notamment révélés deux petits journaux, Verzetet RésistanceS. Retour dans le passé politique de la formation nationaliste de Bart De Wever. Un Historien féru d'Histoire. Cela tombe bien, NOUS AUSSI !


Résumé - 
Dans l'épisode 4 de notre série sur la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA), nous sommes revenus sur nos révélations de 2014 qui dévoilaient l'appartenance, durant plus de dix ans, de Jan Jambon, ministre fédéral de l'Intérieur et de la Sécurité du gouvernement conduit par le libéral francophone Charles Michel (MR) d'octobre 2014 à décembre 2018, à la galaxie du Vlaams Blok (revoir ici). 

Notre épisode 6 a démontré l'existence au sein de la direction de la N-VA d'un noyau pur et dur constitué de dirigeants d'ultra-droite, autour du trio De Wever-Jambon-Francken (revoir ici). Revoyons tout cela dans le cadre d'un « fil noir » chronologique.

1994 - La trace politique de celui qui deviendra, en octobre 2014, le ministre fédéral de l'Intérieur et de la sécurité, Jan Jambon, se retrouve dans la liste des membres de la direction du Vlaams nationale Debatclub (VNDC), un cercle de réflexion idéologique et de rencontre agissant dans la mouvance du Vlaams Blok (VB). D'abord membre de la Volksunie (sur ce parti nationaliste flamand, ancêtre de la N-VA, revoir l'épisode 1 de notre série), Jambon passe ensuite au VB avant de participer à l'émergence de la N-VA.


Ce passé sera révélé en décembre 2014, par les journaux antifascistes Verzet et RésistanceS. En guise de protestation, il donnera lieu au départ des députés fédéraux membres de l'opposition démocratique de l'hémicycle parlementaire. La majorité MR, N-VA, Open VLD et CD&V y restera seule, avec les élus du Vlaams Belang. Le temps de la protestation symbolique.

1996 - Alors encore étudiant en Histoire, Bart De Wever rencontre Jean-Marie Le Pen, le président-fondateur du Front national français au cours d'une conférence du VNDC. L'information ne sortira qu'en 2007.

2001 - Représentant officiel de la direction du Vlaamse Volksbeweging (VVB, Mouvement populaire flamand), Jan Jambon s’exprime à la tribune de la commémoration annuelle du Sint-Maartensfonds (SMF), la principale amicale des anciens combattants flamands du Front de l’est, partis combattre l'Armée rouge soviétique sous l'uniforme vert-de-gris nazi durant la Guerre 39-45. Également présent, le ministre régional flamand de l'époque, Johan Sauwens de la Volksunie. Suite aux révélations faites dans la presse, ce dernier démissionnera de son poste.

2007 (mai) - Le jeune président de la N-VA, Bart De Wever, se rend aux obsèques de Karel Dillen. Président-fondateur du Vlaams Blok, ce dernier provient de l'extrême droite flamande « national-socialiste ». Dillen fut notamment le dirigeant-fondateur en 1962 de Were Di, un cercle de réflexion nationaliste nostalgique de l'Ordre Nouveau qui niait les crimes contre l'Humanité commis par les nazis et leurs complices européens. A l'enterrement du patriarche de la Flandre nationaliste, il y a également celui de la France fasciste, Jean-Marie Le Pen.



Bart De Wever en 1996 avec Jean-Marie
Le Pen, après la conférence du
président du FN français pour un
cercle d'extrême droite flamand.

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2007 (septembre) - Une photo de Bart De Wever en compagnie de Jean-Marie Le Pen, le patron du FN français, circule comme une révélation du possible passé lepéniste du patron de la N-VA. Cette photographie « historique » date de 1996. Elle a été prise après une conférence organisée à Anvers par le Vlaams nationale Debatclub.

2011 (mai) - Une cérémonie confidentielle a lieu, à Bruges, en l'honneur du souvenir de Joris van Severen, l'un des plus importants chefs de l'extrême droite flamande dans les années 1930. L'échevin du Tourisme de la ville, Jean-Marie Bogaert, y prend la parole. Il est membre de la N-VA.

2014 (octobre) - Le journal antifasciste Verzet, partenaire flamand de RésistanceS, révèle, trois jours après son entrée dans le gouvernement fédéral de Charles Michel (MR), comme secrétaire d'État à l'Asile et à la Migration, que Theo Francken a participé au nonantième anniversaire d'un certain Bob Maes. Il s'agit d'un des maillons historiques du mouvement nationaliste flamand, version pure et dure. Membre de la Jeunesse national-socialiste de Flandre et du Vlaams nationaal verbond (VNV), Maes est un des fondateurs de la milice Vlaamse militanten orde (VMO) et sera élu sénateur du courant d'extrême droite de la Volksunie (sur ce parti revoir l'épisode 1 de notre série sur la N-VA). Également présent à ce drink d'anniversaire, le ministre flamand de la Mobilité, Ben Weyts lui aussi encarté à la N-VA. L'opposition réclame leur démission. Ils resteront sans soucis à leur poste. Francken a le soutien et la confiance du libéral francophone Louis Michel (MR).

Theo Francken (N-VA), membres du gouvernement de Charles Michel (MR), lors de
la fête d'anniversaire d'un des anciens dirigeants du 
Vlaamse militanten orde (VMO).
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2014 (octobre – bis) - Le même mois, nouvelles révélations du journal RésistanceS. Un député-bourgmestre de la N-VA, Koen Degroote, participe a un colloque consacré à la mémoire de Joris Van Severen. Ce sont des nostalgiques de ce dirigeant historique de l'extrême droite en Flandre qui l'organisent. Comme régulièrement depuis plusieurs années. Dans les années 1930, Joris Van Severen avait fondé, puis dirigé à la manière d'un duce local le Verbond der dietsche nationaal-solidaristen (Verdinaso, en français : Union des nationaux-solidaristes thiois), un mouvement fasciste revendiquant la création d'un État indépendant et regroupant toutes les Flandres (sur le Verdinaso, lire le dossier de 2009 de RésistanceS).

2014 (décembre) - 
Verzet et RésistanceS révèlent que le vice-premier ministre et ministre de la Sécurité et de l'Intérieur du gouvernement fédéral, Jan Jambon, fut membre, de 1994 au début des années 2000, du Vlaams nationale debatclub (revoir 1994). Le N-VA nie, puis minimise les révélations sur son passé. Le quotidien La Libre Belgiquedu 4 décembre titre en couverture : « Extrême droite : Jan Jambon a menti ».

2017 (janvier) - Le site du parti belgicain Belgische unie – Union belge (BUB) informe de la présence, le mois d'avant, de Karlijn Deene, unejeune mandataire de la N-VA, à une cérémonie organisée par le Vriendenkring Sneyssensune, une amicale d'anciens combattants flamands qui durant l'Occupation portaient l'uniforme vert-de-gris de l'Allemagne nazie. Conseillère communale à Gand, elle est surtout l'une des collaboratrices directes de Geert Bourgeois, le ministre-président N-VA de la Région flamande. Rien de moins. Le maître de la cérémonie était un ancien milicien de la Ligue nationale flamande (VNV) et de la SS flamande (sur ces nouvelles révélations sur le passé noir de la Flandre toujours sujet nostalgique pour des N-VA, lire notre article de 2017 Une élue de la N-VA séduite par un ancien officier de la SS flamande).

2018 (novembre) - Lors d'une conférence devant le Debatclub, le nouveau nom du Vlaams nationale debatclub, ce cercle d'extrême droite lié au Vlaams Blok fréquenté jadis par De Wever et Jambon, le toujours secrétaire d'État dans l'équipe fédérale de Charles Michel, Theo Francken, avoue s'être inspiré du programme anti-immigration du Vlaams Belang. Cette déclaration est faite face à l'autre orateur, Tom Van Grieken, le président du parti d'extrême droite (sur le Vlaams Belang, lire notre article publié en juin dernier : Le nouveau Vlaams Belang, une opération cosmétique de propagande).


Reprise par le quotidien La Libre des révélations des journaux antifascistes Verzet
et RésistanceS sur le passé politique du ministre de l'Intérieur et
de la Sécurité du gouvernement fédéral de Charles Michel (MR).

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Qui sont les complices des « années noires » de la N-VA ?

Les révélations faites – en bonne partie par deux petits journaux antifascistes - sur les liens du parti de Bart De Wever avec les nostalgiques de la Flandre nazie, ses connexions maintenues et ses mimétismes avec l'extrême droite contemporaine ont toutes été balayées de la main par Charles Michel, le premier ministre du gouvernement fédéral sortant.

Les partenaires politiques de la N-VA - les chrétiens flamands du CD&V, les libéraux flamands de l'Open VLD et les bleus francophones du MR - se sont tus, en néerlandais comme en français. No Comment. Révisant, ignorant ou niant les liens de leurs collègues nationalistes avec l'extrême droite, ces partis dits « démocratiques » ont permis au cheval de Troie du nationalisme anti-belge de pénétrer, en toute impunité, au coeur du Royaume de Belgique. 

ALEXANDRE VICK
RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite




Toutes les informations de ces « années noires » de la N-VA proviennent d'articles et d'enquêtes d'investigation publiés par les journaux flamand Verzetet francophone RésistanceS. Elles n'ont jamais fait l'objet de démentis, de droits de réponse, de plaintes devant le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) ou devant un quelconque tribunal. Qui ne dit mot consent. 

L'article de RésistanceS que vous venez de lire a été publié une première fois dans notre périodique papier  « LE JOURNAL de résistance(s) », n°1, mai-juin 2019, page 15. Revu et actualisé pour cette édition en ligne.

PROCHAIN ÉPISODE DE NOTRE SÉRIE SUR LA N-VA 

Coalition avec la N-VA, ce que le MR devrait payer
(8/9)
Par l'écrivain Vincent Engel
















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© RésistanceS | Mardi 20 août 2019. Première publication in« LE JOURNAL de résistance(s) », n°1, mai-juin 2019, page 15, périodique papier de notre web-journal