Tintin récupéré par l’extrême droite

RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite  | Dimanche 10 juillet 2022 Première publication : 8 mai 200|

Tintin vedette de la presse d’extrême droite
© Archives : RIDAF-Bruxelles 



SUJET TABOU | REPUBLICATION. Le journaliste belge le plus célèbre du monde était-il d’extrême droite ? Pour une bonne partie de cette dernière la réponse est oui.


Quelle que soit l’opinion que l’on porte sur l’auteur de Tintin, une chose est sûre, Hergé était bel et bien de droite, version « hard », et marqué par son éducation chrétienne proche de la mouvance intégriste, antisémite et anticommuniste en vogue dans les années 1930. Dans les années 1980, plusieurs groupuscules français et belges de la droite extrême vont à nouveau récupérer le personnage dessiné. Il ne sera pas rare de voir dans divers opuscules néofascistes, un dessin piraté de Tintin avec un « look très facho ».

 

Un journal espagnol nauséabond,  Zyklon B, poussera la provocation en le déguisant en Adolf Hitler. Dans Le Bastion, le mensuel du Front nouveau de Belgique (FNB, un FN bis dirigé par des transfuges du parti libéral, du parti chrétien et de l’extrême droite catholique), on parlera des amitiés maintenues, après 1945 d’Hergé avec une kyrielle d’ex-collaborationnistes, dont Jan Vermeire, le numéro deux de la SS wallonne et porte flambeau des néorexistes jusqu’à peu. Autre information publiée par le mensuel néo-frontiste : « Assez démoralisé après la guerre, Hergé envisage alors de s’exiler en Amérique du Sud » (1).


Par ailleurs, sur ses liens avec Hérgé, un livre de Léon Degrelle sera même vendu sous le manteau. Son titre ? « Tintin mon copain ». Pour un magazine d’ultradroite, les « révélations [publiées dans ce pamphlet] feront grincer bien des dents mais raviront la famille nationaliste » (2).


Dans une interview accordée en mai 1988 au mensuel lepéniste Le Choc du Mois , Léon Degrelle en personne avait déjà affirmé à propos de son ex-collègue Hergé : « Il est toujours resté un grand copain et quand j’étais caché en Espagne, il a continué à m’envoyer tous ses livres ». 

 

Info ou intox ? Degrelle est mort en 1994, Hergé en 1983. Et les morts, comme on le sait, ne peuvent plus témoigner… mais on peut toujours les faire parler !

 

MANUEL ABRAMOWICZ
RésistanceS
 | Observatoire belge de l’extrême droite 



(1) Le Bastion, n°4, avril 1996.

(2) Les Cahiers de Bédésup, n°74/75, 1996.

 

 


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