Un meeting à Liège pour prendre le leadership de l’extrême droite wallonne

RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite  | Mercredi 6 octobre 2021. Réactualisé : le dimanche 10 octobre 2021  | 18 : 01

Des têtes d’affiches d’hommes blancs pour relancer l’extrême droite néo-frontiste en Wallonie. Illu : Net.


 

RECOMPOSITION EN VUE ? | L’extrême droite en Wallonie est inefficace depuis l’implosion en 2007 du Front national belge. Elle n’a plus qu’un seul élu. Un duo-dirigeant issu du courant lepéniste de la droite libérale belge tente depuis mai dernier de relancer un parti digne de ce nom. Dans quelques jours, il tiendra meeting dans la Cité ardente | CHEVAL DE TROIE MÉDIATIQUE.


Fondé dans l'ombre, il y a quelques mois, Chez Nous  joue la provocation pour se lancer enfin sur le terrain, en dehors du monde digital. Alors que le Parti National Européen (PNE) a quasi disparu de la circulation et que le Mouvement Nation retourne à ses fondamentaux néonazis, ce nouveau parti d'extrême droite wallon, officiellement annoncé à la fin mai de cette année, propose « un événement exceptionnel » pour le dernier mercredi de ce mois. Il s’agit d’un meeting où devrait prendre la parole Tom Van Grieken, le président du Vlaams Belang (VB), Jordan Bardella, le président du Rassemblement National (RN, ex-Front national, lepéniste), Jérôme Munier, le président-fondateur de Chez Nous, et Gregory Vanden Bruel, son idéologue-fondateur.

 

Les deux premiers seront-ils là en personne ou via une visioconférence, comme Marine Le Pen l’avait déjà fait en 2014 à une conférence électorale bruxelloise du Vlaams Belang ? Une info confirmée : ce meeting pour ressusciter l’extrême droite frontiste wallonne aura bien lieu dans la région liégeoise. Mais l’adresse exacte de son lieu de tenue sera communiquée le jour même du meeting, officiellement pour des « raisons de sécurité ».

 

BUT : LE RETOUR D’UN NOUVEAU FRONT NATIONAL

Le plan de communication de Munier-Vanden Bruel est de jouer à la provocation dans l’objectif de faire parler de leur parti naissant, désormais implanté dans la « jungle nationo-facho » wallonne. Pour y parvenir, ce meeting est un cheval de Troie médiatique. Espérant paradoxalement une mobilisation contre lui, ce qui lui permettra une couverture de presse élargie, le but du duo dirigeant de Chez Nous est de le propulser à la tête de la galaxie politique issue de l’implosion du Front national en 2007. À partir de 1985, année de son apparition à Bruxelles, puis dans le sud du pays, le FN belge avait obtenu descores électoraux encourageants : jusqu’à 10 % dans les environs de Liège, quasi 20 % sur Charleroi.

 

Aujourd’hui, une partie du vieil électorat frontiste wallon existe toujours, vu la situation économique qui se dégrade sans cesse, des couches populaires à la classe moyenne. Une nouvelle génération de votants apparaitra encore aux prochaines élections régionales, fédérales et européennes qui se dérouleront au printemps 2024 et aux communales en automne 2024. Chez Nous compte offrir une alternative de droite extrême pour ces électeurs en défiance avec les partis traditionnels. 


QUATRE MACHOS-FACHOS

Dans les faits, Chez Nous est un pseudopode à la fois de feu le Parti Populaire (PP, 2009-2019) de l’avocat d’affaires carolo-bruxellois Mischaël Modrikamen et des Libéraux démocrates (LiDém), issus des Listes Destexhe, du nom de son leader, Alain Destexhe, ex-parlementaire du parti libéral (PRL, puis MR) durant plus de 25 ans. Ce parti nouveau est le représentant parfait de la survivance du « courant lepéniste » actif au cœur même de la droite belge depuis les années 1980. 

 

Le visuel du meeting de Chez Nous du 27 octobre prochain le confirme. Quatre orateurs, quatre jeunes mecs, limites « machos-fachos » de grande surface. Pas une femme à l’horizon. Leur vision politique se borne à une société entre garçons. Pour l’heure, la popularité de ce parti post-frontiste nationaliste wallon est très limitée. Au moment de la finition de cet article, 892 personnes étaient abonnées à son profil sur le réseau de Mark Zuckerberg. Parmi eux, des purs et durs, comme Leticia Knevels. Ancienne présidente dissidente de la régionale de Liège du Mouvement Nation, cette désormais cheffe de l’association Valeurs Nationales (anciennement Collectif identitaire liégeois), pourtant associée depuis janvier 2020 au Parti National Européen de Charleroi, a annoncé qu’elle sera présente au meeting de lancement de Chez Nous. Il y aura encore d’autres nostalgiques des « années Le Pen ».


SIMON HARYS

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