« Oui mais Nee », Gemenne justifie son face à face avec Francken

RésistanceS Observatoire belge de l’extrême droite | Bruxelles | Mercredi 9septembre 2020 | 08 : 10

FRANCKEN ET LN24 (SUITES) – Il y a juste une semaine, nous vous annoncions l'arrivée sur la chaîne télé d’info en continu de l'ex-secrétaire d'État N-VA à l'Asile et à l'immigration. L’« opposant » permanent sur le plateau de LN24 du très nationaliste Theo Francken est le politologue francophone François Gemenne – VOICI SA JUSTIFICATION.


« OUI MAIS NEE », c’est le nom de la nouvelle émission politique hebdomadaire de LN24, la chaîne de télé francophone d'infos en continu. Animateur : Martin Buxant, cofondateur-patron de LN24. Chroniqueurs : le francophone François Gemenne, se définissant comme progressiste, libéral et écologiste, et le très nationaliste populiste national-flamand Theo Franken, l'un des meneurs de l'aile pure et dure de la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA). Le premier duel eut lieu jeudi dernier sur le mode d’un débat de courtoisie. Le deuxième round se déroulera demain matin dès huit heures dix du matin.

 

MAIS NON ! C’est notre réaction en apprenant le choix douteux - clivant - de LN24.

 

MAIS OUI ! Anticipant les feux de la critique, François Gemenne s’adresse, sur son compte privé Facebook réservé à ses abonnés,  à ses détracteurs, ceux qu’il dénomme « les militants de gauche ». Tente de les convaincre que débattre avec Theo Francken est une nécessité.

 

MAIS NON, la N-VA n’est pas le Vlaams Belang. Grosse différence : d’après François Gemenne, la N-VA aurait expurgé le discours nationaliste de ses relents racistes, xénophobes et antisémites. Silence en revanche sur les sorties fracassantes et radicales à caractère xénophobe et les liens entre l’ex-secrétaire d’État et l’extrême droite. Heureusement qu’au passage, François Gemenne nous rappelle qu’effectivement, Theo Francken plaide pour un rapprochement avec le Vlaams Belang, le vieux parti d'extrême droite flamand (fondé en 1978, la N-VA en 2001). Il ne fait pas que revendiquer un rapprochement : il chasse sur ses terres électorales, comme l’avait révélé en 2014 déjà le quotidien L’Écho, dont Martin Buxant en était alors l’un des piliers (voir ici l’article du Journal de RésistanceS).

 

Notre question : occulter la partie la plus essentielle de la vérité, n’est-ce pas mentir un peu (beaucoup) ?

 

MAIS NON, Francken n’est pas Zemmour. Le choix de Francken sur LN24 serait une forme de « zemmourisation », en référence au polémiste français Éric Zemmour qui chronique sur CNews.Comparaison caduque, selon François Gemenne. Zemmour ayant occupé d'abord la scène médiatique dans l’émission « On n’est pas couché » sur France 2, la première chaine publique outre-Quévrain, il ne peut être question de faire une comparaison avec celle qu’occupe Theo Francken sur LN24. Pourquoi pour Gemenne ? Et bien parce qu’il a été élu, qu’il représente des milliers d’électeurs, et qu’il a été secrétaire d’État. Ni plus ni moins. Ce qui, apparemment, justifie pleinement sa présence en tant que chroniqueur dans les studios de la chaîne belge.Tandis que Zemmour ?

 

MAIS NON, il est lucide. Conscient qu’il risque d’être utilisé, François Gemenne n’en démord pas : la présence de Theo Francken relève de la « légitimité intellectuelle ». Il fait confiance à « l’intelligence des spectateurs ». Ne pas parler à certains, serait de plus antidémocratique. Reconnaissant qu’en Belgique, la parole raciste et xénophobe s’est libérée, François Gemenne occulte que son compère chroniqueur s’en est précisément fait un des principaux propulseurs dans les hautes sphères politiques. Ainsi, Theo Francken sert désormais de marchepied au Vlaams Belang pour remporter les élections  régionales de 2024. Annoncé à plus de 27 %, le parti d’extrême droite propose déjà aujourd’hui une coalition à la N-VA (à 20 % dans les sondages) pour gouverner ensemble la Flandre de demain. 

 

MAIS OUI, il y a un risque. Casse-cou, François Gemenne reconnaît qu’il prend un risque. Serait-il un héros ? Mais auprès de qui ? Des téléspectateurs de LN24 ? C’est à peine qu’il nous cache que heureusement, il y a des gens comme lui qui « parlent » aux nationalistes. Cela dit-il nous évitera à coup sûr que ceux-ci deviennent les alliés des fascistes. Nous voilà totalement rassurés. MAIS NON, au fait, pas du tout.


ANNE CREMER

RésistanceS Observatoire belge de l’extrême droite




NB : Il sera rétorqué à RésistanceS que Manuel Abramowicz était intervenu, en décembre 2015, à une conférence-diner de Theo Francken dans le cadre des activités du Cercle de Lorraine, un club sélect bruxellois regroupant des entrepreneurs et des hommes d’affaires. Cette participation était toute autre que celle que nous reprochons aujourd’hui à François Gemenne sur les antennes de LN24. La nôtre s’est déroulée dans un cadre limité à un public d’adhérents, une seule fois, sans médiatisation à grande échelle (seul un article du quotidien Le Soir fut publié après coup), avec un contenu fort et clair pour dénoncer le rôle de marchepied pour les idées d’extrême droite joué déjà par le secrétaire d’État N-VA à l’Asile et à la Migration du gouvernement fédéral conduit depuis octobre 2014 par le francophone libéral Charles Michel (MR). Notre angle d’attaque ne pouvait permettre la diffusion chaque semaine, l’infusion et l’adhésion à l’idéologie de Francken par le plus grand nombre, via un média mainstream. Surtout que depuis le départ de la N-VA du gouvernement de Michel en décembre 2018, Theo Francken prône ouvertement une coalition électorale avec le Vlaams Belang pour gouverner ensemble la Flandre. Sa praxis politique s’est encore plus que jamais radicalisée, comme sa popularité dans l’opinion publique [LA RÉDACTION].     


Pour lire ou relire, le premier article d'Anne Cremer sur l'arrivée de Theo Francken sur les antennes de LN24, cliquez sur son titre ci-dessous :  

 

·     Sans quitter la N-VA, Theo Francken passe à LN24

 



QUI EST L'AUTEURE DE CET ARTICLE ?


Militante pour les droits humains depuis de très nombreuses années à Bruxelles, Anne Cremer est très engagée dans le soutien aux réfugiés. Elle a rejoint l'équipe des bénévoles de l'asbl RésistanceS et la rédaction de son journal. Elle est notamment en charge de la présence sur Facebook de RésistanceS. Anne Cremer a été l'une des organisatrices du Forum en résistance, organisé par notre asbl, qui s'est déroulé, de novembre 2019 à mars 2020, au théâtre de Poche dans le Bois de la Cambre de Bruxelles et au Musée de l'immigration à Molenbeek.

 


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