Dico / collectif En Colère

 Dictionnaire de l'extrême droite belge francophone

RésistanceS |Observatoire belge de l’extrême droite Notice publiée le 10 septembre 2020 | Réactualisée le 27 février 2021]




En Colère (collectif)
Ce groupe d'action d’extrême droite wallon été fondé en juillet 2020 par la fusion du collectif « Mouscron en colère » et ladite « confrérie Les Braves – Province de Luxembourg ». Le premier est un groupuscule du Hainaut occidentale apparu, en septembre 2019, pour s’opposer à l’ouverture d’un centre fédéral d’accueil pour demandeurs d’asile. La seconde affirme représenter dans le Luxembourg, depuis le mois de mai 2020, l’association française Les Braves, un réseau européen de défense de la « race blanche ». En Colère, dès sa création, recevra également les encouragements d’un aristocrate italien installé à Bruxelles, connu pour son appartenance passé à plusieurs partis d’extrême droite, dont le Front national belge.


Le collectif En Colère se revendique comme étant un simple « mouvement citoyen ». Basé à Mouscron, il informe qu’il a été rejoint, en octobre 2020, par des militants à Namur et à La Louvière, actifs depuis sous le nom de « Namur en colère » et « Quatre éléments ». Afin de se développer en Belgique francophone, deux mois plus tard, le collectif affirme avoir distribué près de 20.000 tracts à Mouscron, Tournai, Namur, Libramont, Neufchâteau, Bertrix, Liège et Bruxelles.

 

Les fondateurs de ce collectif militant sont Christian Berteryan, Grégory Bourguignon et Nadine Crovatto, mieux connue sous le pseudonyme « Luna Stenfors ». Membres actifs de « La Dissidence » du Mouvement Nation en septembre 2019, tous les trois participent ensuite à la création du Parti national européen (PNE), avant de le quitter suite à un conflit interne (Crovatto) ou d’en être exclus (Berteryan et Bourguignon). Un ancien dirigeant de Jeune Nation, Lucien Coppens, proche du milieu national-catholique intégriste belge (Civitas), est aussi l’un des piliers du collectif En Colère. Pour sa part, Christian Berteryan n’est plus actif politiquement en Belgique depuis son exil en Bulgarie. 



Logo officiel.

 

Dans sa propagande, ce collectif ne met pas en avant sa véritable nature idéologique. Ses fondateurs proviennent pourtant du courant néonazi francophone, issu de l’ex-groupe L’Assaut, ou du milieu NS néopaïen belgo-français. Bourguignon et Berteryan manifestaient dans les années 1990 avec des néonazis bruxellois et flamands. Nadine Crovatto entretient des liens étroits avec une vieille figure d’un réseau nostalgique du Troisième Reich allemand, adepte des thèses racio-biologiques. Crovatto-Stenfors a été proche de l’Animal liberation front (ALF), groupe semi-clandestin pro-animal ayant commis, aux États-Unis et en Grande-Bretagne, des actions terroristes contre des laboratoires pharmaceutiques. En 2015, Crovatto-Stenfors prend la défense publique de Robert Faurisson et Vincent Reynouard, deux figures de proue de la négation du génocide nazis commis contre les Juifs européens. En février 2020, Nadine Crovatto est présente à une conférence du Cercle Pol Vandromme, un club sélect bruxello-français servant de carrefour entre la droite radicale et la droite conservatrice.

 

Dans sa présentation officielle, le collectif En Colère affirme vouloir « lutter contre la politique d’immigration de masse financée par Georges Soros et imposée par l’Union européenne et l’élite mondiale, pour la remigration des illégaux et des étrangers extra-européens avec casier judiciaire ou qui commettent des actes délictueux, pour la défense de nos traditions, de notre culture et de notre patrimoine, pour la défense et la revalorisation des valeurs familiales traditionnelles, pour la défense de la Vie et la lutte contre les dérives des lois dites ‘’bioéthiques’’, pour la lutte contre les mesures sanitaires excessives, pour la lutte contre toute forme d’impérialisme, qu’il soit religieux ou étatique, pour la lutte contre tous les méfaits de la mondialisation et les abus des multinationales,pour la lutte contre les lobbys, la corruption et l’oligarchie mondiale qui tentent d’imposer le Nouvel Ordre Mondial, pour un référendum pour ou contre le Belxit, pour sortir la Belgique de l’OTAN et de l’OMS… ». Il s’agit d’un programme digne de ceux des partis électoraux de la droite populiste extrême, teinté des habituelles théories conspirationnistes bien connues.

 

Depuis sa création, le collectif En Colère s’est engagé essentiellement contre les mesures sanitaires prises par le gouvernement fédéral et les entités fédérées pour lutter contre la propagation de la pandémie de la covid-19. Lors de divers rassemblements anti-masques, En Colère s’est associé avec l’association liégeoise Valeurs nationales (VN), l’ex-Collectif identitaire liégeois, rassemblant également des anciens du Mouvement Nation.


Les slogans principaux de ses banderoles déployées lors de rassemblements contre les mesures sanitaires anti-covid-19 sont « Non à la peur, aux mensonges des médias. Oui à la liberté de respirer, de sourire, de vivre » (Bruxelles, septembre 2020), « Le masque vous protège des amendes pas du virus » (Namur, octobre 2020) ou « Dictature sanitaire = Communisme 2.0 » (Bruxelles, 31 février 2021).


Pour diffuser sa propagande, ce collectif dispose d’un site amateur Internet (depuis octobre 2020), de six comptes Facebook (« En Colère », 800 abonnés, « Mouscron en Colère », près de 2.000 abonnés, « Tournai en Colère », 220 abonnés, « Namur en Colère », 192 abonnés, « L’Ardenne en colère », 64 abonnés, et « Brussel is kwaad - Bruxelles en colère », 23 abonnés), d’une chaîne  Youtube (« Quatre Éléments », 80 abonnés), d’une autre chaîne audiovisuelle Rumble (ouverte le 27 février 2021), mais n’est pas présent sur Twitter.

 

RésistanceS-DicoObservatoire belge de l’extrême droite S.H




Namur, octobre 2020, trois dirigeants du collectif En Colère : Lucien Coppens (premier à partir de la gauche), Nadine Crovatto (troisième) et Grégory Bourguignon (quatrième).






QUELQUES PHOTOS

DES TROIS FONDATEURS DU COLLECTIF EN COLÈRE

 


En 1998, à Bruges, lors d’une manifestation néonazie flamande, Christian Berteryan (avec le mégaphone)
et Grégory Bourguignon (devant le leader des néonazis hollandais de l’époque).



 

En 1999, lors d’un des premiers rassemblements du Mouvement Nation, Grégory Bourguignon (dernier à l’extrême droite). 


 

En mai 2019, Nadine Crovatto, avec son compagnon, un activiste de longue date de l’extrême droite subversive raciale, lors de la dernière campagne électorale du Mouvement Nation.




En octobre 2019, Nadine Crovatto avec Jean-Marie Le Pen, lors d’un rassemblement annuel de l’extrême droite national-identitaire dans le sud de Paris.







En janvier 2020, Grégory Bourguignon (deuxième à partir de la gauche), à la tribune du congrès de fondation du Parti national européen (PNE) dans son local de Gilly (Charleroi), mis sur pied par des dissidents du Mouvement Nation et des anciens du Parti populaire.


 




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