Extrême droite, la haine des jeunes pro-climat

RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite  | Mardi 5 novembre 2019



POURQUOI ? Un constat, les partis d'extrême droite ont choisi leur camps. Ils ne soutiennent pas le mouvement international de la jeunesse qui s'est levé pour défendre la survie de la planète. Les nationalistes de droite détestent en particulier leurs jeunes dirigeantes qui sont en plus toutes des femmes. Le web-journal de RésistanceS vous en explique la raison. 

Ceux qui 
se mobilisent contre le réchauffement climatique – causé par la pollution, essentiellement industrielle et la consommation excessive - sont la cible des « climatosceptiques ». Ces derniers se rassemblent dans un « large front ». Qui va du président des États-Unis, Donald Trump, à celui du Brésil, Jair Bolsonaro, en passant par des multinationales, des petits patrons d'entreprise et des intellectuels. Tous, en général s'attaquent aux jeunes qui se sont engagés dans la lutte pour sauver la planète de son autodestruction. En particulier, contre Greta Thunberg.

En juillet dernier, c'est Michel Onfray qui s'en est pris à la jeune suédoise, leader emblématique de ce mouvement de contestation désormais international. Auteur d'un commentaire insultant en direction de Greta Thunberg, pour le collectif antiraciste Mémorial 98, le philosophe français libertaire, connu précédemment pour son engagement au sein de la gauche radicale, s'est rendu responsable de propos digne de l'extrême droite. Mémorial 98 écrit à ce sujet : « Nouvelle éruption sexiste, raciste, anti-jeune et ultra-réactionnaire du prétendu rebelle et libertaire Michel Onfray. Il insulte Greta Thunberg dans des termes d'une violence extrême. Il s'attaque à son physique selon la méthode fasciste bien connue et qui a déjà tant servi. Il est temps que ce sinistre individu soit renvoyé à son camp de fachos » (sur cette polémique estivale, voir l'article de RésistanceS Le philosophe français Michel Onfray est-il (réellement) passé à l'extrême droite ?).

« JEUNESSES HITLÉRIENNE » - L'extrême droite justement s'attaque également à la jeune suédoise Greta Thunberg (16 ans), mais encore, plus près de chez nous, à l'anversoise Anuna De Wever et à la namuroise Adélaïde Charlier (toutes deux âgées de 18 ans), dirigeantes du mouvement pro-climat en Belgique. En janvier dernier, le web-journal de RésistanceS avait dévoilé les propos haineux de l'organe de presse du Parti populaire (PP) contre les jeunes militants pro-climat. Rien d'étonnant, le PP était conduit par un avocat d'affaires lié au monde de la finance. Depuis, cette mini-formation électorale incapable de faire élire un seul de ses candidats au méga-scrutin du 26 Mai dernier, s'est dissoute. Une poignée de ces ex-militants ont participé à la création de La Droite populaire (DP) et du parti Identitaire & Démocrate (ID, d'abord dénommé Rassemblement populaire). En gardant les mêmes cibles que le PP (Lire l'article de RésistanceS Le Parti populaire dénonce les nouvelles « jeunesses hitlériennes »).

Les propos disqualifiants contre ces jeunes militants actuellement en vogue se poursuivent plus que jamais sur le Net d'ailleurs, comme le montre notre illustration ci-dessous. Elle provient du mur Facebook d'un dénommé Michel Linchs (un pseudonyme) qui fut jeune lui aussi, mais dans les années 1970, et pour une autre cause.



« EUROPE-JEUNESSE-RÉVOLUTION » - Il y a bientôt cinquante ans, ce Michel Linchs était actif au Front de la jeunesse (FJ). Cette organisation belge, née à Liège, puis active sur les campus de l'Université catholique de Louvain et de l'Université libre de Bruxelles, se situait à l'extrême droite de l'échiquier politique. L'un de ses slogans était : « Europe-Jeunesse-Révolution ». Le FJ combattait pour la constitution d'une « Europe nationaliste blanche », sous le sigle de la croix celtique. Le symbole utilisé par les fascistes de l'après-Guerre 39-45 engagés dans la défense de l'Occident chrétien (le rond pour le premier, la croix pour la chrétienté). Le « noyau dur » du FJ sera sévèrement condamné, en 1981, au cours d'un procès historique, devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, pour la constitution d'une milice privée et diverses actions violentes. Le FJ donne naissance au Parti des forces nouvelles (PFN) qui se fondera, dix ans plus tard, dans le Front national belge. D'autres anciens du Front rejoindront la branche bruxelloise francophone du Vlaams Blok.


Une fraction d'entre eux sont toujours actifs de nos jours. Comme le montre le mur Facebook de Michel Linchs. C'est le cas de Francis Dossogne, l'ancien dirigeant du FJ aujourd'hui installé en France où il milite au Rassemblement national de Marine Le Pen, de Jean Bultot, l'ancien directeur adjoint de la prison de Saint-Gilles, exilé depuis en Afrique, d'Éric Vuylsteke, un avocat pensionné toujours « nationaliste-révolutionnaire » pur et dur (il reste très lié au « président-à-vie » du Mouvement Nation) ou encore de Jean-Marie Claus, candidat multirécidiviste sur les listes du Vlaams Belang (en illustration ci-contre, son affiche pour les élections du 26 mai dernier).

COURANT ETHNO-ÉCOLOGIQUE - L'engagement maintenu de ces quelques vieux militants nationalistes contre les jeunes en lutte pour le climat confirme le positionnement de l'extrême droite sur cette question sociétale. A l'exception de son « courant ethno-écologique » - qui défend le principevölkischede « la terre et du peuple » - la droite radicale se range du côté des industries polluantes. De plus, pour elle, la jeunesse a toujours été le « fer de lance de la Nation ». C'est la raison pour laquelle, les jeunes doivent être embrigadés dans des organisations militantes de type autoritaire.

Ce qui est dans la séquence politique et sociale actuelle loin d'être le cas. Les dirigeantes du mouvement international de la jeunesse anti-pollution représentent dès lors une cible de choix. Pour un double motif : il s'agit en plus de jeunes femmes. Situation insupportable pour les mâles dominants de l'extrême droite blanche occidentale.


SIMON HARYS
RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite


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