DICO / Were Di (WD)

Dictionnaire de l'extrême droite flamande

RésistanceS|Observatoire belge de l’extrême droite  [Notice publiée le 20 juillet 2019. Réactualisation : 6 mars 2021]


Were Di (WD)

Ce cercle de réflexion et de formation idéologique nationaliste flamand est fondé en 1963. Son nom complet est : Were Di - Verbond van Nederlandse Werkgemeenschappen(WD-VNW, Défends-toi - Union des groupes de travail des Pays-Bas). Il a été en 1978 l’un des piliers fondateurs du parti d’extrême droite Vlaams Blok(le nom jusqu’en 2004 de l’actuelle Vlaams Belang). Il cesse ses activités en 2007. Cependant, Were Di reste encore de nos jours, avec le Vlaamse militanten orde (VMO), l’une des principales références des nationalistes flamands purs et durs. 


Dès sa fondation, au début des années 1960, Were Di joue le rôle de laboratoire d’idées au service du mouvement national-flamand dans son ensemble, alors politiquement actif dans le parti Volksunie(VU). Il développe les thèmes classiques de ce mouvement : la disparition de la Belgique, l’indépendance de la Flandre, l’amnistie totale des anciens collaborationnistes flamands pro-allemands durant les deux Guerres mondiales, un anticommunisme radical... Partisan de la création d’un « État thiois » (pan-néerlandais, unifiant les Flandres belges, hollandaises et la française), le nationalisme défendu par Were Diest celui du mouvement völkisch(nationalisme ethnique germanique).  Son emblème reprend la rune Algiz qui symbolise « l’arbre de la vie » et « la protection » dans la mythologie païenne nordique.

La défense de la « race blanche » est primordiale pour Were Di. L’un de ses dirigeants avait déjà écrit six ans avant sa fondation  « L’essentiel de notre existence en tant que peuple est due à la préservation quantitative et qualitative de notre substance biologique. Il est vrai que l’Europe est menacée de l’extérieur (la Russie, l’Asie, l’Afrique), mais le premier danger qui la guette est son déclin biologique, provoqué par un mélange sanguin croissant avec des éléments non-européens. » (Bert van Boghout dans le périodique nationaliste Opstanding, 31 mars 1956). Trois ans après sa création, un autre de ses responsables écrira : « On prépare l’Occident à son déclin, à son envahissement par les peuples de couleur et au nivellement total. » (Roeland Raes dans son mensuel Dietsland-Europa, du mois de mai 1966).


Au début des années 1970, le cercle Were Didevient le correspondant en Flandre du Groupement de recherche et d’études pour la Civilisation européenne (GRECE), le think tankfrançais initiateur de la « Nouvelle droite » au service de l’ensemble des différents courants de l’extrême droite actifs en Europe. Les livres d’Alain de Benoist, le dirigeant-fondateur du GRECE, sont promotionnés en Flandre par Were Diqui est également en contact avec le GRECE-Belgique, animé par des anciens du Parti national belge (PNB), dont le positionnement nationaliste était à l’opposé de celui des nationalistes flamands. De la fin des années 1970 et jusqu’au milieu des années 2000, Were Didéfend également les négationnistes du génocide juif commis par les nazis allemands et leurs complices européens (dont flamands). L’un des dirigeants de Were Di, Roeland Raes, avec Xavier Buisseret, l’un des chefs du VMO, est l’un des initiateurs du journal négationniste Haro. Leur objectif : dédiaboliser le Troisième Reich nazi.

De 1963 à 1976, le président de Were Di est l’Anversois Karel Dillen (1925-2007), alors l’un des meneur de la tendance d’extrême droite de laVolksunieet traducteur en néerlandais du premier livre négationniste, Nuremberg ou La Terre promise, écrit en 1948 par son ami Français collaborationniste Maurice Bardèche (1907-1998). À la tête de WD, Dillen sera remplacé par Bert Van Boghout (1916-2003), membre durant l’Occupation de la Deutsch-Vlämische Arbeitsgemeinschaft(DeVlag, Communauté de travail flamande-allemande), puis combattant de la Waffen SS flamande partie sur le Front de l’est pour participer à la « croisade antibolchévique ». On retrouve aussi dans les rangs de Were Di , l’Anversoise nationaliste  Jet Jorssen (1919-1990) qui dirigea la section des filles de la Vlaamsche Jeugd, incorporée en 1941 dans la Nationaalsocialistische Jeugd Vlaanderen(NSJV, Jeunesse national-socialiste flamande). En 1987, Were Diédite « Vlucht en repressie » (Fuite et répression), l’autobiographie de Jet Jorssen. La nostalgie de l’« Ordre nouveau » qui régna en Flandre durant l’Occupation de 1940 à 1944 est à l’ordre du jour de toutes les cérémonies organisées par Were Di.

En 1976, ce cercle de réflexion se dote d’un « groupe d’action nationaliste » du nom de Voorpost(Avant-poste). Deux ans après, WD participe à la création du Vlaams Blok(VB), avec d’autres dissidents de laVolksunie (VU)Karel Dillen devient le président de ce nouveau parti nationaliste dont l’objectif est de remplacer la VU. Le manifeste idéologique de Were Dilui sert de corpus programmatique. Comme Dillen, plusieurs dirigeants et élus importants du VB proviennent de la direction de WD : le Bruxellois flamand Francis Vanden Eyden (1946-2021, membre de la rédaction du journal de Were Diet responsable de son groupe d’actionVoorpost, député fédéral du VB de 1991 à 2010), le Gantois Roeland Raes (vice-président de Were Dide 1970 à 1977, sénateur du VB de 1991 à 2001, vice-président du parti de 1979 à 2001) ou encore l’Anversois Gerolf Annemans (membre de la rédaction du périodique de Were Di, député fédéral du VB de 1987 à 2014, puis de 2012 à 2014 président du parti). 

Dans les années 2000, les activités de WD vont fortement diminuées. Constitué d’anciens combattants de la cause national-flamande de plus en plus vieux, faute de relève, suite à l’intégration par le Vlaams Blok/Belangde ses plus jeunes militants et de la récupération de son corpus idéologique, le cercle se concentre alors surtout sur la publication de son périodique, Dietsland Europa. Fondé en 1956 (avant sa création), son dernier numéro sortira en octobre 2006.Were Dise dissout officiellement l’année suivante. Les racines idéologiques de l’actuelle Vlaams Belangsont identiques aux siennes.

 


RésistanceS-Dico Observatoire belge de l’extrême droite |  H.G.J




Manifestation de Were Di à Bruxelles dans les années 1970 – Doc. DR / Archives RIDAF-Genk.






Autocollant antibelge de Were Di – Doc. DR / Archives RIDAF-Genk




























 

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