Premières défections et infiltration des Listes Destexhe

RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite  Vendredi 12 avril 2019

COURT-CIRCUIT (VOLET 2) – Alain Destexhe veut proposer une alternative libérale au MR. En hiver dernier, des négociations discrètes se sont déroulées avec de petits partis membres de la « galaxie bleue » ou issus des rangs populistes. Certains se sont engagés avec lui. D'autres ont décliné son offre d'union électorale pour le scrutin du 26 mai prochain. C'est le cas du Parti libertarien. Pour sa part, après un premier ralliement, l'Alliance démocrate a quitté pour finir les Listes Destexhe. Confirmant une possible « infiltration » de ces dernières – MAUVAIS DÉPART.


En hiver dernier, entre les mois de décembre 2018 et janvier 2019, le toujours alors membre du MR Alain Destexhe entame, en toute discrétion, un tour de Bruxelles et de Wallonie, comme cela a été évoqué en détail dans le volet 1  de notre enquête sur ses « listes ». L'object de ce parcours du routard de la politique : sonder les micro-partis de droite, libéraux ou provenant de dissidences du Parti populaire (PP). Le parlementaire libéral - dans son opposition à la ligne idéologique et stratégique du Mouvement réformateur (MR) - entame des négociations ou des discussions, au coin d'une table, avec les responsables de La Droite, de l'Union des démocrates (UDD), de l'association Vox Populi Belgica (active de 2012 à 2016 et issue de l'Union pour le Progrès et la Liberté, UPL), de l'Alliance démocrate et du Parti libertarien. Les trois premiers ont été fondés par des anciens du PP, déçus des tendances autocratiques de son fondateur, l'avocat d'affaires carolo-bruxellois Mischaël Modrikamen.


PARTI LIBERTARIEN
Contrairement aux premières informations diffusées à propos du « parti » d'Alain Destexhe et ses premiers ralliements, le Parti libertarien ne l'a pas rejoint pour finir, comme les autres formations évoquées.

Mis en relation 
comme elles de manière discrète, durant l'hiver dernier, pour se lancer dans l'aventure de la création d'une nouvelle force alternative au MR, devenu « trop à gauche », le Parti libertarien a décliné cette offre d'« union de la droite » proposée par Destexhe. Le leader de ce parti, Pierre Yves Novalet, a contacté le 30 mars dernier la rédaction de « RésistanceS ». Confirmant les premiers pourparlers avec Destexhe, Novalet affirme que le Parti libertarien finira par « décliner sa proposition d'alliance pour des raisons d'incompatibilité de son "programme" avec le nôtre en matière d'immigration ». Ne souhaitant pas être assimilé ni à l'extrême droite ni aux Listes Destexhe, ce parti libéral libertaire sera présent désormais en Brabant wallon sous la bannière « Turquoise », « afin de porter un programme de défense des libertés civiles et économiques, fidèles à notre programme de toujours », précisera Pierre Yves Novalet.

Le Parti libertarien (P-Lib) est une petite formation politique belge qui a vu le jour à Namur en novembre 2012. Pi-Lib refuse d'être rangé à la droite de la droite. Son corpus idéologique provient des États-Unis. Il prône la domination des libertés individuelles sur les libertés collectives et se caractérise par son rejet total du rôle des autorités publiques dans la gestion de la société. C'est pour cette raison que le libertarisme est considéré comme ultra libéral. Rien d'étonnant : le P-Lib se revendique du « libéralisme radical en économie ». Après l'appel lancé par le parti La Droite en 2013 pour le regroupement des petites partis de droite, le P-Lib lui exprime clairement son refus. Tout en invitant le porte-parole de La Droite à se présenter aux élections de l'année suivante sur une de ses listes électorales. Le Parti libertarien contrairement aux autres micro-formations de droite n'axe pas ses thématiques politiques sur celles chères à l'ultra droite politique. Il se positionne même pour que soit garanti, dans un esprit de liberté absolue, « la dépénalisation des drogues, la liberté d’immigration et, bien sûr, (la) liberté religieuse inconditionnelle ». Des revendications diamétralement opposées de celles scandées par l'extrême droite et par Alain Destexhe.


ALLIANCE DÉMOCRATE

L'autre défection de taille qui s'est observée chez Destexhe est celle de l'Alliance démocrate. Au début du mois de mars, le désormais tout jeune ancien du MR pouvait pourtant être content de lui. Dans sa besace, il a réussi d'y mettre des « modérés » de la politique. C'est le cas par exemple de Vincent Granville. Elu conseiller provincial, il vient en droite ligne de DéFI. Après avoir claqué la porte du parti du libéral social Olivier Maingain (ex-compagnon de route de Louis Michel au MR), Granville lance un nouveau parti, totalement local, dans sa commune brabançonne de Braine-l'Alleud. Cette microscopique formation porte le nom d’Alliance démocrate. Son objectif est de carrément « regrouper toutes les personnes qui souhaitent que notre société retrouve sa Prospérité et qui sont attachées aux valeurs de Liberté et de Solidarité qui caractérisent si bien notre modèle Européen et Occidental », comme le proclame son site.

Au début du mois de mars, Vincent Granville annonce officiellement qu'il rejoint les Listes Destexhe et sera l'un de ses candidats dans le Brabant wallon. Les fiançailles seront cependant de très courte durée. Le 15 mars en effet, le chef de l'Alliance démocrate brainoise annonce qu'il se sépare de Destexhe. Dans un communiqué de rupture, il précise : « Même si je garde mon entier respect pour Alain Destexhe, une personne humaine et attentive aux autres bien éloignée de l’image perçue, j’ai eu la désagréable impression que la direction réelle du mouvement qu’il avait initié lui échappait. Et que l’orientation prise s’éloignait fortement de l’objectif initial auquel nous avions cru. ».


LES LISTES DESTEXHE INFILTRÉES ?


Le communiqué de rupture de 
Granville avec Destexhe laisse supposer que les listes de ce dernier ont été investies - pour ne pas dire infiltrées - par des individus aux motivations politiques contraire au libéralisme de centre-droit. Force est de constater, après enquête, que le passé frontiste et pro-lepéniste de candidats devait être connu de responsables locaux des Listes Destexhe, surtout de ceux de la région liégeoise. Pourtant, ils ne lui ont pas donné l'information.

Pour quelle raison donc ? Y constituer une tendance interne pouvant en prendre le contrôle ? Dans les marécages de la petite politique politicienne tout est possible. L'histoire récente de la lézardisation de la droite populiste le démontre à plus d'un titre. Nous y reviendrons en détail dans le volet 3 de notre enquête sur le par(t)i de Destexhe.


MANUEL ABRAMOWICZ
RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite



Pour lire le volet 1de notre enquête sur les « Listes Destexhe » CLIQUEZ ICI


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© Article du journal en ligne RésistanceS | Bruxelles | Vendredi 12 avril 2019