Il y a 50 ans la démocratie a été assassinée au Chili [série RésistanceS 1/5]

RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite  | Samedi 9 septembre 2023 |

 

UN AUTRE 11-SEPTEMBRE | Santiago du Chili, le onzième jour du neuvième mois de l’année 1973, l’armée commet un coup d’État. Au pouvoir démocratiquement depuis trois ans, le gouvernement de l’Unité populaire est renversé. Le président chilien Salvador Allende meurt, avec les siens, les armes à la main face aux tanks et avions putschistes. Jusqu’en 1990, le pays vivra sous le joug d’une dictature sanguinaire conduite d’une main de fer par le général Pinochet. Son idéologie : le fascisme national-catholique. Son régime économique : le libéralisme inégalitaire. Ses complices : les présidents étatsuniens, de Nixon à Ronald Reagan, le clergé romain et les milieux affairistes de la bourgeoisie et de l’aristocratie européennes. Ses tueurs : notamment des organisations italiennes, françaises et belges d’extrême droite | Une série du journal de RésistanceS [1/5]

 

Ce lundi qui vient, nous allons être réinformé abondamment, comme chaque année, des attaques terroristes commises à New-York et Washington, le 11 septembre 2001, par l’organisation islamiste Al-Qaïda. Mais qui se souvient encore du coup d’État militaire chilien survenu le 11 septembre 1973 et de la dictature sanguinaire conduite par le général Augusto Pinochet qui s’en est suivie ? 

 

Qui se souvient encore des dizaines de milliers de Chiliens et Chiliennes assassinés, dont, les armes à la main pour défendre le Palais présidentiel à Santiago, Salvador Allende , le président démocratiquement élu en 1970 ?

 

Camp de concentration nazi

Entre 1973 et 1991, le Chili a vécu sous le joug d'une junte militaire extrêmement répressive et meurtrière. Les libertés individuelles et collectives y furent bannies. La presse indépendante censurée. Les opposants politiques, essentiellement de la gauche révolutionnaire et socialiste, pourchassés, raflés, emprisonnés, torturés, exécutés… Des milliers ont disparu à vie. Notamment dans le camp de concentration de la Colonia Dignidad dirigé par une secte allemande nazie, installée en plein cœur des Andes après la Seconde Guerre mondiale. Des femmes, des hommes, des enfants, des adolescents… ont été systématiquement les victimes du régime pinochetiste. Des familles entières ont été détruites.

 

D’autres se sont enfuis via des filières d’évasion, parfois avec l’aide d’ambassades de pays progressistes, pour trouver un asile politique ailleurs dans le monde. La police politique de la dictature chilienne a alors fait assassiner, par les « escadrons de la mort » de l’opération Condor, des réfugiés politiques chiliens en Argentine, aux États-Unis ou même en Europe. Des liquidations terroristes réalisées avec la participation actives d’autres dictatures latines, des ligues anticommunistes de la bourgeoisie et de l’aristocratie européennes. Avec comme bras-armé, des organisations terroristes italiennes, françaises ou mêmes belges d’extrême droite.

 

Cardinaux saupoudrés et politiciens occidentaux

Cette dictature du Sud-ouest de l’Amérique latine a été également un « laboratoire » de développement pour l’imposition, par la force et la répression, d’un système économique libéral liberticide. Un système directement importé de l’« École de Chicago », bastion universitaire du modèle hégémonique commercial américain. Qui sera, cette fois-ci sous le label de la « démocratie », imposé plus tard en Europe.

 

Inspirée d’une mixité idéologique issue du corpus historique du fascisme européen et des pratiques du libéralisme économique nord-américain, la dictature chilienne a pu tenir tant d’années grâce aux soutiens importants qu’elle a reçu des milieux conservateurs étatsuniens et européens. D’abord, dès 1973, le président des USA Richard Nixon, via son homme de mains machiavélique Henry Kissinger, puis Ronald Reagan après 1981, avec la « Dame de fer » anglaise Margaret Thatcher, étaient des amis inconditionnels de ce Chili totalitaire. La hiérarchie cléricale de l’Église catholique romaine déambulait dans les salons mondains de Santiago pour soutenir le général Pinochet et sa junte militaire. Hauts-gradés de l’armée, hommes d’affaires, cardinaux saupoudrés et politiciens occidentaux s’y côtoyaient autour de flûtes de champagne et de caviar luxueux. Alors que le peuple souffrait de la violence policière permanente et de la misère quotidienne.

 

État terroriste

Au nom de la lutte contre le communisme international, les thuriféraires du dictateur national-catholique – et libéral ! - Pinochet ont été les complices de l’assassinat de la démocratie chilienne. D’une expérience alternative unique pour démontrer que le modèle sociétal de l’exploitation de l’homme par l’homme devait - et pouvait - disparaitre. Pour cela, il fallait liquider coûte que coûte Salvador Allende et son gouvernement d’unité populaire. Pour éviter qu’ils inspirent d’autres peuples à prendre conscience qu’un « Autre Monde est possible ». Un monde égalitaire, juste, solidaire, redistributif et démocratique. Le 11-Septembre chilien a été un acte putschiste contre la démocratie. Un coup d’État terroriste fomenté aussi par desdits « démocrates » étatsuniens et européens.

Ni oubli Ni pardon.

 

MANUEL ABRAMOWICZ

RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite



Sommaire de notre série

Il y a 50 ans la démocratie a été assassinée au Chili
(Épisode 1 : le 9 septembre 2023)

Pinochet ou la banalisation chilienne du mal
(Épisode 2 : le 10 septembre 2023)

Du Chili à l’Europe, l’opération Condor au cœur du terrorisme d’État
(Épisode 3 : le 11 septembre 2023)

Les lobbies belges pro-pinochetistes
(Épisode 4 : le 12 septembre 2023)

Le roi des Belges contre le président du peuple chilien
(Épisode 5 : le 13 septembre 2023)

 


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