L’insurrection du Ghetto juif de Varsovie

RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite  | Mardi 18 avril 2023 | 21 h 55

Évocation des combats : Marek Edelman, l’un des principaux chefs de la résistance juive pendant l’insurrection du Ghetto de Varsovie, avec Angela Davis, militante afro-américaine, communiste, féministe et antiraciste. Dessin d’Antonin Moriau pour l’UPJB, avril 2023.

IL Y A 80 ANS | Du 19 avril au 6 mai 1943, des jeunes juifs insurgés combattirent, avec quelques armes désuètes, les soldats allemands surarmés, dans le Ghetto de Varsovie. Cette insurrection est l'un des faits marquants de la résistance antinazie de la Deuxième Guerre mondiale.

 

Le 19 avril 1943, la veille de Pessah, en réponse à l’attaque massive de la Wehrmacht, la direction de l’Organisation Juive de Combat (OJC), créée en juillet 1942, donne le signal de l’insurrection. Cette direction est composée de cinq membres : Mordekhaï Anielewicz de l’Hashomer Hatzaïr en est le commandant ; Marek Edelman du Bund, le commandant en second ; en font également partie Icchak Cukiermann du mouvement pionnier Hekhaloutz, Hersz Berlinski du Poale Sion de gauche et Michal Rojzenfeld du Parti communiste.


Ainsi que le rappelle Marek Edelman, l'un des rares combattants survivants, dans la postface de la réédition de ses « Mémoires du Ghetto de Varsovie » en 2002 :


« La défense du Ghetto n'avait rien d'inattendu. Elle était la suite logique de quatre années de résistance d'une population enfermée dans des conditions inhumaines, humiliée, méprisée, traitée, selon l'idéologie des vainqueurs, comme des sous-hommes. Malgré ces conditions dramatiques, les habitants du ghetto ont, dans la mesure du possible, organisé leur vie selon les plus hautes valeurs européennes. Alors que le pouvoir criminel de l'occupant leur refusait tout droit à l'éducation, à la culture, à la pensée, à la vie, voire à une mort digne, ils ont créé des universités clandestines, des écoles, des associations et une presse. Ces actions qui engendraient la résistance contre tout ce qui menaçait le droit à une vie digne, ont eu pour conséquence l'insurrection. Celle-ci était l'ultime moyen de refus des conditions de vie et de mort inhumaines, l'ultime acte de lutte contre la barbarie et pour la sauvegarde de la dignité. »

 

Quand, dans une récente interview par le quotidien israélien Yediot Aharonot, la journaliste lui demande si l’insurrection n’était pas une forme de suicide collectif, Marek Edelman s’insurge :


« En nous soulevant, nous avons rappelé notre appartenance au genre humain. En prenant les armes contre ceux qui voulaient nous anéantir, nous nous sommes raccrochés à la vie et nous sommes devenus des hommes libres. »


Et c’est effectivement un message à la fois désespéré, mais aussi de foi en un avenir que la plupart d’entre eux ne connaîtraient pas, que les insurgés adressèrent à l’extérieur ainsi qu’en témoigne ce passage extrait de la « Proclamation du Ghetto au combat » lancée le 23 avril 1943 :


« Nous nous battons pour notre liberté et pour la vôtre... Pour notre honneur et pour le vôtre... Pour notre dignité humaine, sociale, nationale et pour la vôtre... »

 

Durant cette période effroyable de 1939 à 1945, des Juifs se sont battus sur tous les fronts, dans des armées régulières, dans des mouvements de résistance, et dans d’autres ghettos que celui de Varsovie. Mais c’est par cet appel à la conscience des générations futures que l’Insurrection du Ghetto de Varsovie constitue aujourd’hui un symbole. Un symbole dont, malheureusement, beaucoup de ceux qui le commémorent chaque année ont apparemment oublié, ou voulu oublier, le sens.



[Texte extrait de « Points critiques », mensuel de l'Union des progressistes juifs de Belgique (UPJB), n° 275, avril 2007 – Publié une première fois sur le site de RésistanceS, le 13 avril 2007, puis sur son blog d’informations le 18 avril 2023 à l’occasion du 80e anniversaire de l’insurrection du Ghetto de Varsovie. Sur l’UPJB voir ici].

 

 

Extrait du programme du « Grand Seder décolonial » organisé ce samedi 15 avril 2023 à Bruxelles par l’Union des progressistes juifs de Belgique (UPJB). Dessin d’Antonin Moriau pour l’UPJB, avril 2023.







Couverture du programme du « Grand Seder décolonial » organisé ce samedi 15 avril 2023 à Bruxelles par l’UPJB. Avec évocation d’Angela Davis, militante afro-américaine, communiste, féministe et antiraciste, et Marek Edelman, l’un des principaux chefs de la résistance juive pendant l’insurrection du Ghetto de Varsovie. Dessin d’Antonin Moriau pour l’UPJB, avril 2023.

 






















RésistanceS du 13 avril 2007.





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