L’ex-premier ministre de François Hollande va-t-il rejoindre la droite unie, pure et dure ?

RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite  | Mercredi 12 avril 2023 | 18 h 18

Manuel Valls au « centre » d’orateurs d’extrême droite. 




 

UNION DES DROITES | Ce jeudi soir, Valeurs actuelles organise son annuel « Grand débat ». Un rendez-vous pour l’extrême droite qui revendique l’union des droites. Derrière les partenaires de l’hebdomadaire d’ultradroite se trouvent le parti d’Éric Zemmour, l’institut de Marion Maréchal et l’association issue de Génération identitaire. Un ex-premier ministre PS de François Hollande y sera également de la partie.

 

C’est ce jeudi soir que le journal français Valeurs actuelles invite ses lecteurs à l’édition deux de son « Grand débat » (le premier avait eu lieu en mars 2022). Il se déroulera à Paris au Palais des Sports dans le même objectif que le premier : mettre en place l’union des droites françaises, de son pôle républicain conservateur à son pôle constitué par les divers courants de l’extrême droite. Une alliance fédérant le Rassemblement national, le parti zemmourien Reconquête, Les Républicains et leurs associations militantes respectives. Pour ? La prise du pouvoir en 2027.


PARTENAIRES

Ce rendez-vous annuel de l’hebdomadaire conservateur d’ultradroite et mondain français se fait en partenariat avec quatre structures clairement identifiées sur le plan idéologique. Il y a en effet le Syndicat de la Famille, le nouveau nom depuis le mois passé du mouvement « La Manif pour tous », fondé en 2012 pour s’opposer au mariage pour les couples du même genre, Courtoisie, une « radio libre » d’extrême droite émettant depuis 1987 au service alors du FN de Jean-Marie Le Pen, l’Institut de sciences sociales, économiques et politiques (ISSEP), l’école privée de management créée en 2018 et dirigée par Marion Maréchal, députée du Front national de 2012 à 2017, depuis vice-présidente exécutive du parti Reconquête d’Éric Zemmour, et l'Association de soutien aux lanceurs d'alerte (ASLA), le pseudopode direct, sous un nom alternatif, de Génération identitaire, un groupe d’extrême droite dissout en 2021 par le gouvernement français.

 

À cette présentation des partenaires de Valeurs actuelle, il n’y a aucun doute sur l’objectif de son « Grand débat ». La liste de ses orateurs, le démontre également.

 

TÊTES D’AFFICHE

Le panel proposé par Valeurs actuelles est composé de huit hommes, tous blancs. Une exception, l’animatrice du « Grand débat » : Christine Kelly, journaliste vedette de CNews, la chaine d’information de Vincent Bolloré. Ce grand patron français, connu pour ses opinions conservatrices religieuses, a été le mentor d’Éric Zemmour pour se lancer en politique en 2021. Chroniqueur de CNews, cette télé lui a été une véritable rampe de lancement pour la Présidentielle 2022.


« Compagne de route » de Zemmour et de 
Valeurs actuelles, Christine Kelly sera ce jeudi 13 avril en charge de donner la parole aux « grands débatteurs ». Pour noyer le poisson, il y aura Hugo Clément, journaliste à l’émission « Quotidien » sur TMC et activiste écologiste pour le bien-être animal, des cadres du parti des Républicains, comme le député européen François-Xavier Bellamy et l’avocat Charles Consigny, et Olivier Babeau, président de l’Institut Sapiens, un cercle de réflexion libérale, régulièrement invité sur les plateaux télés. 

 

La droite pure et dure y sera représentée par Mathieu Bock-Côté, sociologue et chroniqueur anti-wokiste bien connu (revoir RésistanceS du 13 juin 2022), Stanislas Rigault, le dirigeant de Génération Z, le mouvement des jeunes du parti Reconquête d’Éric Zemmour et de Marion Maréchal, et Jordan Bardella, le président du Rassemblement national. Ce dernier est favorable à une union des droites. Contrairement à Marine Le Pen qui rêve toujours de l’implosion des derniers partis représentants la droite française et l’adhésion individuelle ensuite de leurs membres à son propre parti.


MANUEL VALLS

Tous les orateurs du « Grand débat » de ce jeudi ne viennent pas de la droite conservatrice ou de l’extrême droite. Puisqu’il y est annoncée également la présence d’un ancien premier ministre socialiste, en la personne de Manuel Valls.

 

Depuis son départ conflictuel en 2017 du PS, ce n’est pas la première fois que Valls s’est rapproché, d’une façon ou d’une autre, et sans conditions, de l’ultradroite française (et catalane). Connu déjà à l’époque du président François Hollande pour ses discours sécuritaires et durs sur l’immigration, Manuel Valls utilise depuis un certain temps déjà l’hebdomadaire Valeurs actuelles comme tribune médiatique pour apparaitre dans le paysage politique. En janvier 2022, l’ex-premier ministre d’Hollande participait à l’émission conviviale vidéo « Un verre avec », diffusée sur YouTube par le journal d’ultradroite. 

 

Une collaboration qui ira jusqu’à la participation de Manuel Valls à la stratégie d’union des droites mise en place par Valeurs actuelles et ses partenaires d’extrême droite ? Une évidence : sa dérive confusionniste est de plus en plus nette. Désormais, il a bien franchi le Rubicon. 

 

ALEXANDRE VICK

RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite







| RésistanceS est aussi tous les jours sur 



© RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite | Bruxelles |  12 avril 2023  |