RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite | Mardi 6 septembre 2022. Première publication : jeudi 16 octobre 2008 |
REPUBLICATION Á L’OCCASION DES 25 ANS DE NOTRE JOURNAL | Dans les années 2000, en Flandre, sont organisés des concerts réservés aux nazi-skins et autres adeptes de musiques de haine raciste. Des personnalités publiques et des organisations antifascistes vont se mobiliser. En 2008, ils lancent tous ensemble un appel en direction des autorités compétentes pour mettre fin au laxisme en la matière. Leur lutte continue en 2022 | MOBILISATION ANTIFASCISTE
Le samedi 18 octobre 2008, les nostalgiques du nazisme de Blood and Honour se réuniront une fois de plus en Flandre. Dans une « lettre ouverte », publiée le 16 octobre 2008 dans le quotidien flamand De Morgen et dans le quotidien francophone Le Soir, via RésistanceS, l’interdiction des activités – des concerts et des meetings - en Belgique de cette organisation transnationale néonazies est demandée.
Plus de soixante-cinq personnalités flamandes du monde associatif, universitaire et culturel - mais aussi deux francophones : l’historien Maxime Steinberg et le coordinateur de RésistanceS - ont déjà signé cette « lettre ouverte » adressée aux ministres fédéraux de l'Intérieur et de la Justice, Patrick Dewael (Open VLD) et Jo Vandeurzen (CD&V).
Face au laxisme des autorités politiques fédérales, régionales et communales pour mettre fin aux meetings-concerts des néonazis de Blood and Honour, les signataires (voir à la fin de cette page leurs noms) de cette lettre ouverte mentionnent notamment que « d’autres, dans notre pays, ont été privés de leur liberté pour moins que ça ». Cette salutaire réaction démontre qu’en Flandre, la résistance à l’extrême droite est toujours vivace, malgré les stéréotypes encore diffusés en « Belgique francophone »… Voici, le texte complet en français de cette « lettre ouverte ».
L'APPEL | Le samedi 18 octobre 2008, l’organisation néonazie Blood and Honour (Sang et Honneur) organise à nouveau un concert en Flandre. Ce sera la quatorzième rencontre dans notre pays de cette organisation « nazi-skin » internationale se revendiquant ouvertement de l’hitlérisme, depuis que les autorités des Pays-Bas ont empêché, le 4 mars 2006, la cérémonie en honneur des combattants de la SS de la Deuxième Guerre mondiale qu’elle avait programmé dans le Limbourg néerlandais.
Depuis lors, la Belgique, et la Région flamande en particulier, est devenue une « terre d'accueil » pour ces jeunes nostalgiques du Troisième Reich hitlérien.
Le 4 mars 2006, c'est donc dans la commune de Lommel, dans la Province du Limbourg flamand, qu'ils se sont réunis pour honorer les soldats nazis qui restent de nos jours des modèles pour Blood and Honour. Le soir, lors du concert néonazi qui devait clôturer cet « événement » à Vremde, dans la région anversoise, un cameraman de VTM (télévision privée flamande) s’est fait violemment agressé.
La police, quant à elle, s’est contentée de surveiller si la circulation autour de l’église de Vremde n’était pas trop dérangée par les membres présents de Blood and Honour !
Combien de temps faudra-t-il encore accepter que les lois de notre pays soient appliquées différemment pour des néonazis que pour de simples citoyens ?
Après la cérémonie de Lommel et le concert à Vremde du 4 mars 2006, d’autres concerts de musique « nazi-skin » ou de « National Socialist Black Metal » (NSBM) et rassemblements à la gloire du nazisme ont encore été organisés par la « division flamande » de Blood and Honour : à Boortmeerbeek, à Wolfsdonk (près d’Aarschot), à Malines, à Wolfsdonk, à Schoten, à Bellegem (près de Courtrai), à Lebbeke...
Le groupe Combat 18 (18 pour la première et la huitième lettres de l'alphabet, soit AH... les initiales d'Adolf Hitler !), pseudopode prônant le terrorisme de Blood and Honour-Vlaanderen, a organisé pour sa part une commémoration d’hommage à Adolf Hitler à Overpelt.
Et puisque la Belgique est un pays tellement hospitalier, en tout cas pour les néonazis, il a également été possible pour la « division allemande » de Blood and Honour d’organiser à son tour, durant cette même période, des concerts « nazi-skins » à Ravels, à Kinrooi, à Hotton et à Zandvliet (près d’Anvers).
Les agissements de Blood and Honour dans notre pays ont certes suscité des réactions. Mais ces réactions sont restées trop timides.
Les ministres de l'Intérieur et de la Justice ont exprimé leur souhait de faire interdire Blood and Honour. Patrick Dewael (Open VLD) a fait appel au Parlement afin de formuler une loi permettant l'interdiction des organisations néonazies. Jo Vandeurzen (CD&V) a pointé les possibilités existantes pour y arriver, via les lois antiraciste et antinégationniste.
Il est par contre regrettable que Patrick Dewael soit convaincu qu’une nouvelle loi est la seule manière possible de réagir, alors que ses prédécesseurs ont réussi, il y a vingt ans, par le biais d’un arrêté royal et par la présence de la gendarmerie de l'époque, à éviter la tenue d’une commémoration en l'honneur des SS à Lommel.
En réponse à une lettre ouverte de l'Anti-fascistisch front (AFF), le ministre fédéral de la Justice Jo Vandeurzen a écrit qu’une réaction judiciaire est essentiellement rendue difficile à cause de l'organisation secrète des activités de Blood and Honour.
Au moment de ses concerts, la police - prévenue à la dernière minute - est présente certes, mais juste pour réguler la circulation et constater les irrégularités possibles dans les rues avoisinantes... Sans se soucier à aucun moment des « discours de haine » tenus dans la salle louée par l'organisation néonazie.
Pourtant, à écouter les paroles des chansons des groupes programmés et les extraits de concerts proposés par Blood and Honour passés sur YouTube, il est possible de savoir à quoi s’attendre dans la salle de concert : ce sont des appels directs à la haine et à la violence contre les Juifs, les étrangers, les militants de gauche, les homosexuels... C’est un étalage de saluts hitlériens et de symboles historiques du « national-socialisme hitlérien »... Tout cela, on a encore pu le voir sur les images filmées secrètement à Malines, Wolfsdonk et Bellegem lors de tels concerts. Et pourtant, la police n’intervient jamais pour mettre fin à ces rassemblements néonazis ! « Pour ne pas susciter des problèmes » déclarait le bourgmestre de Lebbeke…
Nous comprenons naturellement les propriétaires des salles, qui ne souhaitent pas que celles-ci soient endommagées lors d’une évacuation qui ferait suite à des infractions manifestes. Mais nous ne comprenons pas que nos gouvernements permettent à des néonazis de piétiner impunément les lois contre le racisme et le négationnisme et de faire des saluts hitlériens lors de rassemblements proposés par une organisation revendiquant rien moins que le terrorisme contre ses adversaires. D’autres, dans notre pays, ont été privés de leur liberté pour moins que ça.
Dire que les concerts et cérémonies de Blood and Honour sont « d’ordre privé » ne constitue pas un argument valable.
Pour le professeur Leo Neels, la loi antiraciste est aussi explicitement applicable à des « rassemblements d’ordre privé ». Après les images prises dans un des concerts de Blood and Honour par le journaliste antifasciste d'investigation Thomas Kuban, et diffusées dans une émission télévisée flamande (Koppen), le parquet de Courtrai a entrepris de « se concerter pour voir si » ...
Mais qu’est-il advenu de cette « concertation » ? Pourquoi, par exemple, la police n’est-elle pas intervenue le 6 septembre dernier à Zandvliet, dans le nord d’Anvers, lors d'un de ces concerts néonazis ? La police suisse, quant à elle, a arrêté l’un des groupes qui avaient joué à Zandvliet, lors d'un autre concert prévu trois semaines plus tôt sur son territoire.
Nous, citoyens inquiets que l’idéologie nazie puisse encore se répandre auprès de la jeunesse, demandons expressément que la police et le parquet interviennent véritablement ce samedi 18 octobre, et pas seulement à l’extérieur de la salle où Blood and Honour se rassemble, pour régler la circulation…
LA FLANDRE CONTRE L’EXTRÊME DROITE
Cette lettre ouverte aux ministres fédéraux de l'Intérieur et de la Justice a déjà été signée par plus de 65 personnalités flamandes (mais aussi deux francophones) du monde associatif, universitaire et culturel : :
Johan Leman
Professeur à l’Université Catholique de Leuven (KU-Leuven), directeur-fondateur du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme.
Jos Vander Velpen
Président de la Liga voor Mensenrechten, section flamande de la Ligue des droits de l’Homme
Ed Steffens
Porte-parole de l'Anti-fascistisch front (AFF)
Caroline Copers
Secrétaire générale de l'ABVV (FGTB)
Aaron Malinsky
Rabbin et Commandeur de l’Ordre de la Couronne
Fred Erdman
Sénateur d'honneur, ancien parlementaire socialiste
Rik Pinxten
Président de l'Humanistisch-vrijzinnig vereniging
Michael Freilich
Rédacteur en chef Joods Actueel
Lydia Chagoll
Écrivaine et réalisatrice de films
Marc Spruyt
Auteur, cofondateur du réseau Blokwatch
Hugo Van Minnebruggen
Animateur du site antifasciste flamand Verzet
Patrick Coeman
Animateur du site antifasciste Antifa.net
Hugo Ongenae
Président du Vaka/Hand in Hand
Lucas Catherine
auteur, écrivain
Bertje Palma-Ureel
Présidente du 8 Mei Comité Mechelen
Patricia Dewilde
Guide du Musée Juif, de la Déportation et de la Résistance de Malines
Mohamed Chakkar
Federatie van Marokkaanse Verenigingen
Viviane Vermeulen
Directrice dans l’enseignement primaire
Sarah Hutse
Présidente de l’asbl ’t Uilekot
Mario Van Essche
Président a.i. du 8 Mei Comité Mechelen
Jef Van Iseghem
Responsable du 8 Mei Comité Mechelen
Luc Vandenhoeck
Secrétaire général ACOD-VRT (délégation CGSP de la VRT)
Paul Ambach
Boogie Boy
Yves Aerts
fédération Holebi
Hilde Uitterlinden : actrice
Joke van Leeuwen
auteure-dessinatrice
Remi Verwimp
coordinateur de Werkplaats voor Theologie en Maatschappij
Filip Oosterlynck
Responsable de l’association B-Plus West-Vlaanderen
Rony Boonen
Rédacteur à Joods Actueel
Anne Provoost
auteur
Dirk Van Duppen
président de Médecine pour le Peuple
Yves van de Steen
directeur honorifique du Vlaams Parlement
Régine Beer
témoin du régime nazi
Wim Haelsterman
journaliste antifasciste AFF/Verzet. (Flandre), Searchlight (UK) et RésistanceS (Belgique francophone)
Koen Dille
citoyen actif
Deborah Lambillotte
présidente de l’European Region of the International Lesbian and Gay Organisation
Mong Rosseel
projet social artistique De Vieze Gasten
Frank Stappaerts
Het Vrije Woord – radio
Peter Holvoet
auteur
Erik Van In
artiste
Jos Hennes
éditions EPO
Charles Ducal
poète
Ann Meskens
philosophe
Peter Theunynck
poète
Kurt Van Eeghem
animateur radio
Marc Vandepitte
auteur
Wim Vandenbussche
citoyen actif
Jeroen Hendrickx
étudiant
Mischa Bludts
citoyen actif
Ben Sluijs
musicien de jazz
André Lambrechts
bediende
Sonja De Schaepdryver
ethica
Dylan Peere
Jeugdwerknet
Filip De Bodt
’t Uilekot
Kitty Roggeman
enseignante pensionnée
Charles Cornette
acteur
Ludo De Brabander
asbl Vrede
Frank Maerten
instituteur primaire pensionné
Michel Vanhoorne
coordinateur du Links Ecologisch Forum
Raf Jespers
Progress Lawyers Network
Hamel Puissant
travailleur social-culturel
Tinus Schneider
citoyen actif
Gio De Weerd
Pax Christi
Paul Borghs
Mikpunt
Maxime Steinberg
Historien spécialiste de la Déportation des Juifs de Belgique, de la Résistance juive et du négationnisme
Manuel Abramowicz
coordinateur de RésistanceS, web-journal de l’Observatoire belge de l’extrême droite
…
Cet Appel contre les concerts néonazis se déroulant en Flandre, lancé le 16 octobre 2008, a été republié le 6 septembre 2022 á l’occasion des 25 ans de notre journal et de l’organisation d’un nouveau concert de ce type en Flandre le samedi 10 septembre prochain.
Sur ce concert lire notre enquête exclusive :
Nouveau concert néonazi en Flandre le 10 septembre prochain
| RésistanceS est aussi sur
© RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite | asbl RésistanceS | N° 478574442 | Bruxelles | 16 octobre 2008 et 6 septembre 2022| Rep. N°2022-0906