Après la présidentielle française, le retour du parti lepéniste en Belgique ?

RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite  | Mardi 12 avril 2022 | 17 h 16

© Photo Réseau social


EFFET RICOCHET | Dans notre pays, l’extrême droite française a toujours joué un rôle d’influence majeure. Depuis « l’effet Le Pen » en 1984. Mais depuis, le Front national belge a totalement disparu du paysage électoral à Bruxelles et en Wallonie. Ce label à succès jadis pourrait cependant réapparaitre aux prochains scrutins. Pour tenter de profiter de « l’effet Marine ».


Le succès au premier tour de l’élection présidentielle, ce dimanche, de Marine Le Pen va-t-il aussi profiter à l’extrême droite belge, comme cela avait été le cas lors du premier passage au second tour d’un autre Le Pen, le 21 avril 2002 ? Depuis, la droite nationaliste et identitaire de notre pays, côté francophone, s’est complètement atomisée. Seuls quelques groupuscules issus de l’ex-FN belge subsistent, sans aucune représentativité électorale. Mais le désir de renaissance électorale reste vivace à l’observation du renforcement et des succès de l’extrême droite en France (aujourd’hui à plus de 30 %), mais également ailleurs (en Flandre, en Espagne, au Portugal, en Italie, en Allemagne ou en Hongrie).

 

UNE HISTOIRE À SUCCÈS

Entre 1985 et 2003, la « marque » du Front national a permis en Belgique francophone des succès électoraux importants, avec l’élection de dizaines de conseillers communaux, de députés provinciaux, régionaux, fédéraux et même d’un député européen. Puis après des conflits internes, une riposte antifasciste large et efficace, le FN belge a fini par exploser en plein vol. Divisés en clans ennemis, à partir de 2012, Marine Le Pen, la nouvelle présidente du Front national français, a décidé de mettre fin à l’aventure des frontistes belges. Notamment par voie judiciaire. Obligeant même le « canal historique » fondateur du FN en Belgique de prendre en 2017 un nouveau nom (parti AGIR). 

 

Aujourd’hui, le résultat du premier tour de la présidentielle française - qui signifie aussi une victoire pour la patronne de l’entreprise politique lepéniste sur ses nombreux dissidents passés chez Reconquête, le parti d’Éric Zemmour – donne un nouvel espoir à l’extrême droite belge francophone pour sortir de sa longue léthargie. 

 

C’est le cas de « Chez Nous », une micro-formation formée il y a quelques mois autour de deux anciens membres de la direction du Parti populaire (PP, 2009-2019), avec l’apport de transfuges du Parti national européen (PNE) et du Mouvement Nation. Et surtout le soutien officiel du Vlaams Belang et du Rassemblement national (voir RésistanceS du 10 octobre 2021). Une fois de plus, l’exemple française devrait exercer une influence en Belgique. 

 

LA MARQUE LEPÉNISTE DE RETOUR EN WALLONIE

« Chez Nous » vient en effet d’annoncer, sur son compte Facebook, qu’il « signera dans les prochains jours une convention avec le Rassemblement National lui garantissant l’exclusivité en Belgique francophone de l’utilisation de son nom présent et ancien (Front National), de son sigle et du symbole qui le représente (la flamme). ».

 

Objectif : se présenter aux prochaines élections régionales, fédérales et communales avec une appellation lepénisée pouvant garantir, comme cela fut le cas entre 1988 et 2003 avec Jean-Marie Le Pen, un certain succès électoral chez nous aussi. 

 

SIMON HARYS

RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite



 

 

 

SUR LA PHOTO DE CET ARTICLE :

Leticia Knevels, aujourd’hui l’une des « cadres » du parti « Chez Nous », ancienne du Mouvement Nation, alors en contact avec le père de Marine Le Pen, ici lors d’un rassemblement de l’extrême droite radicale, dans la région parisienne, en octobre 2019.




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