Dynasties de colonisateurs et assassinat de Patrice Lumumba

[Journal de RésistanceS | Bruxelles | Dimanche 17 janvier 2021 | 15 : 09]

Par ANDRÉ CLETTE



MÉMOIRE (ANTI) COLONIALE –
Le royaume de Belgique a régné sur le plus grand pays d'Afrique noire. Le second a permis au premier de devenir une puissance économique. La « fin » du Congo belge a été marquée par l'arrivée de Patrice Lumumba. Son discours indépendantiste non-conformiste n'a pas plu. Il a inquiété les milieux financiers et politiques. Le premier Premier ministre du Congo libre sera assassiné, il y a tout juste 60 ans, par des barbouzes commandités par des puissances néocoloniales. Toujours, elles, bien vivantes de nos jours. Ici sur cette page, un ami de RésistanceS rappelle la disparition du leader congolais et les réactions artistiques pour dénoncer l'occupation meurtrière de son pays [M.AZ].


NOUS SOMMES LE 17 JANVIER 2021. Il y tout juste 60 ans, le 17 janvier 1961, au Congo, durant la brève sécession katangaise, disparaissait le leader congolais Patrice Lumumba, torturé et assassiné sous la supervision d’officiers belges. Son corps n’a jamais été retrouvé.

En 2000, dans un documentaire télévisé, le commissaire de police belge Gérard Soete a raconté avoir découpé et dissous dans l’acide le corps de l’ancien Premier ministre et de deux de ses proches (Joseph Okito et Maurice Mpolo) : « En pleine nuit africaine, nous avons commencé par nous saouler pour avoir du courage. On a écartelé les corps. Le plus dur fut de les découper », avait expliqué le policier, précisant que les corps avaient été dissous dans l'acide : « Il n'en restait presque plus rien, seules quelques dents ».


DYNASTIES DE COLONISATEURS

En 2002, la Belgique, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Louis Michel, avait présenté ses « excuses » et ses « profonds et sincères regrets » au peuple congolais pour le rôle de son pays dans la mort de Patrice Lumumba. La Belgique restituera à la famille « la dépouille mortelle » : une dent…

Pour le 60eanniversaire du sinistre événement, les médias ne manqueront pas de refaire le récit de l’affaire avec leurs commentaires. Il n’est pas sûr pourtant qu’ils fassent état de cette lettre évoquant le projet d’élimination du premier ministre congolais, sur laquelle le roi Baudouin avait écrit : «on ne va pas laisser une œuvre de 80 ans être détruite par la politique haineuse d'un homme» …

Ne nous étendons pas davantage sur l’« affaire Lumumba », puisque tout le monde le fera. Profitons plutôt de l’occasion pour saluer l’œuvre de ces artistes de l’ombre qui mettent de la couleur dans nos villes en rehaussant à leur manière les monuments et statues érigés à la gloire de nos dynasties de colonisateurs.


Y LAISSER SA PEAU

L’intervention artistique sur le buste du roi Baudouin à Bruxelles est particulièrement réussie. Si le choix de la couleur s’imposait, on devine que l’artiste s’est attaché à choisir une laque dont la brillance, la densité et la résistance conféreraient à l’œuvre la pérennité qui convient à un témoignage historique. On remarquera la coulée de peinture qui trace son chemin le long du socle pour se prolonger sur le pavement dans un épanchement ravageur et triomphal, dessinant au sol l’ébauche d’une révolution en marche. Au dos, l’inscription « RÉPARATION » est on ne peut plus explicite.

L’audace plastique s’accompagne ici d’une audace tout court puisque l’artiste et ses aides encouraient le danger réel de se voir embarqués par les « forces de l’ordre ». Et par les temps qui courent, se retrouver dans un commissariat c’est risquer d’y laisser sa peau. Surtout si elle est foncée.



ANDRÉ CLETTE
invité du 
Journal de RésistanceS
Observatoire belge de l'extrême droite




QUI EST ANDRÉ CLETTE ?

Son texte que vous venez de lire ci-dessus a été publié une première fois, ce même jour, sur Facebook. Il est reproduit sur notre site avec son aimable autorisation. Le titre, le chapeau et les sous-titres sont de la rédaction de RésistanceS.

Membre de l'Association des Ami·e·s de RésistanceS (AdR)André Clette est un artiste et auteur belge. Il a participé, notamment avec deux membres de notre journal, au mensuel satirique « Même pas peur », dès sa création en 2015, où il proposait des « chroniques désinvoltes et de divagations érudites », selon Les Éditeurs singuliers. Bien avant, la signature d'André Clette se retrouve dans le magazine « Kloak » et dans le mensuel satirique « Rictus ». Quasi chaque jour, sur son mur Facebook, il publie un texte de rappel d'événements et de personnalités historiques, sous la forme d'une rubrique non-conformiste, intitulée « Nous sommes le ... » [M.AZ].



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