Portrait de l'organisation néonazie internationale Blood and Honour

[ARCHIVES du Journal de RésistanceS |Bruxelles | Mardi 25 août 2020 | 18 : 11 | Première publication : 10 septembre 2011]



Des « soldats politiques » de Blood and Honour, lors d'un concert de haine raciale © DR Kafka.nl


POUR COMPRENDRE L'ACTUALITÉ – Ce mardi, le quotidien belge francophone La Dernière Heurepublie l'article : « Le salut hitlérien de l’affaire Chovanec n’est pas isolé: enquête ouverte pour suspicion de nazisme à la police de Molenbeek ». La DH explique que le « salut hitlérien » en question est une habitude dans les groupes néonazis, comme Blood and Honour par exemple, décrit comme « un réseau de distribution de musique néonazie ». Il s'agit pourtant de bien plus que cela, comme l'explique notre article ci-dessous, publié en septembre 2011 - RETOUR DANS LES ARCHIVES DU JOURNAL DE RÉSISTANCES.


Blood and Honour (B&H) est une organisation de skinheads qui se revendiquent ouvertement, depuis sa naissance officielle, en 1987, en Grande-Bretagne, du national-socialisme. Adolf Hitler reste pour elle le guide, certes posthume, de la « révolution blanche ». L’organisation B&H s’est donnée pour mission de former des « soldats politiques » dans le but de sauver l’« Europe blanche ». Son principal ennemi est le ZOG, c’est-à-dire le « zionist occupation government » (en français : gouvernement d’occupation sioniste).



Protocoles des Sages de Sion

Apparu d’abord au sein de l’extrême droite radicale (terroriste) nord-américaine, cet acronyme remplace l’ « Internationale juive », si chère jadis à la propagande antisémite en vigueur sous le Troisième Reich nazi. Selon les théories complotistes des antisémites, le ZOG a mis en place un plan machiavélique pour anéantir, par un véritable génocide, la « race blanche ». Les auteurs juifs de ce plan secret auraient organisé l’émigration vers les pays occidentaux de travailleurs étrangers, le métissage des populations européenes, la contraception et l’avortement des « femmes blanches »…


La théorie du ZOG est une version moderne et adaptée à notre époque des Protocoles des Sages de Sion, un faux document réalisé en 1901 par la police tsariste et diffusé massivement ensuite sans discontinuité, jusqu’à nos jours, dans le monde entier. Affirmant faussement révéler un programme de domination mondiale, orchestré en 1897 par le Congrès sioniste (juif) mondial, ces Protocolessont devenus le document de propagande fondateur de l’antisémitisme du XXsiècle. Pour écrire son manifeste idéologique et programmatique, Mein kampf, Adolf Hitler s’en est fortement inspiré.


Divisions étrangères et terrorisme

Pour vaincre le ZOG et assurer la survie des blancs, à l’instar d’autres mouvements néonazis éparpillés dans le monde, Blood and Honour préconise le recours à la lutte armée. Des membres de plusieurs « divisions » de l’organisation sont passés des écrits aux actes. Des ratonnades d’étrangers ont ainsi été commises, ainsi que de véritables actions terroristes. Dans plusieurs pays, dont en Belgique, la justice a sévèrement condamné à des peines de prison des activistes de B&H. 


Le siège, dénommé « division centrale », de B&H se trouve à Londres. A l’origine anglaise, cette organisation néonazie s’est très vite implantée à l’étranger. Elle dispose à l’heure actuelle de divisions nationales en Europe de l’ouest (Grande-Bretagne, Allemagne, Hollande, France, Autriche, Suisse, Italie, Grèce… Belgique), dans le nord de l’Europe (Finlande et Suède), en ex-Yougoslavie (Serbie, Croatie et Slovénie), dans des ex-républiques du Pacte de Varsovie (Pologne, Tchéquie, Hongrie, Bulgarie, Russie et Ukraine), aux Amériques (Etats-Unis et Chili) et en Océanie (Australie et Nouvelle-Zélande).



Ian Stuart Donaldson, disciple
anglais du nazisme allemand 
© DR.
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Ian Stuart Donaldson, le guide du RAC et de la « haine raciale »

Le dirigeant-fondateur de Blood and Honour est le britannique Ian Stuart Donaldson, le chanteur et leader de Skrewdriver, un des tous premiers groupes de musique skinhead à succès. Stuart Donaldson avait auparavant fait partie de la direction du National front (NF), un petit parti d’extrême droite qui bien avant le Front national français, dans les années 1970, eut un certain succès dans l’électorat protestataire en Grande-Bretagne. Aujourd’hui, le NF n’est plus qu’un groupuscule sans aucune envergure et survit dans l’ombre du très électoraliste British national party (BNP), pourtant l’une de ses dissidences.


En mettant sur pied B&H, Ian Stuart Donaldson avait l’ambition de recruter et de politiser les skinheads. Ces derniers appartenaient alors à un mouvement culturel issu de la classe ouvrière britannique. Ils étaient plutôt connus pour leurs positions politiques antiracistes. Leur musique, le ska, formait un mixte entre le rock anglo-saxon et le reggae jamaïquain. Ian Stuart Donaldson arrivera à détourner une partie des « crânes rasés » de leurs idéaux et références culturelles d’origine pour les transformer en disciples de la « haine raciale ».


Ensuite, très vite, B&H deviendra la première organisation structurée rassemblant les skinheads de tendance « NS » (national-socialiste). Organisant des concerts de oï, le rock des skins, sous le label du RAC (Rock against communism) et la distribution des disques des groupes agissant sous son égide, Blood and Honour va également se lancer dans des actions politiques militantes, souvent très violentes.


Né en 1957, Ian Stuart Donaldson est décédé en 1993 dans un accident de voiture. Sa disparition n’a pas pour autant donner lieu à la fin de son organisation. Que du contraire. Depuis lors, ses disciples lui vouent un culte de la personnalité indémodable. Chaque année, des rassemblements sont organisés, en automne, pour le commémorer dans les pays où B&H est implantée. Ces rendez-vous annuels sont connus sous le nom de « ISD Memorial » (ISD pour Ian Stuart Donaldson).


Combat Adolf Hitler

Vivant de sa bonne réputation dans le milieu néonazi, B&H a néanmoins connu des conflits internes importants (décrits comme des « guerres des frères ») qui déboucheront sur des dissidences et la création d’organisations concurrentes et ennemies, comme Combat 18 (C18). Le chiffre 18 fait référence à la première et la huitième lettre de l’alphabet, soit le A et le H, les initiales d’Adolf Hitler. L’organisation Combat 18 a été à un moment le service de sécurité paramilitaire du British national party. Les dissidents regroupés dans C18 utilisent également pour se présenter le nom de Blood and Honour et célèbrent aussi le souvenir de Ian Stuart Donaldson. Pour distinguer cette scission de l’organisation-mère (traditionnelle), elle est désignée sous le nom de Blood and Honour/Combat 18 (B&H/C18). Le clash entre les traditionalistes et les dissidents fondateurs de B&H/C18 s’est répercuté dans la plupart des pays où l’organisation néonazie est présente. En Belgique, ce fut notamment le cas en Flandre où B&H traditionnelle est présente depuis près de 20 ans.


Outre Combat 18, B&H traditionnelle a connu encore une autre scission qui donna lieu à la création du mouvement des Hammers skins. Ceux-ci sont surtout implantés aux États-Unis.


Que faire contre Blood and Honour ?

Par sa structuration paramilitaire, ses actions transfrontières, son idéologie raciste et nazie véhiculée auprès de jeunes sans grands bagages intellectuels, l’adhésion à ses divisions des éléments les plus radicaux de l’extrême droite classique et une préparation à la « guerre raciale » pour faire triompher la « révolution NS », Blood and Honour représente une organisation extrêmement dangereuse. La lutte armée reste depuis sa fondation en 1987 à son programme et des activistes issus de ses rangs sont déjà souvent passés à l’acte.


Les actions des organismes d’État de lutte contre le racisme et les mesures répressives prises à son encontre ne semblent pas réellement la freiner dans son développement. La seule anicroche observable pour B&H réside dans les « guerres des frères » caractéristiques de ce milieu politique. Les autorités publiques pourront-ils encore longtemps se satisfaire de la stratégie indirecte du « diviser pour règner » ?


Comme pour d’autres « bandes urbaines » violentes, c’est avec des réponses socio-économiques, dont le résultat devra être garanti, que des remèdes seront trouvés aux raisons nocives de l’engagement de milliers de « jeunes blancs » pour combattre les ennemis de l’Occident désignés par Blood and Honour, sous le drapeau renaissant à croix gammée.



MANUEL ABRAMOWICZ


Journal de RésistanceS
Observatoire belge de l'extrême droite



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L'article que vous venez de lire est issu des archives du Journal de RésistanceS. Sous le titre « Portrait d’une organisation néonazie internationale : Blood and Honour contre le ZOG », il a été publié une première fois le 10 septembre 2011 sur le site Internet de RésistanceS. Àla suite d'une actualité récente en Belgique, il a été remis en ligne, le mardi 25 août 2020, ici sur le blog de notre journal.








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