RésistanceS | Observatoire belge de l'extrême droite | Bruxelles | Samedi 16 mai 2020 | 10 : 08 | Première publication : mai 2019 dans n°1 du Journal de résistances, version papier.
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Considéré comme une « spiritualité » orientale, le bouddhisme
n'est vu en Occident que sur sa version zen © Photo RésistanceS – M.AZ.
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ÉPISODE 5/5 – Au coeur de la pensée conforme. L'intégrisme des catholiques traditionalistes, celui des salafistes d'un islam rétrograde ou encore le fanatisme des colons du « Grand Israël » peuvent être – à juste titre – critiqués. Ce n'est pas le cas du radicalisme bouddhiste – POLITIQUEMENT INCORRECT
La prix Nobel de la paix 1991, la birmane Aung San Suu Kyi, aujourd'hui âgée de 73 ans, est très mal à l'aise à l'égard des massacres religieux et racistes ordonnés par des moines intégristes bouddhistes, dans son pays, contre le peuple des Rohingyas. Il en va de même pour les disciples occidentaux de ladite « spiritualité » bouddhiste.
Comme l'a parfaitement illustré un débat polémique qui eut lieu, en juin et en septembre 2017, sur les murs des espaces Facebook administrés par le journal RésistanceS, suite à la promotion, sur ceux-ci, du film documentaire « Le Vénérable W ».
Omerta chez les bouddhistes
Réalisé par le documentaliste suisse Barbet Schroeder, ce documentaire est consacré à Ashin Wirathu, le leader des moines bouddhistes radicaux qui commettent depuis le début des années 2010 les massacres contre les Rohingyas. Ces pogroms racistes et antimusulmans sont rendus possibles grâce à plusieurs facteurs, comme l'explique Claude Demelenne dans le premier épisode de notre série : le nationalisme xénophobe birman, le courant fondamentaliste du bouddhisme et l'anti-islam international.
Face à l'épuration religieuse et ethnique, le journal RésistanceS a ouvert le débat sur le réseau social pré-cité, en posant la question sur le silence d'abord, la timidité ensuite de Aung San Suu Kyi pour s'opposer publiquement aux massacres contre les Rohingyas, mais également de l'omerta sur ceux-ci observée dans la communauté bouddhiste et sa diaspora dans le monde, y compris en Belgique.
Cette prise de position de RésistanceS a dès lors suscité chez des membres de ses pages sur Facebook des critiques et des polémiques. En effet, le bouddhisme est présenté comme une « spiritualité », non comme une religion. Son caractère pacifiste est systématiquement mis en avant. Avec les révélations sur l'implication directe du leader des crânes rasés bouddhistes Wirathu dans les massacres contre la minorité musulmane birmane, une autre image du bouddhisme a pourtant – enfin ! - été présentée. Une tentative avait déjà été faite dans les années 1990 par Charlie Hebdo. Le journal satirique libertaire français avait notamment dénoncé la voie misogyne de cette croyance religieuse où les femmes sont plus proches des animaux que des hommes...
Le style zen de la haine
Les révélations sur la face sombre de cette religion - comme les autres – mettent ses disciples et ses soutiens « bouddhiphiles » dans l'incertitude pour certains, poussent d'autres carrément à la négation. Après la proposition faite à un cinéma alternatif de la Fédération Wallonie-Bruxelles de projeter, aux frais de RésistanceS, le documentaire « Le Vénérable W » de Barbet Schroeder et ensuite de débattre de son thème, une fin de non recevoir a été exprimée par divers détours inexcusables. Pas touche à Bouddha.
Le nationalisme, le racisme, la musulmanophobie et l'extrême droite ne sont pas que des sous-produits nocifs de l'Occident chrétien. Le radicalisme bouddhiste est également une réalité et prouve que les théories de la haine peuvent désormais adopter un style zen. C'est moins le bruit des incantations spirituelles des moines bouddhistes qu'il faut crainte que le silence des disciples asiatiques - et occidentaux - de Bouddha.
MANUEL ABRAMOWICZ
RésistanceS | Observatoire belge de l'extrême droite
Tous les épisodes de notre série sur les massacres des Rohingyas en Birmanie
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- Qui sont les Rohingyas ? (3/5)
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