Un cheval de Troie du Vlaams Belang à Grimbergen ?





[RésistanceS – Samedi 20 octobre 2018]



CORDON SANITAIRE BRISÉ – Comme dans la ville de Ninove, dans la commune de Grimbergen, le Vlaams Belang était officiellement absent. Cependant, une des listes présentes le 14 octobre dernier aux communales était conduite par un ancien dirigeant du Vlaams Blok / Belang. Cette liste vient de faire alliance avec les libéraux de l'Open VLD locaux pour diriger la commune – DÉCODAGE




Dans la commune flamande de Grimbergen, dans le nord de Bruxelles, les résultats de dimanche dernier sont les suivants : près de 22 % pour Vernieuwing Grimbergen (Renouveau pour Grimbergen), une liste citoyenne qui y devient du coup la première force électorale, contre 17 % pour l'Open VLD, 16 % pour le CD&V, 16 % pour Groen, 13 % pour la N-VA, 8 % pour SP.a et 6 % pour l'Union des francophones.



Dimanche dernier, il n'y avait pas de liste déposée par le Vlaams Belang (VB). Pourtant, le parti nationaliste d'extrême droite y était en quelque sorte bien présent. En effet, la liste Vernieuwing Grimbergen était conduite par un certain Baert Laeremans. Un individu bien sur tout rapport. Propre sur lui. Le gendre idéal en résumé. Pourtant, il s'agit d'un ancien haut dirigeant du VB. Ce qui ne semble pas être un soucis pour la section locale de l'Open VLD, le parti libéral flamand, qui vient de sceller une alliance avec la liste Vernieuwing Grimbergen pour y constituer une majorité.

Baert Laeremans est un pur produit de l'extrême droite historique flamande, comme l'a toujours informé le journal antifasciste néerlandophone Verzetet son partenaire francophone, RésistanceS.be, et avant eux, les revues CelsiuS et Halt !Retour dans le passé politique du chef de file de la liste Vernieuwing Grimbergen.


Un nationaliste pour l'Orde Nouveau

Durant ses années d'études en droit à l'université, Baert Laeremans reçoit un enseignement parallèle, de nature politique, au sein du Nationalistische studentverbond(NSV). Le NSV est un cercle d'étudiants d'extrême droite, dont l'un des modèles politiques était Orde Nouveau, le mouvement néofasciste qui fonda, en 1972, le Front National français dont le premier président fut Jean-Marie Le Pen.

Après son cursus universitaire et comme bien d'autres activistes du NSV, Laeremans passe au Vlaams Blok, le nom du Vlaams Belang de 1978 à 2004. Le jeune avocat n'est pas un simple petit adhérant de base de ce parti d'extrême droite, issu du courant radical du mouvement national-flamand historique. Il accède très vite à ses instances dirigeantes et en devient un de ses plus actifs parlementaires.

En plus de son travail pour le Blok, il collabore – comme d'autres membres de la direction du parti - également à la rédaction de la revue confidentielle de Were Di. Ce cercle de réflexion idéologique a été fondé par des nostalgiques de la Flandre collaborationniste durant l'occupation nazie. Le manifeste doctrinal de fondation en 1978 du Vlaams Blok était un copier/coller de celui deWere Di. Ce dernier fut le laboratoire d'idée du premier.Réelle rupture avec le Belang ?

Le nouveau partenaire communal de l'Open VLD à Grimbergen se trouvait au Vlaams Blok / Belang parmi ses purs et durs. Son départ du parti d'extrême droite, il y a moins de trois ans, signifie-t-il qu'il ait totalement ou en partie rompu avec cette formation qui préconise une Flandre blanche indépendante, ses dirigeants et son programme ? Baert Laeremans a-t-il officiellement démissionné du VB ? Si oui, que mentionnait le motif dans sa lettre de rupture ? Et peut-il la montrer si cette lettre existe réellement ?

Sans réponse de sa part, nous pouvons supposer que le départ de Baert Laeremans s'est fait, comme pour d'autres leaders du VB, par pure stratégie opportuniste, suite à l'arrivée massive, après le milieu des années 2000, de la N-VA dans le paysage électoral. Cette apparition a plombé les ailes du Vlaams Belang, provoquant sa chute rapide et vertigineuse ensuite. Pour sauver leur peau politique, une migration vers la N-VA ou des structures communales locales, certes limitée, fut observée chez plusieurs blokkers purs jus.

Dès lors, nous ne pouvons que douter de la conversion aux valeurs démocratiques du futur échevin de l'intégration de Grimbergen.




Affiche pour une conférence du groupe de lycéens d'extrême
droite NjSV, avec un haut dirigeant du Vlaams Belang

qui deviendra échevin à Alost, en 2012, de la N-VA .
Archives RIDAF.
Autres cas de transfuges VB

En 2012 déjà, dans la ville d'Alost, situé dans la Province de Flandre-Orientale, Karim Van Overmeire, désigné échevin de l'éducation, des bibliothèques, de la coopération européenne et internationale, du patrimoine, de l'immigration et de l'intégration civique, de la majorité conduite par une coalition formée de la N-VA, du CD&V et du SP.a, venait aussi, comme Baert Laeremans, des rangs de la haute direction du Vlaams Blok. C'est même Van Overmeire qui avait rédigé, avec le leader des fondamentalistes du VB, Filip Dewinter, le « Programme en septante points contre l'immigration ». Un programme qui sera dénoncé à l'unanimité au Parlement flamand, par tous les partis démocratiques, comme s'inspirant des lois raciales nazies de Nuremberg et de l'Apartheid à l'époque de la dictature blanche en Afrique du sud. Le même programme sera condamné par la justice belge en 2004 comme étant raciste, obligeant le Vlaams Blok à devenir le Vlaams Belang. A l'époque, Karim Van Overmeire et Baert Laeremans faisaient toujours partie de ce parti d'extrême droite.

Après ses électeurs, l'exfiltration et le recyclage d'anciens dirigeants du Vlaams Blok / Belang se poursuit en Flandre, le plus souvent sous l'égide de la N-VA, mais également de l'Open VLD. Sans que cela semble poser de réels soucis de consciences auprès de leur partenaire francophone au gouvernement fédéral, le Mouvement réformateur (MR) de Charles Michel.

ALEXANDRE VICK

web-journal RésistanceS


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