Marche d'extrême droite à Bruxelles, le journal RésistanceS y était (reportage exclusif)

RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite  Dimanche 16 décembre 2018


L'EXTRÊME DROITE DANS LA RUE – Plus de 5000 militants d'extrême droite conduits par le Vlaams Belang ont défilé ce dimanche à Bruxelles. Officiellement contre la signature par la Belgique du « Pacte de Marrakech ». Les slogans ciblaient les immigrés, les migrants, les gauchistes et les francophones. La violence fut au rendez-vous – REPORTAGE ET PHOTOS DE RESISTANCES - EXCLUSIF

Ce dimanche, deux membres de la rédaction du web-journal RésistanceS se sont rendus, incognito, au coeur de la « Marche contre le Pacte de Marrakech » de l'Organisation des Nations Unies sur les migrations. Ce défilé était organisée à Bruxelles le parti d'extrême droite Vlaams Belang, avec le soutien de divers groupes nationalistes flamands, dont le Vooprost (en charge de son service d'ordre) et Schield & Vrienden. Mais également, certes à la dernière minutes, avec le soutien de Théo Francken, jusqu'à la semaine dernière, secrétaire d'État fédéral à l'Asile et à la Migration du gouvernement conduit par le francophone libéral Charles Michel. Francken est également depuis le milieu des années 2000 le « leider » de l'aile d'ultra droite identitaire de la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA).


Lors de cette marche, les principaux dirigeants de l'extrême droite flamande s'y trouvaient  : Filip Dewinter et Filip De Man du Vlaams Belang, Luc Vermeulen du groupe d'action nationaliste Voorpost, le jeune Dries Van Langenhove (en photo ci-contre) du groupe Schild & Vrienden, dont les références nazies avaient été révélées par une enquête d'un journaliste de la VRT en septembre dernier, les cadres dirigeants du NSV (cercle étudiant d'extrême droite présent sur plusieurs campus universitaires) et du KVHV (lcercle étudiant catholique) ....

Notons encore la présence de Gunther Vleminx de la Vlaamse Verdedigingsliga (VVL, la Ligue de défense flamande), un groupuscule anti-Islam aujourd'hui en sommeil, et de Kristof De Smet, le porte-parole de Pegida Vlaanderen, la branche flamande des Patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abendlandes (« Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident »), un mouvement raciste européen apparu en Allemagne en 2014).

Pour grossier ses rangs, l'extrême droite flamande a encore été renforcé par des étrangers. En effet, une délégation de Pegida Nederland avait fait le déplacement jusque Bruxelles pour manifester contre le Pacte de l'ONU.


Motards et hooligans d'extrême droite
Dans ce défilé nationaliste flamand marchaient aussi plusieurs adhérents de clubs de motos, comme les motards de la bande des « Déplorables Flanders » et du « MC Mjölnir ». Ce dernier est mené par Tomas Boutens, ancien militaire de carrière et dirigeant d'un groupe clandestin de naziskins, Bloed, Bodem, Eer en Trouw (BBeT, en français : Sang, terre, honneur et fidélité), une dissidence de Blood and Honour., Démantelé en septembre 2006, BBeT avait prévu des actions terroristes pour provoquer une « guerre raciale ». Quatorze de ses membres, dont Boutens, seront lourdement condamnés en février 2014 pour racisme, négationnisme, association de malfaiteurs et détention d'armes.

Ce dimanche, avec une quinzaine d'autres affiliés du « MC Mjölnir », identifiables à leurs vestes et leurs écussons naziphiles, avec rune d'Odal et marteau de Thor notamment, Tomas Boutens était présent à la Marche contre le Pacte de Marrakech, non loin d'adhérents du Vlaams Belang et de la N-VA. Avec sa bande de motards, il reprit tranquillement le train vers chez lui à la gare Centrale à 16h30.

Plus nombreux que ces motards d'extrême droite, se sont surtout des bandes de supporters ultra de football qui constituaient les gros bras violents de cette marche. C'est eux qui furent les plus actifs dans les graves incidents qui se sont déroulés dans le quartier européen après 14 h.

Violences contre des journalistes
Entre le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne, jusqu'aux alentours du Cinquantenaire, à quelques mètres de la Grande Mosquée de Bruxelles, les nervis violents d'extrême droite ont tout cassé sur leur passage. En commettant des agressions visant des journalistes, dont celle du quotidien La Capitale(d'origine africaine, elle a été la cible de crachats et d'insultes racistes), d'un caméraman et de plusieurs photo-reporters, traités de « fils de putes ».

Après avoir été chassés du Parc du Cinquantenaire, les casseurs nationalistes ont été repoussés jusqu'au au carrefour de l'avenue de Tervuren et de la rue des Tongres, dans le quartier Mérode. Les forces de l'ordre ont alors procédé à une vingtaine d'arrestations de plusieurs fauteurs de troubles, dont une bande de jeunes étudiants BCBG qui s'était réfugiée dans une brasserie chic du quartier. Repérés par des policiers, ils durent sortir les mains en l'air, puis sur la tête, et tour à tour furent fouillés, mis à genoux et embarqués dans les combis de police. A la vue de leurs têtes, ces jeunes racistes de bonnes familles, une fois arrêtés, ne semblaient pas être très fiers d'eux. Manifester contre les « rats bruxellois et marocains » (sic) est une chose, terminer la journée au trou en est une autre.

© Photos RésistanceS

Si plus de 99 % des participants venaient de Flandre, quelques militants bruxellois et wallons d'extrême droite y étaient également présents. C'est le cas de ceux du mouvement « national-solidariste » Nation. Plusieurs d'entre eux se sont retrouvés au coeur des incidents violents devant le Berlaymont, juste avant la charge de la cavalerie policière. 

C'est le cas d'Eddy De Smedt (ci-dessous sur nos photos), le président bruxellois de Nation et ancien policier. Dans son sac à dos, il transportait un kit utile pour affronter ses ex-collègues, notamment pour faire face au gaz lacrymogène.



© Photos RésistanceS

Le Parti des pensionnés, animateur de la section liégeoise du parti politique AGIR, fondé par le « canal historique » de l'ancien Front national, a manifesté son soutien à la « Marche ». Plusieurs de ses militants avaient même fait le déplacement de Liège à Bruxelles.

Chants d'extrême droite et alcool
De retour à la gare centrale, des policiers en uniforme et en civil filtraient les nombreuses personnes présentes dans le hall d'entrée et sur les quais. Vers 16 h, des groupes de manifestants arrivèrent pour reprendre leur train et rentrer chez eux, en hurlant des chants et des slogans d'extrême droite devant des touristes ébahies.

Une journaliste de VRT postée devant la gare fut violemment agressée par des surexcités revenant de la marche. Des policiers en civil durent intervenir, bonbonne de gaz à la main, pour éviter un passage à tabac en règle. Les agresseurs, comme cela fut observé durant la « marche brune », semblaient fortement imbibés par des boissons alcoolisées.

Les échauffourées qui se sont produits ce dimanche dans le quartier européen de Bruxelles, à la fin de cette Marche contre le Pacte de Marrakechk, confirment que les actions de l'extrême droite sont par nature des plus violentes. Malgré cet enseignement, Théo Francken, compagnon de route de 2014 à tout récemment du Premier ministre fédéral, le francophone libéral Charles Michel (MR), avait apporté son soutien à cette marche brune.


JULIEN VANDEN BOSCHE
(avec Chris VERBOOM)


RésistanceS |Observatoire belge de l’extrême droite






LES AUTRES PHOTOS DU 
REPORTAGE DU WEB-JOURNAL RESISTANCES









Tomas Boutens (en bas des escaliers) quitte Bruxelles par la gare Centrale, avec le 
MC Mjölnir, son club de motards néonazi © Photo RésistanceS



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