RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite | Jeudi 9 mars 2017
Enquête exclusive du journal d'investigation RésistanceS.be sur l'avenir de l'extrême droite belge francophone (3/4)
En
1989, les principaux cadres liégeois du Parti des forces nouvelles
(PFN), la branche politique du Front de la jeunesse, apparu en 1974,
font dissidence suite à des tensions internes sur la question de la
négation des crimes de guerre et contre l'Humanité, commis par le
Troisième Reich allemand durant la Seconde Guerre mondiale. La
dérive antisémite du PFN est la pierre d'achoppement entre sa
section liégeoise et sa section bruxelloise.
Des
succès électoraux prometteurs
Les
dissidents de la Cité Ardente fondent, dès lors, une nouvelle
formation politique qui prendra le nom d'« AGIR ». Obligé
de se présenter aux élections avec des initiales, AGIR signifie
« Avant-garde
d’initiative régionaliste ». Elle se présentera souvent
comme étant un « parti
d’opposition populaire »
ou sous le vocable de « front
wallon AGIR ».
Dans
l'histoire de la « droite nationale » en Belgique
francophone, c'est AGIR qui a été l’unique concurrent électoral
sérieux du Front national. Comme le confirment ses scores obtenus à
diverses élections : aux communales de 1994 plus de 6 % à
Liège, à Herstal et à Dison ; aux européennes de la même année,
plus de 7 % dans les cantons de Liège et Herstal. AGIR obtiendra
plusieurs élus : huit conseillers communaux et deux conseillers
provinciaux.
Des
tensions internes jusqu'à l'implosion
Malgré
ses bons scores électoraux prometteurs et une organisation efficace,
grâce à des cadres ayant suivi auparavant des formations
idéologiques sérieuses (au Front de la jeunesse, dans les colloques
et séminaires du Groupement de recherche et d'études pour la
civilisation européenne, le GRECE, l'organe de la « Nouvelle
Droite »...), AGIR va tout de même sombrer dans des conflits
internes en automne 1994. Ce qui lui coûtera, l'année suivante, son
existence. En 1996, une partie de son noyau fondateur rejoint la
direction du Front national de Daniel Féret. Vu la désorganisation,
les dysfonctionnements et les guéguerres de clans permanentes au FN
belge, ils n'y resteront qu'un court laps de temps.
À la
veille des élections communales de 2000, les ex-frontistes d'AGIR,
avec d'autres anciens de ses responsables, vont être à la base de
la création d'un nouveau parti nationaliste, le « Bloc
wallon » (BW). Un soutien important est apporté par la
tendance radicale du Vlaams Blok, conduite par son chef charismatique
Filip Dewinter. Mais très vite, les conflits internes, habituels
dans ce milieu politique referont surface et le BW n'aura été
qu'une brève aventure.
Le
retour d'AGIR
Disparu
définitivement du paysage politique, le parti AGIR laissera le champ
libre au FN et aux autres groupuscules nationalistes d'ultra droite.
Cependant, sachant que le nom de cette formation d'extrême droite
pourrait encore avoir un potentiel sur le plan électoral, les
derniers dirigeants du FN belge, menacés sans cesse de poursuites
judiciaires par Marine Le Pen (revoir l'article 1/4 de la présente
enquête), ont récupéré son nom d'origine. Pour pouvoir protéger
son utilisation aux prochaines élections, ils ont même créé une
asbl, il y a quelques jours, et protégé légalement son sigle (un
trident tricolore), comme explicité dans le premier article de notre
présente enquête exclusive sur la situation actuelle de l'extrême
droite francophone.
ALEXANDRE
VICK
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