Un fasciste français de jadis toujours modèle en 2016 pour l'extrême droite

RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite  | Lundi 8 février 2016

Brasillach pendant la guerre 40-45.

HISTOIRE ACTUELLE - Durant l'occupation allemande, l'antisémite français Brasiliach a été un fervent collaborateur. Exécuté le 6 février 1945, il reste de nos jours une référence pour l'extrême droite radicale et identitaire. En France, comme en Belgique. Samedi dernier, une journée d'hommage lui a été consacrée.

L'écrivain et publiciste Robert Brasillach (1909-1945) a fait partie de l'Action française (AF), le mouvement national-monarchiste antisémite fondé en 1898, pendant l'« affaire Dreyfus », par Henri Vaugeois et Maurice Pujo. Le dirigeant charismatique de l'AF sera Charles Maurras, le théoricien du « nationalisme intégral » et de « l'antisémitisme d'Etat ».






Au service des nazis
En 1938, Robert Brasillach publie le livre « Les Juifs ». Il est suivi l'année suivante d'un autre : « Les Juifs et la France ». Les appels à la dénonciation des « israélites » étaient alors récurrents.

Sous l'Occupation, cet auteur français, obsédé par le « péril juif » et son « complot contre l'Occident chrétien », est le rédacteur en chef du journal Je suis Partout. Principal hebdomadaire collaborationniste et antisémite français, il n'avait rien à envier aux publications antisémites nazies éditées dans le Troisième Reich hitlérien. Je suis partout revendiquait sa filiation avec le célèbre antisémite Edouard Drumont, auteur notamment du pamphlet antisémite « La France juive », publié en 1886, et fondateur de la Ligue nationale antisémitique de France. Léon Degrelle, le dirigeant-fondateur de REX, le parti d'extrême droite royaliste et catholique belge influencé par l'Action française, avait été le correspondant en Belgique du journal de Brasillach, vendu en 1942 à plus de 250 000 exemplaires. 

Cette année-là, le 25 septembre exactement, à l'époque des rafles anti-juives de la police française aux ordres de l'occupant nazi, Robert Brasiliach écrit: « 
Il faut se séparer des Juifs en bloc et ne pas garder les petits. »

Pour faits de collaboration, il est arrêté, emprisonné et jugé à la Libération. Le 6 février 1945, Brasillach est exécuté. Il restera néanmoins une référence idéologique et un modèle politique pour l'extrême droite qui survivra à la Deuxième Guerre mondiale.

Brasillach toujours actuel en 2016
Preuve de la fidélité entretenue au culte de la personnalité de Brasillach : ce samedi matin, le Cercle franco-hispanique (CFH), un groupuscule néofasciste, a organisé, comme chaque année, un dépôt de gerbe au cimetière de Charonne, dans le 20e arrondissement de Paris, sur sa tombe. Une heure plus tard, il fut célébré une « messe en hommage aux morts du 6 février 1934 », tombés lors d'une tentative de putsch de l'extrême droite contre la République française en 1934, et pour le « repos des âmes » de Robert Brasillach et Maurice Bardèche (1907-1998). Ce dernier était son beau-frère. Après la Libération, Bardèche fut l'un des principaux organisateurs des mouvements néofascistes français et européens.

Cette cérémonie annuelle pour Brasillach était, une fois encore, soutenue par une mouvance de nostalgiques de l'Ordre nouveau des années 30. Sa promotion sur Internet fut faite par Jeune Nation. Ce journal en ligne est édité par des membres de la direction du Parti nationaliste français (PNF). Apparu une première fois en 1983, autour de dissidents du Front national, parmi lesquels se trouvaient des anciens de la SS française, cette formation politique a été refondée, en novembre dernier, par les restes du PNF historique et par son organe de presse, Militant, renforcés par le transfuge de militants et des chefs des ex-OEuvre française et Jeunesses nationalistes, (deux groupuscules d'extrême droite dissous en 2013 par les autorités françaises). Comme il l'est constaté, en 2016, Robert Brassilach reste adulé par les troupes du PNF et bien d'autres mini-organisations nationalistes de droite.

Des dirigeants de NATION lors d'une récente action militante à Bruxelles. Ce mouvement « national-solidariste » est-il
en Belgique aussi un bastion de nostalgiques de Brasillach ? - Photo Facebook.


En Belgique, Robert Brasillach reste aussi une référence idéologique. « Ce jour, septantième anniversaire de l'assassinat du romancier et poète Robert Brasillach... Aujourd'hui, contre le système soyons Brasillach! », avait écrit, il y a tout juste un an, sur son mur Facebook (toujours en ligne à la date de cet article) un certain « Nico Nation ». 

Qui est ce jeune nationaliste belge inconnu du grand public qui se cache derrière ce faux profil sur Facebook ? Insignifiant dans le paysage politique de notre pays, il s'agit de Nicolas Pignolet (ci-dessus sur la photo, le premier à gauche), l'actuel secrétaire politique de NATION. Il n'est pas le seul admirateur de l'antisémite fasciste Brasillach au sein de ce mouvement d'extrême droite belge de tendance « national-solidariste ». Il y en a encore bien d'autres... 

Jonathan De Lathouwer

Pour RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite



 

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