Comme ses « soldats politiques », le chef fondateur de Nation va aussi « au contact »

RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite Mardi 16 février 2016

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VIOLENCE URBAINE – Le journal RésistanceS l'a toujours affirmé, avec de nombreuses preuves à l'appui : la violence est endogène à l'extrême droite. Comme le démontre le « procès des six de Nation ». Ceux-ci avaient été « au contact » (sic) d'un SDF identifié comme « antifa ». Il fut tabassé à la manière des lynchages du sinistre KKK américain. Le dirigeant-fondateur de Nation est-il lui aussi un adepte du contact direct ? – DEMONSTRATION EN IMAGE.


Ce mercredi matin, dès 8 h 45, le tribunal correctionnel de Bruxelles doit rendre son jugement dans le procès de cinq militants et d'un dirigeant de Nation, un mouvement d'extrême droite de tendance « national-solidariste » fondé en 1999, entre autres, par des dissidents du Front national belge et du Front nouveau de Belgique.

Ces illustres représentants de Nation furent inculpés pour la ratonnade d'un SDF belge d'origine polonaise, ainsi que pour d'autres coups et blessures sur des militaires en faction à l'entrée du Parlement européen de Bruxelles devant lequel ce passage à tabac fut commis, et sur des policiers durant une arrestation rocambolesque. Ce « fait divers » s'est déroulé le 1er juin dernier, après une tentative militante organisée par NATION, en collaboration avec deux groupes identitaires flamands, pour empêcher une manifestation légale de demandeurs d'asile dans le quartier européen de Bruxelles.

La principale victime de ce commando paramilitaire de Nation avait alors été identifiée comme un militant antifasciste par ses agresseurs, comme l'enquête judiciaire le démontrera.

« Au contact » à six contre un !
Dans ses aveux, après son arrestation, Pascal C, l'un des auteurs de ce lynchage, ex-secrétaire général de Nation mais toujours membre de son comité exécutif, affirma que, se sentant menacé par ce SDF à l'allure de gauchiste, il était parti avec ses camarades « au contact ». A six contre une seule personne.

Les membres de ce véritable gang urbain ultra-violent se sont alors lancés à l'assaut de leur proie, en mettant au préalable leurs gants de combat et chaussés de leurs bottines militaires. Pour le passer - de la tête aux pieds - à tabac. Soyons précis : « Pour lui donner une leçon » après avoir été « au contact », comme le rappela la Procureure du roi, lors de l'audience du 15 décembre dernier.

Le terme « aller au contact » est utilisé dans les modes opératoires militaires ou par les voyous adeptes de la bagarre de rue. Il signifie aller en direction d'un ennemi pour riposter et lui infliger des coups afin de le neutraliser. Dans des manifestations ou durant des actions commandos, comme actuellement à Calais contre des migrants, des nervis d'extrême droite vont régulièrement « au contact ». Ce savoir-faire est une de leur spécialité. Les « six de Nation » le firent, en juin dernier, avec les résultats que l'on sait.

Mais combien d'autres violences sont restées impunies pour la simple et bonne raison qu'aucun témoin ne fut présent ? Pour rapporter les faits et aider les victimes à déposer plainte ? Comme cette personne d'origine étrangère qui reçut, gratuitement, un coup de poing au milieu de la foule de la rue Neuve à Bruxelles, il y a plusieurs années. Son crime ? Avoir croisé par hasard le chemin d'un futur dirigeant de NATION, accompagné d'une jeune nouvelle recrue. 

Opération commando paramilitaire

Les militants de NATION responsables de l'agression du 1er juin 2015 ne sont donc évidemment pas les seuls à avoir été « au contact » dans l'histoire de NATION et de son ancêtre, le groupe néonazi L'Assaut.

Un certain Hervé Van Laethem est lui aussi souvent aller « au contact ». Qui est-il ? Il s'agit du dirigeant-fondateur en personne de Nation. Auparavant, très jeune militant de la mouvance néonazie active au début des années quatre-vingts en Belgique, il avait rapidement accédé à la direction de groupes nationalistes purs et durs et nostalgiques tant d'Adolf Hitler que de son fils spirituel belge, Léon Degrelle : EPE, Mouvement européen, VMO-Bruxelles et groupe L'Assaut


A la fin des années quatre-vingts, Hervé Van Laethem figure sur une photo, parue dans un hebdomadaire flamand, prise lors d'une opération commando du VMO contre le concert d'une artiste africaine ayant eu lieu à l'occasion de la Fête flamande du 11 juillet, sur la Grand-Place de Bruxelles. Cette photographie montre ce « soldat politique » (vocable interne pour désigner les militants d'extrême droite) aller « au contact » d'un spectateur d'origine africaine. S'agit-il désormais d'une erreur de jeunesse ? D'un vieux cliché jauni par le temps ?

Que nenni ! Quatre ans après, dans le grand hall de la gare de Liège, un commando paramilitaire néonazi venant de Bruxelles partira, avec une extrême violence, « au contact » de militants de gauche s’apprêtant à prendre le train pour participer, dans la capitale, à une grande manifestation nationale contre le racisme qui doit avoir lieu quelques heures plus tard. Les membres du commando - en tenue militaire, cagoulés, armés de matraques et de bombes lacrymogènes - sont des activistes du groupe L'Assaut. Le chef de l'opération est Hervé Van Laethem, alors toujours sous-officier actif de l'Armée belge. Ils sont tous arrêtés de façon musclée. Conduits à la prison de Lantin, ils y passeront plusieurs semaines derrière les barreaux. Ces faits graves les conduiront devant le tribunal correctionnel. Ils seront sévèrement condamnés par notre justice. Affaire close ? Pratique abandonnée ? Incitation à la violence rangée au placard ?


« Un bon coup de poing dans sa sale gueule »
Tout récemment, le 8 janvier dernier, sur son mur Facebook le même Van Laethem a mis en ligne une nouvelle photo de lui. Prise lors d'un défilé d'extrême droite, il figure sur celle-ci en pleine confrontation avec un opposant.

Cette photo va susciter des commentaires très précis de ses amis facebookiens (et politiques pour la majorité). Le même jour, à 12 h 07 précisément, Thomas Joly, un skinhead ayant endossé le costume cravate pour obtenir le titre de secrétaire général du Parti de la France (PdF), une dissidence du FN lépeniste, écrit à propos de la photo de son camarade belge : « Au contact ». Comme par hasard ?

Un autre, dénommé « Vintos Mixalis Michel », complète vingt minutes plus tard par : « Mets lui en une Hervé ... ». « Flanque-lui une pêche Hervé ... » écrira, le même jour, un autre pote du chef de Nation. Tout comme Laurent Heyne qui postera : « une bonne dans ça tronche... ». Plus tard dans la soirée, un individu agissant sous le pseudonyme de « Longue Route » proposa à « Hervé » de donner la prochaine fois « un bon coup de poing dans la sale gueule du bougne » (NDLR : du « bougnoule »), accompagné d'un des slogans habituels de l'extrême droite : « retour au pays ! ».

Dans ce fil de discussion est aussi apparue une certaine Nadine Lemmens, une vieille connaissance de RésistanceS. Ancienne membre du Parti des forces nouvelles (PFN), elle fut liée au Westland national socialistische ordnung (WNSO), mieux connu sous le nom de Westland new poste (WNP), une organisation néonazie clandestine impliquée dans les « années de plomb » belges. Cette activiste bruxelloise est aussi passée par le FN belge de Daniel Féret, puis au Front nouveau de Belgique (FNB), tout comme Van Laethem. Après son élection en 1994 à Bruxelles-ville comme conseillère communale frontiste, Lemmens avait prêté serment en faisant le salut nazi.


Grâce à Facebook, revoilà « R.V. » et Nadine Lemmens à nouveau en contact ! Iront-ils à la prochaine action militante, ensemble, « au contact » de leurs ennemis multiples ? A suivre.



ANNE-LAURE DE RYCK
RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite 









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