RésistanceS | Observatoire belge de l'extrême droite | Samedi 2 janvier 2016
INFO
EXCLUSIVE – Durant
ces vacances, une dizaine de militants « nationalistes
autonomes » flamands et wallons fêtait ensemble le solstice
d'hiver, sous l'égide d'Adolf Hitler. Le rassemblement s'est déroulé
dans les environs de la ville de Liège. Autour du feu, des jeunes
activistes, mais aussi un revenant : le « Fondateur »
de REF et ex-dirigeant d'AGIR. Une trahison pour NATION –
COMPTE-RENDU DE RESISTANCES
Après
une halte à la gare du Nord de Bruxelles, la petite troupe des
Autonome nationalisten Vlaanderen (ANV), un groupuscule néonazi
flamand (1), a repris le train pour Liège, le samedi 26 décembre
dernier. Puis, elle s'est embarquée dans un bus des TEC, en
direction du lieu où s'est déroulé, dans la soirée, le Solstice
d'hiver, une fête traditionnelle païenne célébrée aussi par
l'extrême droite radicale, comme jadis les SS le faisaient.
Durant le voyage, à plusieurs reprises, un portrait d'Adolf Hitler mis avec soin dans un cadre fut brandi (voir notre photo ci-dessous), dans le train, puis dans le bus, par les membres des ANV, conduits par leur leader, le vilvoordien Christian Berteryan (35 ans).
Durant le voyage, à plusieurs reprises, un portrait d'Adolf Hitler mis avec soin dans un cadre fut brandi (voir notre photo ci-dessous), dans le train, puis dans le bus, par les membres des ANV, conduits par leur leader, le vilvoordien Christian Berteryan (35 ans).
Propagande nazie et cadre de NATION
Une fois arrivés sur place, les « nationalistes autonomes flamands » ont été accueillis par leurs « kamarades » des NAW, les « Nationalistes autonomes Wallonie », unifiés au sein d'un nouveau groupe d'activistes identitaires, il y a quelques mois, dans la région liégeoise (2).Dans la salle où les discours politico-religieux traditionnels furent prononcés, de la propagande nazie avait visiblement été déployée. Des exemplaires du bulletin interne en français du NSDAP-AO, l'« organisation extérieure » du parti national-socialiste hitlérien reconstitué aux Etats-Unis, en 1972, par un néonazi local, Gary Lauck (né en 1953), se trouvaient sur une table. Dans les années 1980, c'est le groupe L'Assaut d'Hervé Van Laethem qui était le contact belge francophone de ce NSDAP-AO. Outre le journal « NS », il y avait aussi celui d'une association allemande d'anciens combattants nazis et des autocollants préconisant la défense de la « race blanche ». Sans oublier, le portrait du Führer du Troisième Reich.

Le 15 décembre dernier, le même Carli se trouvait dans la salle d'audience du tribunal correctionnel de Bruxelles où se déroule actuellement le procès des inculpés de cette ratonnade (3).
Le retour du « Fondateur » de REF !
En
plus de ce responsable de NATION, RésistanceS a encore pu
constater la présence à ce solstice d'hiver de trois « revenants »
Disparus de la « scène nationaliste » depuis le début
des années 2000, il s'agit d'Alain Pauchen, de Christian Nokin
(parent direct du jeune dirigeant des NAW) et d'Hubert Defourny (59
ans).
Très
actif dans les années 1990, d'AGIR au mouvement néorexiste REF
qu'il fonda, en passant par l'éphémère Bloc wallon (4), Hubert
Defourny avait cessé toute activité politique depuis. En tous les
cas officiellement. Defourny, à l'époque de REF, organisait déjà
des solstices, dont un, en 1996, qui défraya la chronique
médiatique. Hervé Van Laethem - avec les restes de son groupe
L'Assaut - avait participé très activement à celui-ci.
Embourbé dans divers dossiers judiciaires pour infraction à la loi antiraciste et pour trafic d'armes (5), Hubert Defourny n'était plus actif dans le milieu de l'extrême droite radicale. Il fit juste une apparition furtive, en décembre 2012, à l'occasion d'un tweet provocateur émis par son « compagnon de route » flamand Filip Dewinter, le dirigeant suprême du Vlaams Belang.
La participation active de Defourny au Solstice d'hiver organisé, le 26 décembre dernier, par les Nationalistes autonomes wallons et flamands pourrait signifier son retour en politique. Un retour qui ne sera certainement pas du goût de tous ses anciens « kamarades ». Parmi lesquels, il compte en effet toujours de nombreux ennemis.
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> Photo de famille lors du Solstice d'hiver néonazi des NAW-ANV, avec Hubert Defourny,
Alain Pauchen et Christian Nokin (juste devant le drapeau des ANV, à l'extrême droite). |
« Chez les traîtres »
Deux
jours après la fête païenne des NAW et des ANV, deux membres du
mouvement NATION se sont exprimés à propos de celle-ci sur
Facebook. «Dany Ghunter», un des faux profils sur ce
réseau social utilisé par un des prévenus du procès des «six
de Nation», a posté sur le mur de Pascal de Tiege, un autre
activiste de NATION, un commentaire acide à propos de ce solstice.
Ce commentaire était : «Regarde
qui vas (sic) chez les traîtres ...».
Le Ghunter en question précisera ensuite : «Moi il est supprimer (sic) de mes amis ... pas besoin de rat ...». Les «traitres» évoqués dans son commentaire sont à n'en pas douter Hubert Defourny et ses bras-droits, Alain Pauchen et Christian Nokin.
En été 1999, ils avaient participé aux « Etats généraux du nationalisme » à la base de la création du « Mouvement pour la Nation », sous la forme d'une asbl. Après un conflit pour en devenir le « calife », Hubert Defourny quittera le noyau fondateur de NATION, laissant seul à la manœuvre son désormais ex-ami politique Hervé Van Laethem. Le leader de REF dénoncera, dans les colonnes de son journal (Réfractaire, décembre 1999), l'« imagerie de type socialo-maçonnique » de NATION. Les liens maintenus ensuite de Defourny avec Filip Dewinter, comme le révéla en janvier 2013 le journal RésistanceS sont encore à la base de la haine corse exprimée par NATION pour le premier. Ancien compagnon de route dans les années 1980, à l'époque des groupuscules « NR » (nationalistes-révolutionnaires), Filip Dewinter est considéré, après l'ascension électorale du Vlaams Blok en 1991 et ses compromis avec « les sionistes », comme un traitre à la « cause identitaire » par les purs et durs de l'extrême droite, du style Van Laethem.
Le Ghunter en question précisera ensuite : «Moi il est supprimer (sic) de mes amis ... pas besoin de rat ...». Les «traitres» évoqués dans son commentaire sont à n'en pas douter Hubert Defourny et ses bras-droits, Alain Pauchen et Christian Nokin.
En été 1999, ils avaient participé aux « Etats généraux du nationalisme » à la base de la création du « Mouvement pour la Nation », sous la forme d'une asbl. Après un conflit pour en devenir le « calife », Hubert Defourny quittera le noyau fondateur de NATION, laissant seul à la manœuvre son désormais ex-ami politique Hervé Van Laethem. Le leader de REF dénoncera, dans les colonnes de son journal (Réfractaire, décembre 1999), l'« imagerie de type socialo-maçonnique » de NATION. Les liens maintenus ensuite de Defourny avec Filip Dewinter, comme le révéla en janvier 2013 le journal RésistanceS sont encore à la base de la haine corse exprimée par NATION pour le premier. Ancien compagnon de route dans les années 1980, à l'époque des groupuscules « NR » (nationalistes-révolutionnaires), Filip Dewinter est considéré, après l'ascension électorale du Vlaams Blok en 1991 et ses compromis avec « les sionistes », comme un traitre à la « cause identitaire » par les purs et durs de l'extrême droite, du style Van Laethem.
Autonomie dans la jungle nationaliste
La
révélation sur la participation active d'Hubert Defourny et de ses
deux bras-droits au Solstice d'hiver des Nationalistes autonomes
wallons, avec les Autonome nationalisten Vlaanderen, va encore plus
atomiser l'extrême droite groupusculaire. Pour leur part, le
compte-rendu des NAW sur la tenue de cette fête païenne sur « ses
terres » est des plus positif (commentaire reproduit tel quel)
:
« C'est
avec succès que c'est déroulé le Solstice d'hiver 2015 organisé
par le mouvement "Nationalistes autonomes Wallonie". Merci
à tous de votre présence pour ce premier événement organisé chez
nous en Wallonie et un grand merci aux camarades flamands venus en
nombre nous rejoindre à cet événement. »
Il est désormais évident que les NAW-ANV prennent leur autonomie par rapport à NATION qui affirme pourtant toujours sa domination dans la jungle nationaliste-identitaire.
ALEXANDRE VICK
RésistanceS | Observatoire belge de l'extrême droite
Notes :
(1)
Autonome
nationalisten Vlaanderen (ANV) : ce
groupuscule néonazi a été fondé en 1996 dans le nord de
Bruxelles, dans la commune de Vilvoorde. Il est lié à la mouvance
de l'ex-VMO flamand et au groupe L'Assaut d'Hervé
Van Laethem. Après un passage à l'ombre de son dirigeant-fondateur,
Christian Berteryan, les ANV se sont réactivés au début de l'année
2013. Regroupant une petit dizaine d'activistes, il est le principal
partenaire flamand du mouvement NATION, fondé et dirigé par le même
Van Laethem. Sur les ANV lire notamment l'article suivant de
RésistanceS: Le
mouvement « Nation » défile avec une mouvance néonazie.
(2) Nationalistes autonomes Wallonie (NAW) : ils apparaissent en juillet 2015 dans la région de Liège, comme pendant wallon des ANV. Les NAW sont peu actifs. En octobre dernier, trois de ses membres-fondateurs participent à une manifestation néonazie dans les rues de la ville hollandaise de Gouda, avec des membres des ANV et Eddy De Smedt, le dirigeant bruxellois de NATION. Les NAW et les ANV représentent en Belgique un « réseau européen de résistance » (sic) qui se revendique ouvertement comme « national-socialiste », issu des branches allemande et hollandaise du NSDAP-AO. Sur les NAW, lire l'article de RésistanceS :
Le mouvement « Nation » défile avec une mouvance néonazie.
(3) Sur le procès de ces militants de NATION, lire l'article de RésistanceS:
Procès des « six de NATION » : compte-rendu de l'audience du 15 décembre 2015.
(4) Bloc wallon (BW) : Fondé en avril 2000, avec le soutien du Vlaams Blok, il se met en place autour de l'ex-noyau dur d'AGIR (le deuxième plus important parti de l'histoire de l'extrême droite francophone, après le FN belge), du mouvement Référendum (REF) d'Hubert Defourny, de dissidents de la direction du Front national belge (FN) et de transfuges du Front nouveau de Belgique (FNB). Après un cuisant échec aux élections communales d'octobre 2000 et des conflits internes, le BW disparait en été 2001.
(2) Nationalistes autonomes Wallonie (NAW) : ils apparaissent en juillet 2015 dans la région de Liège, comme pendant wallon des ANV. Les NAW sont peu actifs. En octobre dernier, trois de ses membres-fondateurs participent à une manifestation néonazie dans les rues de la ville hollandaise de Gouda, avec des membres des ANV et Eddy De Smedt, le dirigeant bruxellois de NATION. Les NAW et les ANV représentent en Belgique un « réseau européen de résistance » (sic) qui se revendique ouvertement comme « national-socialiste », issu des branches allemande et hollandaise du NSDAP-AO. Sur les NAW, lire l'article de RésistanceS :
Le mouvement « Nation » défile avec une mouvance néonazie.
(3) Sur le procès de ces militants de NATION, lire l'article de RésistanceS:
Procès des « six de NATION » : compte-rendu de l'audience du 15 décembre 2015.
(4) Bloc wallon (BW) : Fondé en avril 2000, avec le soutien du Vlaams Blok, il se met en place autour de l'ex-noyau dur d'AGIR (le deuxième plus important parti de l'histoire de l'extrême droite francophone, après le FN belge), du mouvement Référendum (REF) d'Hubert Defourny, de dissidents de la direction du Front national belge (FN) et de transfuges du Front nouveau de Belgique (FNB). Après un cuisant échec aux élections communales d'octobre 2000 et des conflits internes, le BW disparait en été 2001.
(5)
En mai 2014, la Cour de cassation de Namur a confirmé la
condamnation d'Hubert Defourny, à douze mois de prison, pour un
trafic d'armes volées à l'Armée belge et revendues en 2003,
prononcée par le tribunal correctionnel de Namur, puis par la cour
d'appel de Liège. Source : le quotidien L'Avenir du 24 mai 2014
[En ligne ici : Trafic
d’armes : peine définitive pour Hubert Defourny].