Bruxelles, nouvelle agression d'extrême droite



[Première édition de cet article : mardi 26 mai 2015 – Modification : 12 juillet 2015]


INFO-EXCLUSIVE - Ce mardi, devant le Parlement européen, une manifestation de sans-papiers a été attaquée violemment par des nervis néonazis conduits par un dirigeant de l'ultra droite française. Une nouvelle fois, en moins de quelques jours, les gros-bras de Nation se sont exprimés avec violence en toute impunité. Sont-ils protégés par la police ? Il est urgent qu'une commission d'enquête parlementaire s'ouvre pour répondre à cette question.


L'organisateur de la contre-manifestation illégale, Laurent Ozon, protégé par deux gros-bras de Nation - Capture image vidéo


Ce mardi 26 mai, en fin d'après-midi, sur la place du Luxembourg, en face du Parlement européen de Bruxelles, se terminait une manifestation d'immigrés sans-papiers revendiquant l'obtention d'un permis de séjour. Une délégation de celle-ci devait être officiellement reçue par des eurodéputés.

Comme le signalera la députée régionale Zoé Genot (Ecolo), sur la page Facebook du journal en ligne RésistanceS.be vers 17 h ce même mardi, ce rassemblement pacifique a été violemment attaqué par des nervis d'extrême droite. La petite poignée d'agresseurs, environ cinq personnes, sera par la suite repoussés hors de la manif par des militants immigrés et antifascistes. Ils devront même prendre la fuite, aidés et protégés par un cordon policier.


Qui sont les agresseurs ?

Selon des informations recueillies par RésistanceS.be et un document diffusé sur Internet, l'attaque relevait d'une préméditation évidente. Son organisateur est un certain Laurent Ozon, le président-fondateur du « Mouvement pour la Remigration », une nouvelle structure d'extrême droite française proche du Front national de Marine Le Pen, également députée européenne. Le Ozon en question provient d'ailleurs des rangs frontistes. Depuis plusieurs jours, il mobilisait via Twitter des militants d'extrême droite pour perturber le défilé des sans-papiers. Dans sa missive de mobilisation, il a écrit :

« Le Mouvement pour la Remigration appelle les citoyens attachés à l’Etat de Droit et à la démocratie, excédés par l’anarchie migratoire et l’inaction des pouvoirs publics, à perturber par leur présence et leurs pancartes STOP INVASION, l’incroyable manifestation de soutien aux clandestins du mardi 26 mai devant le Parlement Européen à Bruxelles. »

Pour finir, ce n'est que moins de dix activistes qui se déplaceront à la perturbation fomentée par Laurent Ozon. Et pour se faire, il dut même appelé à la rescousse des militants bruxellois. Sur des vidéos que nous avons pu visionner, dès mardi soir, les agresseurs sont parfaitement identifiables. Scandant « Belgium,Belgium », certains, à l'allure nazie-skin (NS), sont des militants bien connus du mouvement « national-solidariste » Nation. Pour un militant antifasciste qui participa à leur expulsion de la place du Luxembourg :

« Laurent Ozon avait organisé sa milice, avec les membres du mouvement néonazi Nation, pour intervenir dès qu'il aurait provoqué une bagarre. »

L'objectif de la contre-manifestation, parfaitement illégale, était en effet de « foutre le bordel » dans le rassemblement des sans-papiers.


> Laurent Ozon a vite été exclu par les sans-papiers et des militants antifascistes - Capture image vidéo Youtube d'une manifestation publique


>  La missive qui prouve la préméditation de la perturbation d'extrême droite


Dans leur fuite, l'un des nervis agitera le sweet officiel de Nation sur lequel son logo apparait (voir ci-dessous notre illustration).


A plusieurs reprises, tout récemment encore, les mêmes individus constituaient les maigres rangs des dernières manifestations de ce groupuscule « identitaire », devant le domicile de l'ex-jugé Christian Panier et lors de son maigrichon défilé au début du mois, dans les rues du centre de Bruxelles.



Les gros-bras de Nation prenant la fuite (photos ci-dessus) - Capture image vidéo Youtube d'une manifestation publique



Police, complice ?

Venu délibérément pour provoquer les sans-papiers, les cogneurs d'extrême droite ont pu quitté le lieu de leur forfait sans aucune inquiétude et, de plus, sous la protection des forces de l'ordre. Un photographe, habitué de manifestations où l'extrême droite s'exprime de manière violente, a déclaré à RésistanceS.be :

« Nous sommes à nouveau confrontés à une complicité flagrante de la police à Bruxelles avec ces groupuscules de néonazis ».


Un autre militant, témoin de l'agression, a écrit sur un réseau social :

« L'attitude de la police pose question également. Pourquoi s'est elle retournée contre les sans-papiers, qui voulaient faire dégager les provocateurs ? Ceux-ci n'avaient aucune autorisation pour leur manifestation, contrairement aux sans-papiers. Pourquoi les boucliers et les casques des policiers étaient face à nous pendant que Laurent Ozon et les gros-bras de Nation défilaient tranquillement sur la place tout en continuant à nous provoquer ? Pourquoi les avoir protégé eux et pas nous ? »

L'attitude étonnante de la police bruxelloise avait déjà été constatée, en avril de l'année dernière, en plein centre de Bruxelles, lors d'affrontements devant un meeting électoral du Vlaams Belang soutenu par Marine Le Pen. L'attaque violente avait été lancée, ici encore, par des militants – encadrés par les dirigeants - de Nation. Pour faire le point sur ce constat, un article détaillé du web-journal RésistanceS.be fut ensuite publié, le 5 avril 2014, sous le titre : « 
Le mouvement Nation est-il une milice privée violente ? »



Lors d'une autre manifestation d'extrême droite, contre le « fascisme islamiste » (sic), la police bruxelloise s'en était prise, sans ménagement et en opérant une arrestation de masse, aux militants de la JOC, une des plus actives organisations de jeunesse antifasciste. Le deux poids deux mesures est évident : les antifascistes sont réprimés pendant que la violence d'extrême droite est tolérée et même protégée.



Commission d'enquête

A l'observation de ce qui s'est déroulé ce mardi place du Luxembourg, nous pouvons à nouveau poser la question : le mouvement Nation est-il une force auxiliaire de répression parallèle ? Il est urgent qu'une commission d'enquête parlementaire réponde aux interrogations suscitées par les observations répétées.

L'attitude passive de la police de Bruxelles Ville face aux actes violents commis publiquement par des activistes d'extrême droite pourrait-elle cacher des liens plus confidentiels entre ceux-ci et des policiers... A suivre.

ANNE-LAURE DE RYCK



© Article du journal en ligne RésistanceS | Mardi 26 mai 2015 | RésistanceS est aussi sur FACEBOOK. Pour adhérer à son « groupe privée » c'est PAR ICI