Le passé raciste du parti libéral francophone (dans le texte)

RésistanceS | Observatoire belge de l’extrême droite | Mercredi 23 mai 2001  | Réactualisé : 23 septembre 2003

Affiche électorale en 1987 de Roger Nols, ex-bourgmestre FDF de Schaerbeek, candidat du PRL et ami de Jean-Marie Le Pen © Photo et archives : RIDAF 






RETOUR DANS L’HISTOIRE – À l’heure de l’offensive généralisée contre l’extrême droite, il serait temps que les partis démocratiques nous présentent leur « inventaire historique ». Parce que bien avant les premiers succès électoraux des Vlaams Blok et autres Front national, le racisme fut exploité politiquement d’abord par des hommes politiques francophones issus des partis libéral (PRL), socialiste (PS) et social-chrétien (PSC). En quelques sortes, le terrain de la xénophobie – institutionnalisée - fut balisé par ceux qui hurlent maintenant au loup et portent sur leur costume un triangle rouge antifasciste ! Exemple avec le PRL qui deviendra ensuite le Mouvement réformateur (MR) – RÉSISTANCES OUVRE SES ARCHIVES.


Il y a quelques années, le ton électoral adopté par le Parti réformateur libéral francophone (PRL) était musclé, voire proche de celui de l’extrême droite. Dans un tract, édité en 1991, une section locale du PRL affirmait ainsi - dans un style très poujadiste - qu’« il était temps de chasser ce gouvernement et de redresser la Belgique ! ». Le gouvernement en question était conduit par les démocrates chrétiens flamands du CVP et les socialistes francophones du PS. Sous le règne de Louis Michel, notre actuel ministre des Affaires étrangères, le parti libéral archiva ses discours xénophobes d’antan. Cependant, les anciens adeptes de la xénophobie à la « sauce bleue » sont toujours présents dans ses rangs. Ils constituent pour beaucoup l’opposition - discrète pour l’heure ! - à la « ligne micheliste », décriée par ses pourfendeurs comme « gaucho-libérale » .


Après les élections communales du 8 octobre 2000, le noyau ultradroitiste du PRL marquait un point avec la nomination au gouvernement bruxellois de William Draps, l’auteur d’un tract libéral raciste en 1991, vigoureusement dénoncé par le Cercle des étudiants du Libre examen de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). À l’époque, Draps ne fut pas le seul à jouer les imitateurs de l’extrême droite. Ci-dessous, voici quelques citations de dirigeants locaux et de grosses pointures libérales. 




EXTRAITS DE LA PROPAGANDE ÉLECTORALE
DU PARTI RÉFORMATEUR LIBÉRAL (PRL) DE 1979 à 1991


« Stop à l’immigration ! » : Christian Lejeune, candidat libéral bruxellois à la Chambre, dans un encart électoral publié en janvier 1979 dans le « Nouvel Europe magazine », un journal d’extrême droite. 


« À Bruxelles, plus de la moitié des chômeurs sont des immigrés qui vivent au crochet des CONTRIBUABLES BELGES ! D’autres immigrés prennent la place des BELGES sur le marché de l’emploi » : Pierre Loy, ancien échevin libéral à Anderlecht, 1988.


« Bruxelles doit rester aux Bruxellois ! » :Armand De Decker, dirigeant bruxellois du PRL, 1989.


« Comme vous, je refuse que d’autres nous dictent leur loi » :Willy Raes, conseiller communal libéral, 1989, dans son tract où il figure sur une photo avec le raciste libéral Roger Nols, « lors d’un meeting sur l’immigration abusive » (sic).


« Bruxelles doit résorber son trop plein d’immigrés (…). La présence massive d’immigrés peu disposés à s’intégrer crée des problèmes croissants de co-existence, et de survie économique et financière (…). Il faut (…) expulser les délinquants (…) ; favoriser le départ des chômeurs de longue durée (…) ; réserver le droit de vote aux seuls Belges » : Claude Michel, chef du groupe PRL à Bruxelles-ville, 1989.


« On ne peut nier, tout particulièrement en Région bruxelloise, que la densité d’étrangers extra-européens, très éloignés de nos traditions culturelles et philosophico-religieuses, posent d’autant plus de problèmes que beaucoup d’entre eux ne sont pas soucieux de s’intégrer dans nos populations (…). Le " seuil de tolérance " (…) a été atteint à maints endroits » : Hervé Hasquin, dans une tribune libre publiée dans le quotidien « Le Soir » le 12 janvier 1990.


« Sécurité d'abord - Stop à l'invasion » : slogan d’une affiche électorale du libéral bruxellois Roger Nols, 1991.


« Il faut aussi mettre un terme à l’immigration et prendre les mesures adéquates pour une intégration véritable qui respecte d’abord notre spécificité » : tract commun du PRL-Ixelles, 1991.


« En accord avec la philosophie libérale, les candidats PRL schaerbeekois se battent plus particulièrement pour : (…) une solution ferme et réaliste du problème de l’IMMIGRATION hors CEE par : l’arrêt total de l’immigration sous toutes ses formes ; l’expulsion des immigrés clandestins et/ou délinquants » : tract commun du PRL-Schaerbeek, 1991.


« Notre nationalité belge : abandonnée à l’immigration ! (…). Seuls les libéraux s’y sont fermement opposés. On ne brade pas notre nationalité ! » :  Jacques Vandenhaute, sénateur, et William Draps, député, 1991.


« Le gouvernement PS-CVP a laissé venir les immigrés et les réfugiés. Il les a même attirés avec des avantages sociaux qui constituent une véritables pompes aspirantes à réfugiés économiques. Et demain, s’ils en ont l’occasion, ils leur donneront le droit de vote et d’éligibilité… Le PRL, lui, veut stopper et réduire l’immigration (…). L’immigration a changé de nature. Elle est devenue migration, elle est devenue massive (…). Le PRL, lui, en est conscient. Nous avons le courage de nos opinions et nos actes le prouveront » : Armand De Decker, dans son tract électoral « Reconstruisons la Belgique », 1991.

 

DU PRL AU MOUVEMENT RÉFORMATEUR (MR)

Constitué par des formations libérales des années 1970 et des transfuges du Rassemblement wallon, le Parti libéral réformateur (PRL), conduit par le Liégeois Jean Gol, tente de rassembler tous les courants de la droite belge de l’époque. En 1982, le PRL accueille en son sein des exclus du Parti social-chrétien (PSC). Ils viennent du Centre politique des indépendants et cadres chrétiens (Cepic), son aile droite interdite par Gérard Deprez après son arrivée à la tête du PSC. Dix ans plus tard, le PRL scelle une alliance avec leFront démocratique des francophones(FDF).

En 1993, une fédération PRL-FDF voit le jour. Elle est rejointe en 1998 par le Mouvement des citoyens pour le changement (MCC), un mini-parti formé par des dissidents catholiques libéraux du PSC et conduits par son ancien président, Gérard Deprez. Il retrouve ainsi au sein de la fédération libérale ses anciens ennemis du Cepic. Après le projet de son président Daniel Ducarme (1954-2010) de la transformer en « Parti démocrate » (nom abandonné pour incompatibilité de sigle), la fédération PRL-FDF-MCC prend pour finir en mars 2002 l’appellation de Mouvement réformateur (MR).


 

MANUEL ABRAMOWICZ

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