Who's who des partis de l'extrême droite sioniste

RésistanceS|Observatoire belge de l’extrême droite  |Dimanche 21 mars2021  |18 : 08

RÉPUBLICATION À L’OCCASION DES ÉLÉCTIONS LÉGISLATIVES ISRAÉLIENNESDU 23 MARS 2021

(article paru dans la version imprimé du Journal de RésistanceSn°1, mai 2019)

Prédicateur nationaliste pro-israélien propageant les biens faits de la Terre promise, à Hyde Park, à Londres © Photo RésistanceS – M.Abramowicz


Le peuple juif est la cible, en Europe notamment, de l'extrême droite antisémite. En Israël, une droite radicale populiste et ultra-nationaliste existe aussi. Dans cet étroit pays du Proche-Orient, sa mission divine est officiellement de protéger les juifs des palestiniens, du danger islamique et du nationalisme arabe. Dans les faits, ils sont partisans d'une véritable épuration ethnique dans leur pays et pour certains de l'instauration d'un État théocratique.Voici un passage en revue des formations politiques dirigées par de petits Mussolini, Degrelle et autres Le Pen locaux. Des années 1930 à leurs résultats le 9 avril 2019 aux élections nationales.


Parti sioniste révisionniste

Dans le but de réviser l'idéologie sioniste et de s'opposer à son courant socialiste, un militant juif ukrainien, Vladimir Zeev) Jabotinsky (1880-1940), fonde en 1925, à Paris, une nouvelle organisation politique nationaliste et anticommuniste. Pour marquer le coup, elle prend le nom de Parti sioniste révisionniste. Son objectif est de protéger les juifs persécutés en Europe, mais surtout d'organiser leur immigration en Palestine pour y fonder un État national. Après la création d'Israël en 1948, le parti révisionniste est intégré dans la formation Hérout que vient de fonder Menahem Begin (voir notre encadré le concernant).  Auparavant, dans le parti de Jabotinsky était apparu un sous-courant idéologique sioniste de type fasciste, animé par la Brit Ha'birionim. 


Brit Ha'birionim (Alliance des brigands) 

Cette alliance représente dans le parti de Jabotinsky le courant sioniste qui, sous l'influence du dictateur italien Benito Mussolini, veut créer un État fasciste israélien. Son idéologie est le« maximalisme révisionniste ». Brit Ha'birionim est active de 1930 à 1933. Les trois cibles de ce groupe violent sont les sionistes de gauche, les arabes et le Royaume-Uni. Après l'arrivée au pouvoir du parti nazi en Allemagne, l'un de ses leaders, Abba Ahimeir (1897-1962), dénonce sa politique antisémite, mais appelle à soutenir, par anticommunisme, le nouveau régime de Berlin.

 

Betar
Fondé en 1923, par des étudiants juifs de Riga, la capitale de la Lettonie, comme groupe d'auto-défense contre les attaques antisémites, le Betar se déploie ensuite dans plusieurs autres pays d'Europe de l'est. Il rejoint dès sa fondation, le Parti sioniste révisionniste pour en devenir son organisation de jeunesse. Le développement de sa branche allemande, de 1933 à 1938, est autorisée sous le nazisme qui souhaite alors encourager les mouvements sionistes a vider le pays de sa communauté juive. A Berlin, les jeunes du Betar défilent en uniforme paramilitaire et au rythme des tambours, comme la photothèque en ligne de l'Institut Jabotinsky en Israël nous permet encore de le constater. Cette organisation existe toujours de nos jours, y compris dans la diaspora juive.


Irgoun Zvaï Leoumi (Organisation militaire nationale)

Cette organisation armée a été l'une des plus importantes du mouvement de libération nationale sioniste. Apparue en 1931 en Palestine sous mandat britannique, elle est influencée par le sionisme révisionniste de Jabotinsky. L'emblème de l'Irgoun représente la carte du « Grand Israël » devant s'étendre du Nil en Égypte à l'Euphrate en Irak. A partir de 1943, son dirigeant est Menahem Begin, qui deviendra en 1977 le premier ministre de l'État hébreu.


Lohamei Herut LeIsrael (Lehi, Combattants pour la liberté d'Israël)

Scission radicale de l'Irgoun conduite par Avraham Stern (1907-1942), les Lehi commettent des sabotages et des actions terroristes. Durant la Guerre 39-45, son leader refuse une trêve avec les Anglais (ce qu'ont feront les sionistes révisionnistes). Par stratégie opportuniste, le « groupe Stern » propose alors une coopération anti-britannique aux nazis. Ces derniers la refuseront.



Kach (C'est ainsi !)

Parti religieux raciste et nationaliste, il est fondé en 1971 par un rabbin radical américain installé en Israël, Meir Kahane (1932-1990), qui avait mis sur pied trois ans avant, aux États-Unis, un groupe paramilitaire, la Jewish defense league (JDL). De 1973 à 1981, le Kach se présente sans succès aux élections. En 1984, son fondateur est élu député à la Knesset. Dix ans plus tard, après l'assassinat de vingt-neuf musulmans dans une mosquée d'Hébron par un de ses nervis (note n°4 de l'interview de Denis Charbit), le Kach est interdit par les autorités israéliennes. Six ans plus tard, à l'âge de 58 ans, à New York, le rabbin extrémiste est assassiné. Son courant politico-religieux, le kahanisme, comme sa branche paramilitaire, lui survivront,. Aujourd'hui, les disciplines de Meir Kahane restent actifs en France au sein de la Ligue de défense juive (LDJ) et en Israël au parti Otzma Yehudit (Force juive).


Israel Beytenou (Israël notre maison)

Ce parti nationaliste fondé en 1999 se démarque des autres formations classiques de l'extrême droite israélienne par son orientation laïque et sa forte intégration chez les russophones. Son président-fondateur Avigdor Lieberman, aujourd'hui âgé de 60 ans, est un ancien membre du Likoud. Depuis 2001, dans des gouvernements de ce dernier, il a été à plusieurs reprises ministre. Israel Beytenou revendique l'expulsion du pays des palestiniens de nationalité israélienne. En Belgique, Avigdor Lieberman a des contact notamment dans la mouvance du Parti populaire de Mischaël Modrikamen, via le président de la Ligue belge contre l'antisémitisme (LBCA). Il a obtenu l'élection de cinq députés à la Knesset, avec plus de 4 %, le 9 avril dernier. Il y a dix ans, au même scrutin, Israel Beytenou représentait près de 12 % de l'électorat du pays.


HaBayit HaYehudi (Foyer juif)

Conservateur religieux sioniste, il est fondé en 2008. De trois sièges l'année d'après, il fait élire, trois ans plus tard, douze députés. Par la suite, les résultats de Foyer juif piquent du nez. En décembre dernier, le parti subit une importante scission avec le départ de ses rangs de son dirigeant historique, Naftali Bennett, et de sa jeune leader charismatique, Ayelet Shaked, tous deux alors toujours ministres du gouvernement dirigé par le Likoud. Sous la conduite d'un tout nouveau président, le haut-gradé de Tsahal Rafi Peretz (63 ans), HaBayit HaYehudi se présente aux élections en avril sous les couleurs de l'Union des partis de droite, avec Otzma Yehudit et Tkuma. 

 

Tkuma - Ihoud Leoumi (Résurrection-Union nationale)

Tkuma est un petit parti de la droite radicale sioniste qui est fondé en 1998 par deux anciens membres du vieux Miflaga Datit Leumit (Parti national religieux), actif de 1956 à  2008. L'année suivante, la formation Résurrection participe à la création de l'Ihoud Leoumi (Union nationale), avec trois autres micro-partis nationalistes et religieux de l'époque (Moledet, Hatikva et Eretz Yisrael Shelanu). Ex-membre de HaBayit HaYehudi, son jeune leader actuel est Bezalel Smotrich. Né il y a trente-huit ans dans le Golan occupé par Israël, il est soutenu par leYecha, le lobby des colons, et est connu pour ses prêches xénophobes, anti-arabes et homophobes. Il y a deux ans,le correspondant à Tel-Aviv du quotidien «Libération», Nissim Behar, écrivait à son sujet : «Smotrich et ses amis ont un projet au moins aussi grand que celui de faire annexer définitivement la Cisjordanie par Israël. Ils rêvent aussi de transformer leur pays en un État théocratique au sein duquel les règles ancestrales de la Torah supplanteraient les lois civiles. Une charia à la juive en quelque sorte». Bezalel Smotrich a été l'un des piliers de l'Union des partis de droite, le bloc électoral politico-religieux ultra-sioniste présent le 9 avril aux élections nationales.


Otzma Yehudit (Force juive)

Sous un premier nom, Otzma LeYisrael (Force pour Israël), Force juive voit le jour en 2012, par la fusion de deux minuscules partis, Hatikva (L'Espoir) et  Hazit Yehudit Leumit (Front national juif), après une scission apparue dans le bloc nationaliste Ihoud Leoumi (Union nationale). Otzma Yehudit est le pseudopode politique du parti Kach, interdit pour apologie du terrorisme en 1994. Pour «The Times of Israël», les dirigeants d'Otzma Yehudit «vouent une idolâtrie à des extrémistes juifs comme Baruch Goldstein» (revoir la note 4 de notre interview avec Denis Charbit). Plus de vingt ans après l'expulsion de la Knesset de son leader historique, le rabbin Meir Kahane, grâce à Otzma Yehudit, le kahanisme y revient suite aux dernières élections et sa participation active au sein de l'Union des partis de droite.

Union des partis de droite

Cartel électoral formé spécialement pour les législatives du 9 avril par les formations HaBayit HaYehudi, Otzma Yehudit et Tkuma - Ihoud Leoumi. Cette union est mise sur pied à l’initiative du premier ministre sortant Benjamin Netanyahou. Son but est de s'assurer la possibilité de former une nouvelle majorité gouvernementale après les élections du 9 avril. Ce bloc électoral a obtenu cinq sièges en passant tout juste la barre fatidique des 3,25 % pour avoir des élus au Parlement national.

 

HaYamin HeHadash (La Nouvelle Droite)

Il s'agit du plus nouveau parti de l'extrême droite puisqu'il a été porté sur les fonds baptismaux il y a quatre mois. Ses deux fondateurs, Ayelet Shaked (42 ans) et Naftali Bennett (47 ans), connaissent fort bien le pouvoir israélien : ils étaient encore, juste avant les dernières élections nationales, ministres de la Justice et de l'Éducation dans le gouvernement précédent. Membres alors du HaBayit HaYehudi (Foyer juif), ils l'ont quitté pour former La Nouvelle Droite. Une formation caractérisée par ses positions nationalistes mais également hyper capitalistes. Espoir de la droite nationaliste, après une campagne offensive, le tandem Shaked-Bennett s'est littéralement écrasé en en plein vol le 9 avril passé.

 


MANUEL ABRAMOWICZ

RésistanceS Observatoire belge de l’extrême droite  


[Ce who's who de l'extrême droite israélienne a été réalisé par Manuel Abramowicz pour la version imprimée du JOURNAL DE RÉSISTANCES, le 18 avril 2019].



Affiches dans une ville de Cisjordanie. Les mouvements palestiniens de libération nationale sont les ennemis numéros deux de l'extrême droite juive, après les sionistes de gauche qui revendiquent eux aussi la fondation d'un État palestinien ©  Photo RésistanceS – M.Abramowicz

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