Le mea culpa ambigu et partiel d'Emir Kir soulève de nouvelles questions

RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite  Mardi 14 janvier 2020 21 h 56



Le bourgmestre Kir (PS) lors de la visite d'une délégation turque comprenant deux maires d'extrême droite,
à la maison communale de Saint-Josse en décembre dernier – Photo réseau social.







« AFFAIRE KIR-PS /MHP » – Après le silence, puis la négation, voici venu le temps de la reconnaissance. Sélectionnée. Un scénario à destination de la commission de vigilance du PS qui doit statuer au plus vite sur son dossier – ANALYSE.

Ce mardi 14 janvier, le député-bourgmestre de Saint-Josse, Emir Kir (PS), a fait son mea culpa, sur twitter. Il « regrette » d'avoir reçu, le 4 décembre dernier, une délégation de maires turcs, dont deux membres du MHP, le plus important parti d'extrême droite en Turquie. 

Curieux « regrets ». Emir Kir les formule en effet « vu l'émoi suscité dans l'opinion par cette visite » et « vu son audition ce 13 janvier par la commission de vigilance ». Si on le lit bien, Kir fait donc son mea culpauniquement parce qu'il y a eu des réactions indignées – notamment au PS - suite à ses connexions avec des élus turcs d'extrême droite. Sur le fond, le député-bourgmestre de Saint-Josse se rend-t-il bien compte de la gravité de cette rupture du cordon sanitaire ? A le lire, rien n'est moins sûr.

Faute politique majeure
Emir Kir semble d'autant moins comprendre la gravité de ses actes, qu'il évoque une « erreur d'appréciation ». Il ne s'agit évidemment pas d'une erreur d'appréciation, mais d'une faute politique majeure.

Par ailleurs, Emir Kir évoque un « manque de vigilance » de sa part, uniquement à propos de sa rencontre avec la délégation de maires turcs en date du 4 décembre 2019, à la maison communale de Saint-Josse. Il ne dit rien, ne fait en rien son mea culpapour ses rencontres à répétition avec un mandataire turc d'extrême droite, à partir de 2015, lors de ses fréquents voyages en Turquie. Ces rencontres très amicales ont été prouvées, photos à l'appui, par le journal RésistanceS dès ce dimanche. Emir Kir comprend-t-il que les lourds reproches qui lui sont adressés ne concernent pas seulement la rencontre du mois de décembre, mais d'autres rencontres, étalées sur plusieurs années ? Et ce depuis au moins 2015.

Sauver sa place au PS
« Mon engagement dans la lutte contre l'extrême droite n'a jamais été entachée de la moindre exception », conclut Emir Kir. Son comportement erratique, ses fréquentations douteuses tout au long des dernière années, montrent qu'il y a eu, en réalité, de nombreuses exceptions.

Le mea culpa d'Emir Kir est ambigu et partiel. Le député-bourgmestre tente de sauver sa place au PS en formulant des regrets « a minima ». Une façon de botter en touche en espérant que l'arbitre – la commission de vigilance – se contentera d'une courbe rentrante, à l'examen ... pas vraiment rentrante.

Le mea culpa ultra light d'Emir Kir pose en fait davantage de questions qu'il ne rassure sur la sincérité de sa démarche. Emir Kir continuera-t-il ses voyages à but très politique en Turquie, où il est parfois reçu comme un quasi chef d'État par le maire d'extrême droite d'Emirdağ ? Continuera-t-il à ménager le régime autoritaire du président turc Erdogan, soutenu aussi par le MHP ? Comprend-t-il que parler d'« erreur de vigilance et d'appréciation », s'agissant de son copinage avec un maire d'extrême droite est une façon de minimiser ses « dérapages » à répétition et sa rupture du cordon sanitaire, en totale contradiction avec les valeurs du Parti socialiste qu'il affirme respecter en toutes circonstances ? Il a fallu 40 jours pour qu'Emir Kir retire, ce 14 janvier, de son Facebook sa publication du 4 décembre, où il évoquait une « agréable rencontre » (sic) avec des maires turcs, dont deux membres du MHP d'extrême droite. Ce retrait tardif, après s'être fait sermonner hier par la commission de vigilance de son parti, pose une dernière question : comment Emir Kir n'a-t-il pas perçu dès le début de la controverse, le caractère indécent de cette publication ? Ses « regrets » actuels sont-ils sincères ou tactiques ? Le caractère ambigu et partiel des regrets exprimés ce mardi laissent planer un gros doute. 



CLAUDE DEMELENNE
RésistanceS  Observatoire belge de l'extrême droite





Le maire MHP Mehmet Sari, à gauche, lors d'un meeting de l'extrême droite turque.
Le même, à droite, lors de sa visite du 4 décembre dernier chez Emir Kir – Photo réseau social.











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