RésistanceS | Observatoire belge de l'extrême droite | Vendredi 10 février 2017
EXTRÊME DROITE ET GUERRE EN SYRIE – Filip Dewinter, leader de l'aile radicale du Vlaams Belang (VB), s'est rendu sur une base militaire des para-commandos russes située dans la ville d'Alep, en Syrie à l'occasion d'un voyage d'une délégation venue de Belgique pour soutenir le maitre de Damas, Bachar el Assad. Avec lui, se trouvait aussi un certain Aldo Carcaci, le seul député fédéral du Parti populaire (PP) - FAUDRA-T-IL EUX AUSSI LES « DÉRADICALISER » ?

Le député flamand Filip Dewinter est le dirigeant du « canal historique » du Vlaams Belang (VB). Le garant de son ADN doctrinal d'origine. D'abord activiste du Front de la jeunesse, un groupe néofaciste « belgicain » (nationaliste belge), il rejoint peu de temps après, au début des années quatre-vingt, la direction du Vlaams Blok, le nom du VB de 1978 à 2004. Dans le storytelling officiel du parti d'extrême droite indépendantiste flamand, Dewinter est reconnu comme l'un des « fils politiques » de Karel Dillen, le président-fondateur du VB qui fut aussi et surtout un nostalgique indéfectible, jusqu'à sa mort en 2007, de l'Ordre Nouveau nazi mais également un raciste, négationniste et antisémite .
Dewinter chez les paras russes en Syrie
Du
1er au 8 février dernier, Filip Dewinter conduisait,
comme déjà en 2015, une délégation en Syrie pour y apporter le
soutien de son parti à la dictature assadiste. Dans celle-ci, il y
avait aussi deux autres responsables du Vlaams Belang : le
député fédéral Jan Penris et le conseiller communal malinois
Frank Creyelman, qui fut sénateur de 1999 à 2007 et député
régional jusqu'en 2014.
Avec ces trois VBistes, se trouvait
encore le député fédéral Aldo Carcaci, le seul élu du Parti
populaire (PP). Le PP n'est pas catalogué à l'extrême droite par
le CRISP (Centre de recherche et d'informations socio-politiques),
cependant la formation populiste, présidée par l'avocat d'affaires
bruxellois Michaël Modrikamen, en est indéniablement proche depuis
sa création en 2009. Ce voyage commun en Syrie confirme la
géolocalisation idéologique sur la scène électorale du PP de
plus en plus à la droite extrême, notamment par une sympathie
affichée de plus en plus ouvertement pour Marine Le Pen, la
présidente du Front national français .
Lors
de leur déplacement politique en Syrie, la délégation belge a
rencontré Bachar el Assad, le maitre sanguinaire de Damas. Elle
s'est encore rendu à Alep, la ville ravagée par les
bombardements massifs russes, comme le fut la
ville basque de Guernica par l'aviation allemande en 1937 ou Grozny
durant la guerre de Tchétchénie dans les années nonante. A Alep,
Filip Dewinter a visité une base militaire des troupes
d'élite de l'armée russe. Comme le montre la photo ci-dessus
publiée par le magazine antifasciste anglais SEARCHLIGHT (avec
lequel est en contact depuis 1997 le journal RESISTANCES).
Liens avec l'extrême droite américaine
Dans
un article, publié lundi dernier, SEARCHLIGHT évoque le rôle
confidentiel que joue actuellement Filip Dewinter dans la guerre en
Syrie. « En mai dernier, Dewinter a
prononcé un discours lors de la conférence américaine d'extrême
droite sur la Renaissance intitulée ''L'islamisation de l'Europe.
Comment l'Europe devient un Etat islamique'' »,
rapporte le journal anglais. Dans son article, SEARCHLIGHT
révèle les liens de Filip Dewinter avec Stephen Bannon, le numéro
deux de la Maison blanche et véritable idéologue de la politique de
Donald Trump, version ultra-droite suprémaciste (raciste blanc). La
mission en Syrie du chef du courant radical du Vlaams Belang ? « De
telles réunions renforcent la coopération entre des dictateurs
sanglants comme Assad, les Russes, leurs amis aux Etats-Unis et
l'extrême droite européenne »,
conclut le journal d'outre-Manche.
Cette
récente visite en Syrie de la
délégation parlementaire belge composée d'élus du Vlaams Belang
et du Parti populaire n'est donc pas un mini-trip politique anodin,
mais s'intègre dans des enjeux géostratégiques internationaux sur
un terrain de guerre où les massacres de masse de populations
civiles sont quotidiens. Un conflit qui a poussé sur les routes et
les mers de l'exil plusieurs millions de syriens, dont une minorité
a trouvé pour finir refuge en Europe. Leur accueil
dans des conditions parfois très précaires chez nous, présentée
comme une « invasion »
dans le cadre d'un plan conspirationniste de « grand
remplacement », fait l'objet
de campagnes de propagande xénophobe et islamophobe orchestrées par
l'extrême droite. Dans
ce domaine, le Vlaams Belang de Filip Dewinter excelle, comme le PP
de Modrikamen d'ailleurs aussi.
« Déradicalisation »
Dewinter, Carcaci
...
Concernant le conflit syrien, la question essentielle du moment pour la Belgique – et la plupart des pays européens – est de savoir comment « gérer » le retour de milliers de combattants terroristes et leurs familles partis sur place auprès de l'Organisation de l'Etat islamique (OEI, en arabe « Daesh ») ou dans les rangs d'un autre mouvement salafiste djihadiste ? Les « revenants » posent en effet un danger pour la sécurité intérieur. Certains d'entre eux ayant notamment le projet de poursuivre leur « djihad » en « terre chrétienne ».
Mais les européens soutenant radicalement un des protagonistes impliqués sur le front syrano-irakien ne sont pas que des islamistes, mais également des européens engagés dans un soutien officiel à la dictature assadiste.
La délégation parlementaire flamo-wallonne confirme le soutien radical du Vlaams Belang et du Parti populaire à un régime dictatorial. Filip Dewinter (VB) et Aldo Carcaci (PP) ont manifestement été en contact avec des officiels syriens qui n'ont aucun respect pour la vie humaine, justifient la torture, les exécutions à la chaine de milliers d'opposants, pratiquent des massacres de civiles et bafouent ainsi les valeurs européennes.
Le parlement belge va-t-il proposer une nouvelle loi de « déradicalisation » élargie aux politiciens belges qui partent soutenir Bachar el Assad et fréquenter des auteurs de crimes de guerre ?
Concernant le conflit syrien, la question essentielle du moment pour la Belgique – et la plupart des pays européens – est de savoir comment « gérer » le retour de milliers de combattants terroristes et leurs familles partis sur place auprès de l'Organisation de l'Etat islamique (OEI, en arabe « Daesh ») ou dans les rangs d'un autre mouvement salafiste djihadiste ? Les « revenants » posent en effet un danger pour la sécurité intérieur. Certains d'entre eux ayant notamment le projet de poursuivre leur « djihad » en « terre chrétienne ».
Mais les européens soutenant radicalement un des protagonistes impliqués sur le front syrano-irakien ne sont pas que des islamistes, mais également des européens engagés dans un soutien officiel à la dictature assadiste.
La délégation parlementaire flamo-wallonne confirme le soutien radical du Vlaams Belang et du Parti populaire à un régime dictatorial. Filip Dewinter (VB) et Aldo Carcaci (PP) ont manifestement été en contact avec des officiels syriens qui n'ont aucun respect pour la vie humaine, justifient la torture, les exécutions à la chaine de milliers d'opposants, pratiquent des massacres de civiles et bafouent ainsi les valeurs européennes.
Le parlement belge va-t-il proposer une nouvelle loi de « déradicalisation » élargie aux politiciens belges qui partent soutenir Bachar el Assad et fréquenter des auteurs de crimes de guerre ?
MANUEL ABRAMOWICZ & JULIEN MAQUESTIAU
RésistanceS | Observatoire belge de l'extrême droite
PLUS D'INFOS ?
- Belgian fascist visits Russians in Aleppo
Article en anglais du magazine antifasciste britannique SEARCHLIGT (6 février 2017)
© RésistanceS | Observatoire belge de l'extrême droite | Bruxelles | Vendredi 10 février 2017
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