Concert nazi-skin près d'Anvers samedi prochain ?

[RésistanceS – Mardi 12 janvier 2016 - Réactualisé : 13 janvier 2016 - contribution externe]



INFO EXCLUSIVE - Dans cinq jours, près d'Anvers, aura lieu un concert d'In Memoriam. Ce groupe phare de la scène skinhead française d'extrême droite est connu pour ses paroles guerrières et la violence de ses rassemblements. Des incidents pourraient donc avoir lieu le 16 janvier prochain. Comme le démontre cet article - que nous avons traduit et réactualisé - du site antifasciste Verzet, le partenaire flamande de RésistanceS.

Après que Frank Rennicke, un chanteur allemand de ballades folkloriques, proche du parti néonazi NPD et véritable disciple de Rudolf Hess (numéro deux de l'Allemagne nazie jusqu'en 1941), s'y soit produit en concert le 6 décembre 2014, la commune flamande de Sint-Niklaas (province de Flandre-Orientale) peut maintenant se préparer à accueillir, samedi prochain, le 16 janvier, la violence musicale d'In Memoriam, un groupe skinhead de RIF (« rock identitaire français »), nom d'un courant musical d'extrême droite de tendance néonazie. Ce concert aura lieu au Museumtheater de Sint-Niklaas. Il est organisé par « IDentiteit, Muziek & Cultuur » (IDMC).


Derrière cette association culturelle « identitaire » (extrême droite) se cachent entre autres Rob Verreycken et Bert Deckers. Le premier a été un des jeunes dirigeants du Vlaams Blok, puis du Vlaams Belang (VB), le nouveau nom pris en 2004 par ce parti d'extrême droite flamand. Le second est un ancien élu du VB qui fut, en 2008, au centre d'une polémique à propos d'un concert organisé par Blood & Honour, un réseau international skinhead néonazi.

Pour le concert d'In Memoriam de samedi prochain à Sint-Niklaas, tous les tickets ont été vendus. Il ne s'agit néanmoins pas d'un succès de foule : la salle du Museumtheater réservée pour l'occasion ne peut accueillir que 120 personnes environ. La mobilisation pour y aller s'est essentiellement faite dans la mouvance identitaire ultra. Même les « Nationalistes autonomes Wallonie » (NAW), le groupuscule néonazi dont l'organisation du Solstice d'hiver, le 26 décembre dernière dans la région de Liège, fut révélée par RésistanceS.be (voir nos infos exclusives ici), se déplaceront jusque Sint-Niklaas pour voir In Memoriam.

Mais qui est ce groupe skinhead français également apprécié en Flandre et en Wallonie ?



Inspiration scoute ou des jeunesses hitlériennes ?


Le groupe portant le macabre nom d'In Memoriam a été fondé en 1995, en mémoire de la mort de Sébastien Deyzieu, un jeune militant français d'extrême droite mort à Paris, en mai 1994, dans une chute d'un immeuble après une course poursuite avec la police, suite à une manifestation illégale du Groupe union défense (GUD) et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), de tendance « NS » (nazi-skin) et menés par Serge Ayoub, alias « Batskin ».

Depuis, la mort de Sébastien Deyzieu est commémorée chaque année à Paris par des groupuscules d’extrême droite et néonazis. C'est lors de la première commémoration qu'In Memoriam va voir le jour. Il est actif dans le répertoire du RIF, bien qu’il soit en désaccord, sur le plan musical, avec la plupart des groupes de ce courant.

Au niveau de son appartenance idéologique, In Memoriam, ne cache rien : son morceau « La colonne » s’inspire d’une chanson datant de 1933 des Jeunesses hitlériennes, « Es dröhnet der Marsch der Kolonne ». Dans une interview publiée en 2002, son chanteur, Xavier Schleiter, niera cependant cette origine. « La Colonne n’est pas une marche militaire mais plutôt un chant traditionnel », affirme-t-il. « Je crois qu’il a été écrit par un chef scout contemporain », ajoutera le chanteur-guitariste Julien Beuzard. Un argument de défense trop facile.

Lors des fêtes scoutes, on ne rencontre habituellement personne qui se plaise à effectuer le salut hitlérien. Lors d’un concert d’In Memoriam, il peut en aller tout autrement. À un point tel que, lors de l’enregistrement d’un concert du groupe destiné à un DVD, le 9 novembre 2002 à Paris, le public était au préalable explicitement invité à éviter tout geste déplacé : bras tendu, par exemple… (le DVD ne paraîtra finalement pas, le propriétaire de la salle ayant refusé que sa salle apparaisse dans celui-ci).


> Promotion sur Internet du concert d'In Memoriam à Sint-Niklaas.


Skins identitaires et engagement politique


Depuis sa création, les membres du groupe ont figuré régulièrement sur les listes électorales du Front national (FN) ou du Mouvement national républicain (MNR), la dissidence frontiste conduite par Bruno Mégret. Ce dernier fera d’ailleurs le forcing pour organiser un concert en 1998 d’In Memoriam à Vitrolles, ville du sud de la France, dont il fut maire (et remplacé ensuite par son épouse).

L’ambition d’In Memoriam ne se limite pas à la France. En avril 1999, le groupe joue, durant la guerre civile en ex-Yougoslavie, à Belgrade, la capitale de la Serbie assiégée. Les skins identitaires français viennent alors y soutenir les milices nationalistes-fascistes serbes.

Avec sa musique violente, ses paroles guerrières et son appartenance politique à l'extrême droite radicale, l'ambiance des concerts d'In Memoriam est en général tendue. En octobre 2000, à Paris, l'un de ceux-ci, après avoir dû changé de salle de spectacle pour se produire suite à une contre-manifestation antifasciste, va même se terminer dans une confrontation physique intra-nationalistes, entre des militants du GUD et des jeunes du MNR. La bagarre interne se terminera par l'intervention de la police et un contrôle d’identité des 200 personnes présentes pour le concert.



> Promotion du groupe dans une publication néofasciste française en 2002 – Doc. RésistanceS.be



Violence au programme ?


Un autre, qui se tient en mars 2002 à Brouderoff, près de Sarrebourg (en Lorraine), connaît une suite tragique. La salle de concert est à l’habitude bondée de skinheads venus de l’est de la France. Sur le chemin du retour, cinq d’entre-eux attaquent un habitant de Sarrebourg d’origine turque, sous la menace d’un revolver. Deux des skinheads comparaîtront devant le tribunal de Metz. L’un est condamné à une peine de prison effective d’un an, l’autre écope de trois mois du même régime. L’un d’eux était membre du groupe néonazi Lothringen Korps. Cette même année 2002, In Memoriam va disparaitre. Dans l’intervalle, le groupe aura enregistré cinq album.

Après deux ans environ de silence, en 2014, les membres d’In Memoriam reforment le groupe et enregistrent un nouveau CD. Quelques concerts suivront. A commencer par celui organisé en Italie par Casapound, une association d'extrême droite qui se revendique de l'héritage fasciste.

Voilà donc le groupe que Rob Verreycken et Bert Deckers ont invité à se produire à Sint-Niklaas, paisible commune flamande près d'Anvers. Le concert aura lieu dans cinq jour exactement. Sur la base des précédents concerts, les jeunes néonazis y seront bien présents. Des incidents violents après-concerts sont donc à prévoir.



VERZET - Journal de l'AFF (Anvers)

avec RésistanceS pour cette édition



> Cet article a été publié ce lundi 11 janvier 2016 sur le blog flamand Verzet, sous le titre de « In Memoriam : ''Rock Identitaire Français'' in Sint-Niklaas ». Avec son autorisation, il a été traduit pour le blog de RésistanceS.be par Chris Verboom et adapté au lectorat francophone par Simon Harys. Verzet est le partenaire flamand de RésistanceS.



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