Qui était Henry Coston ?

Dictionnaire de l'extrême droite française

RésistanceS Observatoire belge de l'extrême droite | Dimanche 23 août 2015 | Notice augmentée le vendredi 10 août 2023.

 

Catholique traditionaliste et auteur conspirationniste antisémite, des années 1930 jusqu'à son décès, à Caen le 26 juillet 2001, le parisien Henry Coston est une référence majeure de l’extrême droite française et belge. Responsable d’une section de l'Action française, le mouvement nationaliste royaliste alors conduit par Charles Maurras (1868-1952), il est le directeur de La Libre Parole de 1930 à 1940. Portant le sous-titre « La France aux Français ! », ce journal avait été fondé une première fois en 1892, par Edouard Drumont (1844-1917), l'auteur notamment du célèbre pamphlet antisémite La France juive, édité chez Flammarion en 1886.

Après la Deuxième Guerre mondiale, l’ancien collaborationniste vichyste anime sur le plan intellectuel la mouvance national-catholique héritière du dictateur français Pétain. La spécialité d’Henry Coston est l'élaboration, l'édition et la diffusion de thèses conspirationnistes, en particulier des supposés complots fomentés par la franc-maçonnerie et la « haute finance vagabonde et anonyme », soit le « complot juif ».

 

Extrême droite française - Cofondateur de Lectures françaises en 1957, Henry Coston écrit de nombreuses brochures et plusieurs livres, sous son nom ou ses pseudonymes (« Diogène », « Gygès », « Georges Virebeau », « Saint-Pastour » ou l'« Archiviste Jérôme »). Quelques-uns de leurs titres : Le Bourrage de crâne : comment la presse trompait l'opinion (publié en 1943), Les Financiers qui mènent le monde (en 1955), La Haute Banque et les trusts (1958), L'Europe des banquiers (1963), Les 200 familles au pouvoir (1977), La Conjuration des Illuminés (1979), La Fortune anonyme et vagabonde (1984), Ceux qui tirent les ficelles de la politique et de l'économie mondiale (1992), La Guerre de cent ans des sociétés secrètes (1993)…

 

La signature de cet auteur conspirationniste se lit encore dans des articles de la presse d’extrême droite française catholique et radicale, de Défense de l'Occident de l’« écrivain fasciste » (sic) et négationniste Maurice Bardèche (1907-1998) à National-Hebdo du FN de Jean-Marie Le Pen, en passant par Jeune Nation de Pierre Sidos (1927-2020), d’Europe-Action de Dominique Venner (1935-2013) et du quotidien Présent. Henry Coston a également été membre de l’association des Amis de Robert Brasillach, fut proche de l’Œuvre française, le mouvement néopétainiste présidé par le même Pierre Sidos déjà cité ici, et du courant national-catholique du Front national. 

 

Complot maçonnique contre le FN - En 1999, Henry Coston écrit le livre Infiltrations ennemies dans la droite nationale et populaire. Dans celui-ci, le conspirationniste affirme que le Front national lepéniste a été pénétré, pour le déstabiliser de l’intérieur, par la franc-maçonnerie, entre autre par la Grande loge nationale française (GLNF). Cette thèse sera reprise par l’Institut Civitas, fondé en 1999 par la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), rassemblant les disciples de Monseigneur Marcel Lefebvre (1905-1991), excommunié par l’Église catholique en 1988 pour sa poursuite de la pratique de la tradition liturgique d’avant le Concile de Vatican II (1964). Après le décès d’Henry Coston le 26 juillet 2001, une messe a été célébrée en son honneur en l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, le bastion historique parisien de la FSSPX (RésistanceS du 25 janvier 2009).

 

L'héritier français d'Henry Coston est Emmanuel Ratier (1957-2015), un ancien cadre du Parti des forces nouvelles (PFN, créé en 1974 par des dissidents du FN) et ex-membre du Groupement de recherche et d’études pour la Civilisation européenne (GRECE). Emmanuel Ratier avait déjà fondé en 1996 Faits et Documents, une publication confidentielle mensuelle, et est l'auteur de nombreux ouvrages écrits dans le même objectif que son « maitre » (sic) : dénoncer le « pouvoir occulte » qui « dirige » réellement « le monde ».

 

Vingt-deux ans après son décès, Henry Coston est resté de nos jours une référence à l'extrême droite. Comme en témoigne l'éditorial du 22 mars 2023 de Rivarol. Jérôme Bourdon, le directeur de cet hebdomadaire néopétainiste, catholique traditionaliste et antisémite, écrit ceci : « Feu Henry Coston dénonçait dans un livre célèbre, dès les années 1950, la finance anonyme et vagabonde. Que dirait-il aujourd’hui alors qu’elle n’a jamais été aussi influente, vorace et dominatrice au détriment des hommes, des peuples et des nations ? »


Les amis belges d'Henry Coston - En Belgique, ses écrits sont également lus dans l’extrême droite. Dans les années 1970, ils sont promotionnés dans le Nouvel Europe magazine (NEM), un mensuel dirigé par Émile Lecerf. Durant l’Occupation nazie, celui-ci avait collaboré à la publication belge francophone de l’Institut de la SS. Le Front de la jeunesse (FJ), puis son Parti des forces nouvelles (PFN), directement liés au NEM et à Léon Degrelle, poursuivront la promotion sur le territoire belge des livres de Coston, ainsi que d’autres auteurs conspirationnistes et négationnistes antisémites. À partir de 1995, cette promotion est reprise en main à Bruxelles par Polémique-Info, fondé, avec le concours d’anciens du NEM, par Alain Escada, le président de l'association Belgique & Chrétienté et disciple du district belge de la déjà cité Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X.

 

Lors de la disparition d’Henry Coston, en juillet 2001, des hommages lui sont également rendus en Belgique. C'est le cas dans Nation-Info, le mensuel du Mouvement Nation, de tendance « national-solidariste », dont le dirigeant-fondateur, catholique traditionaliste pratiquant, a été auparavant le meneur du groupe néonazi L'Assaut (1988-2003). Le numéro 212, daté du 20 août 2001, de Polémique-Info annonce tout logiquement également le décès de Coston à ses lecteurs. Le journal d’Escada le reconnait comme un « estimé confrère » et « une référence en matière de documentation politique ». « Henry Coston, jamais découragé, a mené jusqu'à la fin de sa vie un travail inestimable d'analyse des coulisses de la politique, des médias et de la finance afin de démasquer les véritables maitres des décisions. La presse nationale a perdu un grand Monsieur… », mentionnera encore le journal d'Escada. Depuis lors, ce dernier a été désigné en 2012 président de l’Institut Civitas.

 


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