L'avocat belge de Marine Le Pen passe au Parlement européen pour reconstruire un nouveau FN en Belgique ?
RésistanceS | Observatoire belge de l'extrême droite | Jeudi 27 août 2015
EXCLUSIVITE
RESISTANCES.BE – Sa
mission fut de liquider, devant les tribunaux, les frontistes de
notre pays pour le compte de la présidente du FN français. Depuis,
l'avocat liégeois, Ghislain Dubois, a été engagé comme assistant
parlementaire européen par le Front national. En vue de la création,
en 2017, d'un nouveau parti d'extrême droite en Belgique sous la
houlette de Marine Le Pen ?

Lors d'une soirée du FN belge rénové en 2008, l'avocat liégeois Ghislain Dubois avec Jean-Marie Le Pen, alors toujours président du Front national français - Photo DR
L'histoire
du « frontisme national » en Belgique débute en 1985.
Avec la création, par un ancien membre du parti libéral, le docteur
Daniel Féret, d'un FN local. Il prend la forme d'une asbl qui
représente, officiellement dans ses statuts de fondation, le parti
de Jean-Marie Le Pen dans notre pays. Une personnalité politique
française qui bénéficie depuis les années septante de nombreux
sympathisants chez nous.
Dix-sept ans plus tard, Marine Le Pen, l'héritière en 2011 du parti de
son père, décide, dans le cadre de sa « stratégie de
dédiabolisation », de garder une alliance tactique avec le
Vlaams Belang au Parlement européen, mais de liquider définitivement
politiquement ses partenaires belges francophones. Qui dans sa vie
politique ne lui servent plus à rien.
Les
considérant justement comme des « bons à rien et des mauvais
en tout », leur compagnonnage avec des « mouvements
néonazis », révélé
par RésistanceS,
fut l'occasion pour la nouvelle présidente frontiste de donner le
coup de grâce sur le plan judiciaire, avec de multiples plaintes
déposées et procès intentés, aux différents clans frontistes qui
se revendiquent du FN sur le territoire national belge. La
partie n'est néanmoins pas encore entièrement gagnée pour Marine
Le Pen, puisque subsiste toujours légalement, suite à un appel
interjeté par lui, le Front national belge (FNB), la structure
directement issue de l'asbl fondatrice de ce parti en 1985. Aux
élections communales d'octobre 2012, quatre candidats de ce FNB –
se présentant également sous le nom de « Ligue européenne,
patriotique, égalitaire et nationaliste » (LEPEN) – furent
d'ailleurs élus conseillers communaux à Charleroi, à Fleurus et à
Châtelet.
Marine
Le Pen, une simple cliente ?
A la manœuvre des actions judiciaires du FN français pour contrer les frontistes belges, il y a un avocat discret, du nom de Ghislain Dubois. Pour ce dernier, Marine Le Pen n'est officiellement qu'une cliente, comme une autre, comme il l'a récemment répété à RésistanceS Pourtant, tout récemment ce membre du barreau de Liège a été engagé, avec un contrat de travail en bonne et due forme, au Parlement européen (PE) pour y devenir l'assistant parlementaire de la députée française Marie-Christine Boutonnet. Une pure et dure du Front national.Affiliée depuis 1979, elle siégera ensuite à son conseil national, deviendra la secrétaire de sa fédération du Tarn et dirigera, avec Bernard Antony, l'un des leaders du « courant national-catholique » du FN, son organe de presse territorial. Un périodique titré « Le Pays réel », comme le journal de Rex, la formation d'extrême droite catholique belge de Léon Degrelle dans les années trente.
A la manœuvre des actions judiciaires du FN français pour contrer les frontistes belges, il y a un avocat discret, du nom de Ghislain Dubois. Pour ce dernier, Marine Le Pen n'est officiellement qu'une cliente, comme une autre, comme il l'a récemment répété à RésistanceS Pourtant, tout récemment ce membre du barreau de Liège a été engagé, avec un contrat de travail en bonne et due forme, au Parlement européen (PE) pour y devenir l'assistant parlementaire de la députée française Marie-Christine Boutonnet. Une pure et dure du Front national.Affiliée depuis 1979, elle siégera ensuite à son conseil national, deviendra la secrétaire de sa fédération du Tarn et dirigera, avec Bernard Antony, l'un des leaders du « courant national-catholique » du FN, son organe de presse territorial. Un périodique titré « Le Pays réel », comme le journal de Rex, la formation d'extrême droite catholique belge de Léon Degrelle dans les années trente.
Cet
engagement professionnel - et clairement politique – de Ghislain
Dubois pourrait être considéré comme un service rendu pour les
actions judiciaires qu'il a enclenchées devant les juridictions
belges, en faveur de sa « cliente » Marine Le Pen.
Son
intégration dans la fraction parlementaire du FN au PE n'est
certainement pas uniquement liée à ses liens contractuels récents
avec la présidente du parti français (auparavant d'ailleurs, il fut
aussi l'avocat belge de Jean-Marie Le Pen). En effet, l'individu en
question est, depuis plus de vingt-cinq ans, connu pour son
engagement dans les rangs de la « droite nationale ».
Comme le démontre un retour rapide dans son histoire politique
personnelle.
Cofondateur
en 1988, à Liège, de l'association politico-religieuse Belgique &
Chrétienté - qui sera ensuite très vite accaparée
par un certain Alain Escada, qui préside maintenant l'Institut
Civitas lié aux catholiques traditionalistes scissionnistes
lefebvristes, Ghislain Dubois participe déjà à la fête annuelle
frontiste des « Bleus Blancs Rouges », dans la capitale
française. Plus tard, on va le retrouver dans l'ombre du Front
national de Daniel Féret, puis dans celle du FN « rénové »,
une dissidence frontiste conduite d'abord par le sénateur Michel
Delacroix, puis par le député régional wallon Charles Pire, un
transfuge de feu le Parti social-chrétien (PSC).
En
2007, à l'occasion de l'élection présidentielle française, le
même Dubois cofonde – et en deviendra le président – le Comité
belge de soutien à Jean-Marie Le Pen. Ses autres membres-fondateurs
sont tous à l'époque des dirigeants du FN rénové : Charles Pire,
Jean-Pierre Borbousse, Patrick Sessler et Georges-Pierre Tonnelier.
L'avocat Ghislain Dubois est aussi un intime, depuis plus de dix ans
déjà, de Bruno Gollnisch. Fidèle bras droit de Jean-Marie Le Pen,
celui-ci est le numéro deux de sa formation et également le chef de
file de ses nostalgiques. Gollnisch est effectivement connu pour son
soutien affiché aux négationnistes et pour ses affinités
idéologiques avec l'OEuvre française, le plus vieux mouvement
d'extrême droite regroupant les derniers fanatiques du Maréchal
Pétain, de Léon Degrelle (devenu après la Guerre 40-45 un modèle
politique pour les radicaux de l'extrême droite européenne) et
d'autres antisémites de la pire espèce. Comme nous le rappelions,
en décembre 2008.
En septembre 2008, lors d'un colloque de l'Institut du Pays Libre qui se tient au Centre Charlier à Paris, Ghislain Dubois est présenté comme étant le vice-président en Belgique des comités Chrétienté-Solidarité. Fondés en 1982 par ce même « centre » d'obédience « national-catholique », ceux-ci sont conduits par le frontiste Bernard Antony, déjà cité plus haut dans notre présent article pour ses liens avec la députée européenne FN dont Dubois est devenu depuis l'assistant. Le monde de la droite ultra est, pour finir, très restreint.

Sans
complexe, Ghislain Dubois affiche sur Internet ses liens avec Bruno
Gollnisch, le leader des purs et durs du FN français.
Le
13 novembre 2010, l'avocat belge participe activement à la « Fête
des patriotes », organisée à Villepreux,
par l'association « les Amis de Bruno Gollnisch ». Il
figure, comme orateur, au programme de son forum « Quel avenir
pour les droites nationales en Europe », avec deux députés
européens, l'un du Mouvement
pour une meilleure Hongrie (Jobbik), l'autre du FPÖ autrichien, mais
encore le vice-président du Parti national rénovateur portugais
(droite radicale nationaliste) et le secrétaire général du
Mouvement social-Flamme tricolore (MS-FT), un des pseudopodes du
Mouvement social italien (MSI), issu du Parti national fasciste de
Benito Mussolini.
Les participations actives de Ghislain Dubois en faveur du FN français et de sa sphère d'influence seraient-elles juste des « erreurs de jeunesse » et aujourd'hui, derrière lui ? Le 15 juin dernier, le même Dubois est une énième fois intervenu, comme orateur, pour le compte du FN français, aux « Journées d'amitiés politiques et patriotiques » organisées par sa fédération lilloise.
Les participations actives de Ghislain Dubois en faveur du FN français et de sa sphère d'influence seraient-elles juste des « erreurs de jeunesse » et aujourd'hui, derrière lui ? Le 15 juin dernier, le même Dubois est une énième fois intervenu, comme orateur, pour le compte du FN français, aux « Journées d'amitiés politiques et patriotiques » organisées par sa fédération lilloise.
Force
est donc de constater que sa carrière d'avocat se double d'un
enrôlement politique clair et précis, certes discret, au sein de la
droite la plus extrême. Et ceci depuis plus de vingt-cinq ans.
Malgré tout, l'homme est aussi devenu une cible au sein même de sa
famille politique : il est l'objet de plusieurs menaces et de
nombreuses plaintes judiciaires ont été déposées contre lui par
d'ex-camarades du Front national belge. Ce qui n'est pas de tout
repos.

L'avocat
liégeois Ghislain Dubois à la tribune d'une réunion publique
récente du Front national français – Photo DR.
Le retour du « FN » en Belgique en 2017 ?
La
promotion de Ghislain Dubois au rang d'assistant parlementaire
européen pour le compte du FN français n'est pas uniquement celle
de l'avocat belge de Marine Le Pen. Elle est aussi celle d'un
véritable homme de l'ombre du frontisme national dans notre pays.
Hypothèse : il pourrait dès lors, le moment (re)venu, être en
charge de la remise sur pied d'une succursale locale du parti de
Marine Le Pen, dont la popularité à Bruxelles et en Wallonie existe
réellement.
L'extrême
droite francophone – en alliance pourquoi pas avec le Parti
populaire –
pourrait, si elle arrive à se restructurer sur de bonnes bases,
réapparaitre aux élections communales de 2018. La carrière
politique de Ghislain Dubois n'est peut-être dès lors pas finie.
MANUEL
ABRAMOWICZ